Haute-Loire. Il y a 60 ans, deux avions à réaction s’écrasaient sur les pentes du Mézenc

Haute-Loire. Il y a 60 ans, deux avions à réaction s’écrasaient sur les pentes du Mézenc
Haute-Loire. Il y a 60 ans, deux avions à réaction s’écrasaient sur les pentes du Mézenc

Au matin du vendredi 1er janvier 1965, la Une de La Tribune – Le Progrès rapporte le drame et parle d’une « collision hallucinatoire dans le ciel de Haute-Loire ». Archives photographiques La Tribune – Le Progrès


« Collision hallucinante dans le ciel de Haute-Loire ». C’est le titre qui fait la Une de La Tribune – Progrèsdans la matinée du vendredi 1er janvier 1965. La veille, la dernière journée de 1964 s’ouvrait par une véritable tragédie aérienne qui frappait le massif du Mézenc, sur le toit de la Haute-Loire.

« Il était vers 9 heures lorsque M. Pierre Defay, qui se trouvait à proximité de sa ferme, isolée sur les pentes enneigées du Mézenc, a eu son attention attirée par trois avions de chasse à réaction qui effectuaient un exercice. Ils se déplaçaient à grande vitesse au-dessus des prairies et des bois recouverts d’une épaisse couche de neige», raconte notre journaliste Jean Chervalier, chargé de l’information ce jour-là. « Soudain, deux des chasseurs, qui se croisaient, sont entrés en collision avec une violence inouïe. »

Les deux pilotes découverts attachés à leur siège

Le choc fut terrible, embrasant le ciel au-dessus de Mézenc et de L’Alambre. « Les deux avions, impuissants, ont plongé vers le sol. L’un d’entre eux s’est écrasé sur le plateau de La Croix-de-Peccata, au-dessus des Estables. Le deuxième avion est tombé dans les bois à quelque 200 mètres du premier, sur le versant de Chaudeyrolles.

Sur les lieux du double crash, un spectacle terrifiant attend les premiers témoins de l’accident. A La Croix-de-Peccata, là où le premier avion est tombé, un cratère de 15 mètres s’est ouvert. L’avion s’est littéralement brisé, « dispersant ses débris sur des centaines de mètres à la ronde ». Le deuxième avion, quant à lui, a pris feu après avoir arraché des sapins. “L’incendie était visible depuis Saint-Front, à 15 kilomètres de là, et seule la neige épaisse a empêché l’embrasement de la forêt.”

Pour les deux pilotes, le lieutenant Jacques Albert et le sergent-chef Guy Flamant, il est déjà trop tard. “Ils ont été retrouvés attachés à leur siège, à plusieurs dizaines de mètres de l’endroit où leur avion s’était écrasé.”

Départ d’Allemagne pour la Tunisie

Les avions tombés le soir du Nouvel An 1964 sur le Mézenc étaient des Super Sabre F-100 des forces françaises de l’OTAN. Ces avions sont connus pour être les premières générations de chasseurs supersoniques américains, capables de voler à près de 1 400 km/h.

Ils avaient décollé de la base militaire de Lahr, dans l’ouest de l’Allemagne (région de Baden) et devaient se diriger vers le sud de la Tunisie pour des tirs d’entraînement.

Depuis plusieurs décennies, les noms des deux militaires tués sur les pentes du Mézenc étaient visibles sur une stèle de la ville d’Augny (Moselle) rappelant tous les pilotes morts en service aérien commandé sur le Super Sabre F-100.

Dantesque conditions

Dans cette partie de la Haute-Loire, prisonnière de l’hiver, l’alerte doit être lancée immédiatement. A Chaudeyrolles, le téléphone est chez le maire, à la ferme de Chantemerle. L’élu prévient immédiatement la police. Mais déjà, à plusieurs centaines de kilomètres de là, dans la vallée du Rhône, nous sommes informés de la catastrophe : le pilote du troisième avion, témoin du drame, vient de ramener son avion à la base aérienne d’Orange et explique ce qui vient de se passer.

Alors qu’un hélicoptère de l’armée se rendait sur place pour récupérer les restes des deux pilotes, au sol, l’intervention d’urgence s’est déroulée dans des conditions désastreuses. « L’intervention des pompiers et de la police a été sérieusement gênée par la couche de neige dépassant les 50 centimètres et les violentes rafales qui l’ont soulevée. Le chasse-neige lui-même, qui ouvrait la voie au camion de pompiers, a dû abandonner la partie, et c’est à pied que les sauveteurs ont pu rejoindre, au prix de bien des difficultés, le lieu du sinistre. Quelques jours plus tard, un hélicoptère Sikorsky, mobilisé pour transporter une commission d’enquête sur place, se retrouve même cloué au sol par la tempête et ne peut plus décoller…

L’un des drames les plus marquants du Triangle de Burle

Des difficultés qui n’empêchent cependant pas les badauds d’affluer. Au point de nécessiter la mise en place d’un service de sécurité et de devoir mobiliser les troupes du 86e régiment d’infanterie du Puy-en-Velay pour interpeller les curieux et figer les lieux du crash. Il faut dire que les avions, deux Super Sabre F-100, étaient armés d’obus de 20 mm et de balles de mitrailleuse.

Cette catastrophe du 31 décembre 1964 reste, avec les crashs de Jaujac et Mézilhac, l’une des tragédies les plus marquantes du désastreux Triangle de Burle. Sur le toit du département, l’année 1964 se termine dans la tristesse. Alors que dans les chaumières on s’apprête à fêter la nouvelle année, “le silencieux d’un des pilotes, accroché à La Croix-de-Peccata par un des militaires de l’hélicoptère venu récupérer les corps, flotte dans le vent du Mézenc”. . C’est la norme du deuil et du souvenir.

 
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