La Réunion, territoire ressource pour la reconstruction de Mayotte après le passage du cyclone Chido. Les acteurs du BTP appelés à mettre leurs compétences à Mayotte au service de la reconstruction de l’île. Une opportunité, peut-être, pour ce secteur sous pression. Encore faut-il encadrer l’activité pour protéger les entreprises réunionnaises.
Reconstruire Mayotte avec l’aide des entreprises du BTP réunionnaises : un projet politique ambitieux qui apparaît comme une aubaine pour le secteur du BTP, longtemps inerte, et notamment pour le président de la fédération du BTP réunionnais Anthony Lebon : « Selon le diagnostic actuellement réalisé par les acteurs mahorais […] L’important à nos yeux est une action concertée et organisée permettant d’intervenir dans de bonnes conditions pour les entreprises et les travailleurs, répondant efficacement aux besoins de Mayotte.
Un enthousiasme accompagné par la Chambre des métiers, qui précise qu’au-delà de l’investissement financier, il faudra mettre en place un cadre pour accompagner significativement les professionnels du secteur.
« Les besoins sont dans les matériaux : tôle, bois mais aussi dans la mise en œuvre. Il y a un vrai problème de sécurité car la plupart des toits ont disparu, les employés doivent travailler en hauteur, donc il y a un vrai problème à ce sujet. Il faut les accompagner, d’abord pour avoir le bon matériel mais aussi les bons outils et en même temps la formation. Il est important de former les salariés pour qu’ils puissent reconstruire durablement. »estime Bernard Picardo, président de la Chambre des métiers et de l’artisanat de La Réunion.
Malgré cet engouement généralisé, certains restent sceptiques face à des annonces encore trop vagues et imprécises.
« Nous disons aux gens « allez, on met beaucoup d’argent sur la table, tu vas y toucher ». Mais avant de recevoir le premier centime, ils auront le temps de faire trois fois faillite. S’il n’y a pas d’accompagnement, d’accompagnement de cette population qui ne connaît pas le système mahorais avec ses lenteurs, ses difficultés de paiement, comment veut-on emmener quelqu’un en difficulté dans un pays qui a lui-même des difficultés ? Où risque-t-il de souffrir pour voir de l’argent ? Nous sommes des entreprises sérieuses à Mayotte, voire mahoraises, avec du personnel formidable. Il faut passer par ce réseau pour accueillir les Réunionnais, pour les mettre en charge. Dans le cadre du recrutement, logement, eau, électricité. Ne serait-ce que pour prendre la barge, les ramener chez eux pour leur donner confiance et pour que ces gens puissent rester. Mais dire du jour au lendemain, qu’il soit ministre, qu’on peut venir à Mayotte et faire un peu ce qu’on veut, je n’y crois pas du tout.»confie Guyto Narayanin, président général du groupe Hold-Invest basé à Mayotte.
Pour l’heure, des réponses sont encore attendues concernant le transport des entreprises réunionnaises vers Mayotte, les coûts engagés et les délais de paiement.