UNAvant, on disait : « Après la salle Soferti, à gauche. » Maintenant on dit : « Vous voyez la station UCPA Sport ? Eh bien, juste après. » Le complexe sportif est devenu le totem du nouveau quartier Brazza au débouché du pont Chaban sur la rive droite. A l’arrière, près de Cenon, la halle Soferti, symbole de l’industrie historique, n’existe plus. Démantelé en 2022, quelques mois après la cession par la Ville des 3,3 ha de friches au groupe Cardinal, il a laissé place à un quartier du quartier dont les premiers éléments seront mis en service en 2025.
Premier programme, livré au troisième semestre selon son constructeur Legendre : un parking silo de 454 places pour 5,6 millions d’euros, conçu par le cabinet bordelais King Kong. Il comprendra un forum événementiel de 1 200 mètres carrés au rez-de-chaussée. «Cet espace pourra accueillir des expositions, des marchés ou des réunions d’associations», indique Sylvain Piel, directeur régional du Cardinal. Sa gestion pourrait être confiée à la salle culturelle-restauration prévue sur 3 000 mètres carrés juste en face. Celui-ci également signé King Kong, mélange d’espaces culturels, food court et deux niveaux de coworking, est toujours à la recherche d’un opérateur.
Logements gratuits, sociaux et étudiants
Attendent également les investisseurs, les 6 349 m² du bâtiment tertiaire signé Nadau Architecture. « Le marché des bureaux est calme », euphémise Sylvain Piel. Plus assurée, l’ouverture en septembre 2026 de l’hôtel MOB, troisième du nom après Lyon et Saint-Ouen. Encore King Kong aux commandes de ces 124 chambres au concept cher à Cyril Aouizerate qui développe « le travail des artisans locaux, la culture, l’agriculture, l’écologie sociale et l’échange citoyen » sur 6 000 mètres carrés. Une partie du bois retiré de la charpente de la halle Soferti sera réutilisée pour celle de l’hôtel : 300 des 900 mètres cubes, encore stockés et soignés au sein de l’entreprise Fourcade à Soulom (65).
Juste après le parking du silo cet été, les premiers emménagements devraient avoir lieu à la rentrée 2025. Dans les 140 logements répartis dans les trois bâtiments en accès libre (toujours signés King Kong et à 3 500 euros/m²) à l’arrière du futur hôtel, autour d’un jardin de 2 800 mètres carrés. Dans l’immeuble voisin, le bailleur Domofrance propose, conçus par le Marseillais Rémy Marciano, 101 logements locatifs sociaux et 104 logements étudiants. Au pied de ces deux complexes, grand local d’activité artisanale (300 mètres carrés) toujours en cours de commercialisation.
« Un endroit où nous vivons, dormons, jouons, nous détendons ou travaillons »
Ce volet logement sera complété par 22 maisons individuelles signées par les agences Rodde Arragues et Françoise N’Thépé. «Nous avions prévu le bois comme matériau principal mais il s’avère que les produits sont trop chers à vendre», explique Sylvain Piel. « Avec l’accord de Bordeaux Métropole [pilote de l’aménagement des 53 hectares de Brazza, NDLR]on s’oriente vers des constructions plus traditionnelles mais frugales, avec des blocs d’argile et des matériaux biosourcés. » Le permis modificatif sera déposé début 2025 pour être délivré deux ans plus tard.
Maisons modifiées
Cardinal envisage ainsi son nouveau quartier de 850 habitants, « un endroit où l’on vit, dort, va s’amuser, se détendre ou travailler », résume le directeur régional de Cardinal. Le site Cardinal accueille depuis deux ans une étape du Festival des Arts de Bordeaux (FAB). Voisine de l’UCPA, mais aussi du nouveau groupe scolaire Elsa-Triolet (avec crèche et centre d’animation), une opération estimée en 2022 à 140 millions d’euros là où les commerces de proximité ne sont pas… Mais le promoteur évoque les magasins ouverts ou en cours d’ouverture. à proximité, dont un Intermarché relevant de l’UCPA, ce mois-ci.
Que faire des sols pollués ?
Comme la majeure partie de la plaine de la rive droite, l’îlot Cardinal est un site pollué par un siècle d’activités industrielles. Soferti a produit massivement des engrais et de l’acide sulfurique, laissant un sous-sol criblé de phosphates, d’acides issus de produits pétroliers et de métaux lourds. Après une modification de l’arrêté préfectoral de juillet 2018 qui n’autorisait que l’activité industrielle, artisanale, commerciale et tertiaire, un logement ou une école étaient autorisés, sous réserve d’une dépollution par extraction ou isolation. « Une partie de ses terrains a été envoyée dans des décharges classées, l’autre est encapsulée sous des bâtiments », indique Sylvain Piel. « Les espaces verts en pleine terre (bosquets d’arbres par exemple) seront clôturés. Dans les jardins accessibles, une couche de terre saine sera placée, séparée par une géomembrane empêchant tout transfert. » L’utilisation des terres pour la culture de potagers reste interdite.