Alors qu’il comparaît libre devant le tribunal correctionnel et s’apprête à être condamné à une peine de prison ferme, Mohamed K. a profité de la suspension de l’audience pour prendre la fuite.
L’affaire a tous les allures d’un mauvais thriller : un proxénète marseillais, connu des autorités pour sa propension à fuir et désormais perdu en pleine nature au terme d’une procédure judiciaire prolongée par une “surveillance” du tribunal correctionnel. Autant d’échecs qui ont permis à Mohamed K. de prendre le large avant sa peine de 44 mois de prison, dont 12 avec sursis avec sursis.
Cette fuite, révélée par Provence et confirmé à Figaro de sources concordantes, a provoqué la colère des parties civiles. “C’est une procédure incroyable”souffle Me Laurie Combes, avocat de la victime de Mohamed K., en décrivant les contours de l’affaire. Le 17 décembre, l’homme comparaît devant le tribunal correctionnel de Marseille pour des faits de « proxénétisme aggravé » et des violences accompagnées de menaces contre son ex-compagne qu’il avait rencontrée dans la région nantaise à l’été 2023.
Comme le rapportent nos confrères, ce personnage dangereux a rapidement contraint sa victime à la prostitution en échange d’un “protection” pour elle et sa jeune fille. Un calvaire qui a duré près d’un an et s’est terminé en juin 2024 grâce au dépôt de plainte de la jeune femme et à l’interpellation de son ex-compagnon par la police.
S’évader d’un commissariat
Niant les faits qui lui étaient alors reprochés, Mohamed K. avait même réussi à s’évader du commissariat dans lequel il était détenu en garde à vue avant la confrontation avec sa victime. Arrêté un mois plus tard à Marseille, il a été placé en détention provisoire dans l’attente de son procès immédiat, transféré pour l’occasion dans la cité phocéenne. “Son rapatriement présentant un risque, il a été orienté vers Marseille”confirms Me Laurie Combes.
Mais la procédure, déjà allongée par cette première évasion, s’enlise un peu plus à la fin de l’été lorsque le cas de Mohamed K. est jugé. “perdu” par les magistrats marseillais. De quoi reporter une nouvelle fois l’affaire et libérer provisoirement le prévenu, placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès. “C’était compliqué d’appeler mon client pour lui dire qu’il avait été libéré car son dossier avait été perdu par le tribunal”s’agace l’avocat.
Le grand jour, l’homme s’est donc présenté libre et a profité de la suspension de l’audience avant le délibéré pour quitter le tribunal et s’enfuir sous le nez des juges de la 11ème chambre criminelle B Bis, qui s’apprêtaient à prononcer une peine de prison. de deux ans et demi sur lui. “Il s’est évadé juste avant la fin de l’audience, puisqu’il n’a pas comparu sous contrainte, comme c’est l’usage aux assises”souligne le conseil qui précise qu’un mandat d’arrêt a depuis été émis contre Mohamed K. L’homme était toujours en fuite ce lundi.
Encore une injonction de la justice
Interrogée, son avocate, Me Sabrina Guers, a indiqué au Figaro que son client avait sûrement agi “sous le coup de l’émotion”. « Compte tenu de son profil, un mandat de dépôt différé aurait pu être émis pour qu’il se prépare et se présente spontanément en prison »regrette le conseil, qui précise que son client est de nouveau attendu au tribunal en janvier prochain, cette fois devant le juge de l’application des peines.
Cette énième injonction n’atténuera sûrement pas la propre douleur de sa victime, qui tente désormais de se reconstruire après un an d’épreuve. « Mon client a choisi d’avancer et d’oublier ce qui s’est passé. Elle reste dans sa région et prend sa vie en main avec sa fille de quatre ans.assures Me Laurie Combes.