un fardeau pour Vladimir Poutine ?

un fardeau pour Vladimir Poutine ?
un fardeau pour Vladimir Poutine ?

Depuis la chute du régime alaouite à Damas, Bachar al-Assad a trouvé refuge à Moscou auprès de son allié historique, Vladimir Poutine. Il s’est récemment exprimé pour la première fois en Russie, affirmant que sa fuite le 8 décembre de Syrie n’avait pas été préméditée mais que les conditions n’y étaient plus réunies pour maintenir son pouvoir. De quel acte. Tout est-il rose désormais à Moscou ? Pas si sûr.

En effet, les choses auraient pu très mal finir pour lui, quand on se souvient des images des dirigeants déchus du monde arabe lors des fameux « printemps » de la décennie précédente. Il suffit de rappeler le sort réservé à Mouammar Kadhafi à Syrte le 20 octobre 2011, lynché publiquement à mort. Dans ce type de renversement, la haine est telle parmi les opposants que le symbole d’une exécution publique a toujours un impact énorme sur les consciences et sert souvent de rite de purification.

Il y a fort à parier que Bachar al-Assad n’y aurait pas réussi, malgré les tentatives de HTC pour adoucir son image et paraître plus civilisé que les jihadistes « mainstream » aux yeux des Occidentaux, afin de les rassurer sur l’avenir proche de la guerre. pays. 24 années de pouvoir autoritaire, incontesté et incontesté sur le pays laisseront des cicatrices pour longtemps. A Qardaha, le 11 décembre, trois jours après la chute du régime, on pouvait voir défiler en boucle les images de la tombe profanée de son père, Hafez al-Assad, son cercueil en feu entouré des combattants islamistes du HTC. Le mausolée familial de cette ville natale de la famille a été symboliquement détruit pour mettre fin à 54 ans de tyrannie alaouite.

Une épine dans le pied de Poutine

Il faut dire que Bachar al-Assad commençait à représenter une épine dans le pied pour Vladimir Poutine, bien trop occupé par le conflit ukrainien et exaspéré depuis longtemps par le fait que son allié syrien ne parvienne pas à rétablir seul son pouvoir après la fin de la guerre civile, sans dépendre des forces russes. C’est aussi pourquoi Vladimir Poutine n’a rien fait, comme l’Iran, pour sauver une fois de plus sa place en Syrie. En revanche, il lui accorda l’asile en guise de lot de consolation. A condition que cela ne le handicape pas davantage.

Cependant, la Russie a beaucoup perdu avec la fin de ce régime et n’a pas tardé à dénoncer la prise du pays par des « terroristes » islamistes. Moscou entretient des relations de longue date avec Damas et y a investi massivement. Tartous, sa base militaire, est son seul point d’ancrage en Méditerranée, et la question de son maintien se pose désormais plus que jamais. Il en est de même pour le port de Lattaquié comme pour la station d’écoute de Tel Al-Hara, à Daraa, qui a permis à Moscou de couvrir en termes de surveillance une immense zone s’étendant de la Turquie à l’Afghanistan.

Les premiers émois

Une information peu relayée par les médias occidentaux, et qui reste néanmoins à prendre avec précaution : on dit déjà que tout ne serait pas rose pour Bachar al-Assad dans sa nouvelle ville de vacances. Sa femme et ses enfants le suivaient, mais Asma ne profitait guère de la vie à Moscou. N’étant là que depuis trois semaines, ce citoyen syrien et britannique (né au Royaume-Uni) a déjà demandé le divorce et l’exil au Royaume-Uni.

Si le pays était sous sanctions occidentales, cela concerne aussi ses anciens dirigeants. Propriétaire de dizaines d’appartements, la famille Assad serait à la tête d’une fortune estimée entre 12 et 16 milliards de dollars. Une grande partie a été transférée en Russie il y a longtemps. Une manière aussi pour Moscou de garder le contrôle de son ancien allié ? On sait que la famille Assad a détourné des millions du pays, au point que certains parleraient même de richesses estimées à 400 milliards de dollars. La chasse au trésor est déjà ouverte en Syrie, mais entre paradis offshore et pays amis, il y a fort à parier qu’il ne reste déjà plus grand chose dans le pays.

L’histoire a montré que ces « réfugiés » politiques se font tout petits dans leur pays d’accueil.

En tout cas, à ce jour, il semble assez irréaliste de voir Asma al-Assad atterrir tranquillement à Londres pour vivre la grande vie à Mayfair ou à Chelsea. Pour son mari, la question ne se pose même pas. Soucieux d’éviter des scandales avec un ex-dirigeant paria qui risque de plus en plus de poser un problème à Poutine, le Kremlin a démenti ce qu’il qualifie de rumeurs infondées. Comme Zine el Abidine Ben Ali, alors réfugié en Arabie Saoudite, tout comme Hosni Moubarak, Assad pourrait finir ses jours en Russie. L’histoire a montré que ces « réfugiés » politiques se font petits dans leur pays d’accueil pour ne pas nuire à leur hôte. Bachar al-Assad devra faire de même avec toute sa famille s’il ne veut pas connaître un malheureux accident auquel il a échappé à Damas. Quoi qu’il en soit, Moscou contrôle probablement déjà ses comptes et ses actifs.


* Docteur en sciences politiques, chercheur en monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales à l’IHECS (Bruxelles), associé au CNAM Paris (Defense Security Team), à l’Institut d’études géopolitiques appliquées (IEGA Paris), au Nordic Center for Conflict Transformation (NCCT Stockholm) et Observatoire Géostratégique de Genève (Suisse).

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Plusieurs régions du Québec ciblées par un avertissement de smog
NEXT Hausse des braquages ​​sous la menace d’une arme à Grenoble