Dans le Calvados, un homme retrouve une photo de lui bébé, 80 ans plus tard !

Dans le Calvados, un homme retrouve une photo de lui bébé, 80 ans plus tard !
Dans le Calvados, un homme retrouve une photo de lui bébé, 80 ans plus tard !

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Falaise Éditorial

Publié le

4 janvier 2025 à 20h06

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Jean Rolland vit avec son épouse Janine dans une jolie maison à Quartier Guibrayà Falaise. Il a accepté de raconter une belle histoire. Celle d’une photo prise par les Canadiens lors des bombardements de Falaise en août 1944.

Entre ses mains, une photographie ancienne, certes de mauvaise qualité compte tenu des années passées, mais on voit bien dans celle-ci des réfugiés venus se protéger dans l’église Sainte-Trinité, parmi les décombres jonchant le sol, des chaises parfois renversées.

Et parmi tous ces gens, adultes et enfants, on voit une femme assise sur une chaise, près d’un pilier de l’église, en train d’allaiter son enfant. « Cet enfant dans les bras de sa mère, c’est moi », annonce Jean Rolland avec émotion.

» Sur cette photo, j’ai environ 10 mois. Je suis né le 20 octobre 1943. » Aujourd’hui, à 81 ans, il dévoile son émotion devant cette vieille photo.

La nuit du 17 août 1944

Jean a souvent entendu cette histoire racontée par sa mère, Paulette Rolland, née à Hué. » La mère en parlait tout le temps. » Ses parents, Paulette et Étienne, âgés respectivement de 17 et 24 ans en 1944, étaient agriculteurs sur la route de Livarot, la route qui mène à Eraines.

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» C’était une toute petite ferme avec 2 ou 3 vaches sur 3 ou 4 hectares. » La bataille de Normandie débute sur la côte en juin mais, en août, les bombardements se concentrent autour de la poche Falaise/Chambois. Dans la journée du 16 août 1944, les évacuations des habitants de Falaise commencent. Ils sont nombreux à partir vers les petites villes environnantes.

» Mon père et mon grand-père Paul, qui travaillait au chemin de fer à la gare de Falaise, sont partis dans un des camions mais sans ma mère et ma grand-mère paternelle Marie, restées sur place. Ils se sont retrouvés séparés… Ceux qui sont restés, environ 300 personnes, ont été hébergés dans l’église Sainte-Trinité, pensant qu’elle serait épargnée. »

Jean raconte que « parmi les réfugiés, il y en avait qui voulaient quitter l’église mais ils ont été tués ce jour-là. » La plupart n’avaient déjà plus de logement dans une ville détruite à plus de 85 % par les combats. Cette nuit d’août, l’église a été prise pour cible par des aviateurs allemands, utilisant une puissance de feu importante pour détruire le bâtiment. Des vitraux ont explosé, l’orgue a été incendié, le clocher s’est effondré, arrachant la voûte du chœur. Mais le navire retient et protège les Falaisiens.

Une vie bien remplie

Dans l’église, il y avait Paulette avec le petit Jean, mais aussi sa belle-mère Marie. » La nuit du 17 août a été très longue, la peur s’est fait sentir… Le lendemain, les deux femmes retrouvent le père et le grand-père.

L’histoire de Paulette et de son bébé miraculeusement épargnés par les attentats de l’église de la Trinité à Falaise. ©Les Nouvelles de Falaise

» Les souvenirs de Jean sont assez précis. Une anecdote me vient alors à l’esprit.

Ma grand-mère avait pris l’argent qu’elle avait sur elle dans la caisse qui me servait de berceau. Mais quand il fallait sortir, ma mère me prenait dans ses bras, sans la cage. Et l’argent est resté dans l’église. Ma mère n’a jamais voulu revenir les chercher.

Jean Rolland.

La vie reprend son cours et la famille retourne à la ferme. Paulette a une vie très chargée avec Étienne, entre travailler à la ferme, traire les vaches, vendre des légumes au marché ou encore distribuer des bidons de lait à Falaise en faisant du porte à porte en 2CV, sans oublier bien sûr, l’éducation de ses enfants. .

Jean sera l’aîné des 9 enfants de la maison Rolland. Il devient boucher à Pont-d’Ouilly chez Janine puis à Caen. Ils seront les heureux parents de deux enfants, une fille et un garçon et grands-parents de trois petits-enfants.

La photo

Paulette a fermé les yeux le 27 janvier 2024, à l’âge de 98 ans dans un EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes dépendantes) à Caen.

Détail de la photo montrant Paulette allaitant son bébé. ©DR

» Elle avait toujours ses esprits et se souvenait de tout. Elle parlait souvent de la guerre, contrairement à mon père qui n’en parlait pas. » Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Lors d’une messe cet été pour Paulette, Jean se rend à l’église Sainte-Trinité. « Je n’y suis jamais allé puisque mon église est celle de Guibray », précise ce dernier. » Et là, je tombe sur « la » photo dont ma mère me parlait si souvent, présentée lors de l’exposition des Journées du Patrimoine. ”

Agréable surprise, qui rappelle tant de souvenirs à Jean.

J’ai tout de suite reconnu la maman, et moi dans ses bras… Je n’avais jamais vu cette photo.

Jean Rolland.

Ce jour-là, Jean laisse un petit mot sur la photo en guise de clin d’oeil. » Je suis le bébé sur la photo. ”

Un appel est lancé

Katia Guyomard, president of the Falaise Patrimoine association, remembers this moment.

Nous avons découvert sur le cadre de la photo des réfugiés dans l’église de la Trinité une carte de visite signée Jean Rolland disant qu’il était le bébé au sein de sa mère apparaissant sur la photo. Mais sans ses coordonnées.

Katia Guyomard.

Elle a alors lancé un appel sur la page Facebook de « Si Falaise m’était conté », pour retrouver la trace de ce monsieur. Quelques jours plus tard, elle est contactée par la nièce de Jean, Valérie, puis par son jeune frère Loïc, qui voit l’appel et lui donne l’adresse à Guibray.

» Je suis allé le voir, il m’a raconté son histoire et je suis revenu le voir après le démontage de l’exposition pour lui remettre le tirage de la célèbre photo ! » Pour Jean, il a fallu attendre 80 ans pour voir cette photo de ses propres yeux mais, aujourd’hui, il est fier de la trace de sa petite histoire dans la grande Histoire. Il éprouve des regrets :

C’est le premier Noël passé sans maman. Elle aurait été tellement heureuse de voir cette photo qui confirme tout ce qu’elle nous a dit toutes ces années.

Jean Rolland.

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