Pour le Dr Serge Goffinet, président du réseau burn-out (Réseau multidisciplinaire de surveillance et de prévention des souffrances au travail – RPSPST), on ne peut pas parler de syndrome saisonnier du burn-out, pour plusieurs raisons.
Incapacité de moyenne ou longue durée : mode d’emploi
Un problème de diagnostic
Le Dr Goffinet, psychiatre, explique qu’il n’existe pas de consensus parmi les médecins – psychiatres et médecins généralistes – sur le diagnostic du burn-out. Donc, “il existe un facteur qui se chevauche avec la dépression et qui est très important. ».
Selon lui, il existe aussi des « formes mixtes » : «Des personnes qui sont en burn-out mais qui répondent aussi à plusieurs critères de dépression, donc c’est très difficile de faire la différence. D’où l’importance de faire appel à un spécialiste. . Cependant, la majorité des personnes souffrant d’épuisement professionnel ne présentent pas bon nombre des symptômes caractéristiques de la dépression (par exemple des idées suicidaires) mais sont véritablement un épuisement professionnel d’origine professionnelle.“
Le burn-out provoque des lésions cérébrales
Un rapport difficile avec la saison
Même pour une maladie psychiatrique appelée « trouble affectif saisonnier », le lien est difficile à établir. “le célèbre dépression hivernaleque l’on connaît mieux dans l’hémisphère nord, on voit différentes manifestations en Norvège ou en Belgique… Et cela n’existe pas, par exemple, en Floride. Il y a des corrélations qui sont suspectes, c’est à dire qu’on peut effectivement dire qu’il y a un manque de lumière en jeu, mais on n’est pas sûr à 100% que ce soit la cause principale.“
Quelle est la saison la plus déprimante de l’année ?
D’autres facteurs entrent en jeu dans la dépression émotionnelle saisonnière, selon le Dr Goffinet : «Il faut tenir compte de l’âge des patients, de la latitude et du degré d’éclairage.« Il y a plusieurs facteurs, en général, qui, en psychiatrie, influencent certains troubles.
De plus, les cycles ne sont pas toujours liés à des facteurs exogènes. “Par exemple, le bipolaire ont des cycles, souvent au printemps et à l’automne. Mais ces cycles sont au contraire liés au milieu interne, c’est à dire qu’il s’agit de cycles biologiques endogènes, c’est à dire que c’est dû au fonctionnement annuel de leur organisme..»
La notion de « lieu de contrôle externe »
Pour expliquer la troisième raison pour laquelle le burn-out n’est pas un syndrome saisonnier, le Dr Goffinet prend cet exemple : «Quand tu demandes à quelqu’un : ‘Pourquoi es-tu de mauvaise humeur aujourd’hui ?’Certains disent : je n’ai pas bien dormi, j’ai de mauvaises nouvelles, et puis il y a ceux qui te disent‘il fait gris dehors.’
Selon le psychiatre, «Il y a cette tendance psychologique, en réalité chez les êtres humains occidentaux, à attribuer les facteurs de leur état interne, soit à une expérience interne, soit à une expérience externe..»
Il croit cela en disant : «Ma dépression, mon burn-out, mon anxiété sont dus au ciel gris, ou au contraire, ma bonne humeur est due à la douceur de la température.e”, est une manière attributive.
“C’est ce qu’on appelle la théorie de l’attribution, c’est une théorie cognitive qui consiste à dire soit que son état interne, son état d’esprit, son état psychologique est dû à un facteur interne ou externe..»
Les facteurs du burn-out sont complexes
“Le facteur d’épuisement professionnel est toujours une interaction complexe entre les données de l’individu et le système des personnes au travail.explique le Dr. Goffinet. Il ajoute. “Il existe deux autres facteurs qui sont l’environnement, c’est-à-dire l’ambiance de travail et le cadre sociologique général.“
La durée du syndrome varie également considérablement. Les chiffres cités dans cet article concernent des personnes malades depuis un an. La durée est aussi liée à d’autres facteurs que le syndrome de burn-out, pense le Dr Goffinet : « Ccertains travailleurs ont très peur C4 médicalqui peut survenir après 9 mois de maladie, d’autres ont un employeur qui leur dit : « Prendre le temps de récupérer, de se remettre en forme. »
Il existe ensuite des formes de burn-out liées au harcèlement moral, qu’il vienne d’un collègue ou d’un supérieur. “Bien sûr, si le collègue quitte le service, cela change le profil et la durée.”
Burn-out : 14% des entrées en handicap en 2020 et 18% en 2023
Au-delà de la question de la période de l’année la plus propice au burn-out, les chiffres de l’INAMI montrent une progression constante des chiffres du handicap dû au burn-out : chez les salariés, on passe de 14% en 2020 à 18% en 2023, voire dépassant l’incapacité due à la dépression, qui reste constante, à 17 %, chaque année depuis 2020).
“La seule chose que nous savons, c’est que ce qui est sûr, c’est que l’épuisement professionnel chez les salariés et les indépendants continue d’augmenter et que cela continue d’être une pandémie.“, a commenté le Dr. Goffinet.
Le monde politique a investi beaucoup d’argent dans la santé mentale depuis le Covid, mais le monde du travail a un rôle essentiel à jouer pour éviter l’hécatombe.