Alors que François Bayrou a pris ses fonctions de Premier ministre mi-décembre, Philippe Dupouy lui a adressé les factures 2024 impayées du Conseil départemental du Gers, dont il est président. Une manière pour les élus d’alerter sur les dettes de l’Etat.
« Régularisation de votre situation vis-à-vis des Gers, des Gersoises et des Gersois », voici le titre de la facture adressée au gouvernement. Philippe Dupouy, président du Conseil départemental du Gers, a adressé une lettre forte au nouveau Premier ministre François Bayrou, et au président de la République, Emmanuel Macron, accompagnée d’une facture symbolique détaillant les 43,1 millions d’euros que l’État doit au Département. pour l’année 2024. Une démarche dénonçant une situation financière critique qui affecte les politiques publiques locales.
Gers calls on François Bayrou
Dans sa lettre, Philippe Dupouy explique : « Nous avons calculé cette dette que l’État doit au Gers pour la seule année 2024. Par cette action symbolique, il s’agit d’alerter, de frapper les esprits sur l’ampleur de l’injustice faite à Gers. Depuis 2004, l’État a en effet transféré des compétences sociales vers les départements dont les coûts ne sont plus intégralement compensés. Pour le Gers, cette sous-compensation atteint précisément 43,1 millions d’euros en 2024. »
Cette somme représente des charges sociales sous-indemnisées, notamment lié au RSA, à l’APA et au PCH, ainsi qu’aux mesures imposées par l’État, comme la revalorisation du point d’indice ou les primes du Ségur. Ce manque à gagner équivaut à cinq fois le budget annuel de rénovation des routes départementales.
Philippe Dupouy appelle ainsi le nouveau Premier ministre à se saisir du dossier : « Pour se reposer [les collectivités locales] une part disproportionnée de la dette nationale compromettrait irrémédiablement cet idéal [de décentralisation] et affaiblirait définitivement l’édifice républicain que nous avons bâti. » Il a ensuite demandé à François Bayrou de veiller à ce que les départements, et notamment le Gers, ne soient pas victimes d’arbitrages budgétaires nationaux.
Un projet de loi pour marquer les esprits
Le président du Gers accompagne son alerte d’une facture détaillée adressée à François Bayrou et Emmanuel Macron. Il identifie les positions sous-financées, notamment :
- RSA : 15,3 millions d’euros
- APA: 14.3 million euros
- PCH : 7,8 millions d’euros
- Mesures imposées par l’État : 4,7 millions d’euros
Philippe Dupouy insiste sur la gravité de la situation : « La situation est profondément injuste et totalement déconnectée de la réalité des territoires. Les départements, comme celui du Gers, n’ont plus la capacité de lever des impôts. Nous dépendons entièrement du financement de l’État, qui n’a pas changé depuis plus de dix ans. »
Le président conclut en soulignant l’impact potentiel des décisions budgétaires : « Si le projet de loi de finances 2025, dont vous avez désormais la responsabilité, reproduisait les orientations de son prédécesseur, il signerait l’arrêt de mort de nombreuses initiatives essentielles menées par les départements ruraux. »