Au nord de Toulon, la résidence sociale Les Favières est en pleine nature. Cette ancienne clinique désaffectée, rachetée en 2014 par le diocèse de Fréjus-Toulon et gérée par l’Union diaconale du Var (UDV), a été réhabilitée pour accueillir des unités d’hébergement d’urgence (1) du territoire du Samu social de Toulon. Un site de 1 600 m2 où sont hébergées et nourries 49 personnes envoyées par le 115. Des femmes et des hommes issus de la rue ou vivant dans des conditions très précaires.
« Ici, c’est Noël tous les jours »
« L’objectif premier est l’hébergement, puis l’insertion dans un parcours de soins et la recherche d’un emploi », explique Yann Herjean, le directeur de l’établissement. Parmi les pensionnaires de cette auberge solidaire, les profils vont de jeunes tout juste sortis de l’aide sociale à l’enfance, à un public marginalisé. Et aussi « 20 % de demandeurs d’asile », précise David Degéaux, chef de service. Comme ce jeune Tunisien sous OQTF, qui soumet discrètement une demande de régularisation au préfet, un peu comme on envoie une lettre au Père Noël…
« Ici, c’est Noël tous les jours ! Nous accueillons les gens qui ne savent pas où dormir », résume Gilles Rebêche, responsable de la diaconie du Var. Par exemple Jacqueline, arrivée il y a cinq ans. Cette ancienne infirmière souffre de syllogomanie. « Nous l’avons retrouvée parmi des montagnes d’affaires, dans l’un de ses six garages où elle rangeait tout… »
Kévin, 38 ans et bénéficiaire du RSA, vit depuis trois mois avec son chien Noé, pour se rapprocher de ses deux enfants placés dans la région.
Des parcours de vie difficiles. Et des anecdotes parfois cocasses : « On a aussi une résidente qui a failli mettre le feu à sa chambre en allumant des bougies. Elle était très pieuse», ironise un éducateur.
Dignité et fraternité
Quinze femmes trouvèrent refuge au pied du Coudon. Parmi eux, Cathy, qui a subi une chimiothérapie après un cancer du sein et qui a perdu son partenaire. « Cela a été une année très lourde », s’inquiète l’évêque. « Cela ne sert à rien de pleurer sur votre sort », répond l’habitant. Une dignité qui force le respect et l’admiration de Philippe Mahé. Le représentant de l’Etat dans le Var (2) souligne ainsi « la fierté des habitants d’être dans une phase de reconstruction » et ajoute :
« Ce que je retiens de cette visite, c’est ce climat de fraternité, cette solidarité pour que les gens retrouvent l’estime de soi. Nous devons être forts dans nos valeurs et donner une chance à ceux qui n’en ont pas eu. »
«J’adorerais vous embaucher pour faire des homélies!» », acquiesce, taquin, Monseigneur François Touvet. Et l’homme de foi l’assure : « Nous partageons ces mêmes valeurs, que nous essayons de prêcher dans nos églises et à travers nos actions ». Amen.
1. Le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) Les Favières est ouvert 365 jours par an, 24 heures sur 24 et animé par une équipe pluridisciplinaire composée de 20 salariés et bénévoles. La résidence sociale abrite également un Appartement de Coordination Thérapeutique (ACT) pour 4 personnes.
2. L’État finance 90 % des frais annuels de fonctionnement de la structure, qui s’élèvent à 1,7 million d’euros. Soit 39 euros par personne et par jour en pension complète.