Une grue rouillée du siècle dernier, un grand hangar, des rails et une gigantesque friche : le terrain connu sous le nom de « Cour de Nice », à Toulon, n’est pas vraiment le genre d’endroit qu’on s’attendrait à trouver au milieu d’un ville de 180 000 habitants. Coincé entre le sud de la voie ferrée et l’avenue Commandant-Marchand, ce site se cherche un avenir depuis plusieurs années. Et il semble qu’il n’ait jamais été aussi près de le trouver.
Récemment, un affichage réglementaire est apparu au pied de la résidence HLM Les Cyprès, le long du célèbre site. Il fait état d’un partage du terrain réalisé par le propriétaire des lieux, SNCF Logistics Immobilier. Objet de l’opération : permettre à la compagnie ferroviaire de vendre une parcelle de son terrain. Ce lot de 1,13 hectares – soit un tiers de la superficie totale – serait dans ce cas « destiné à la construction d’équipements publics ». Lesquels ?
« Fort potentiel foncier »…
Sur le sujet, la mairie de Toulon se montre peu disponible. Mohamed Mahali, l’élu chargé de l’urbanisme, confirme seulement que “les négociations sont toujours en cours” pour la vente de la propriété. L’entreprise d’économie mixte VAD, bras armé des collectivités territoriales en matière d’aménagement urbain, pourrait devenir repreneur pour le compte de la Ville ou de la métropole TPM.
Bureaux, habitations, caserne de pompiers, extension de la clinique Saint-Jean, siège de la Caf… Ces dernières années, de nombreux projets ont été imaginés par la municipalité dans cette « Cour de Nice », où subsistent espaces de stockage et voies de transports. garage pour trains. Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) parle ainsi d’un terrain « fort potentiel foncier ». Avec ses pièges : “C’est une zone enclavée, avec une topographie accidentée et un trafic routier intense.”
…mais « pas d’hébergement » ?
Toujours dans ce document, la municipalité explique qu’elle souhaite « l’implantation d’un espace d’activités tertiaires, de commerce et d’artisanat, ainsi qu’un bâtiment dédié à l’habitation, de type R+2 à R+8 et d’une surface au sol d’environ 35 000m² ».
Tout cela, en particulier, à la place de l’actuel « bâtiments d’activités ». L’une, longtemps dédiée au fret ferroviaire puis louée à une entreprise de déménagement, n’a plus servi depuis cinq ans. Cependant et contrairement à ce qui est mentionné dans le PLU, Mohamed Mahali tient à souligner qu’il existe «pas de projet de logement immédiat ».
Pour imaginer ce que pourrait devenir le lieu, un fin connaisseur du dossier se réfère au programme sur lequel Hubert Falco a été élu en 2020. Dans sa brochure de campagne, l’ancien maire assure que le Tribunal de Nice sera dédié à « réserves muséologiques et archives de la ville de Toulon, de la Métropole et du Département ».
Une piste qui serait toujours d’actualité, selon notre interlocuteur : « Le tunnel passe juste sous le grand hangar. Les communautés ont réalisé qu’on ne peut pas faire de grandes constructions au-dessus ». A deux pas de là, la drôle de silhouette du « groupe de ventilation est », censé évacuer les fumées du tube nord en cas de problème, rappelle que 60 000 véhicules passent ici chaque jour, à quinze mètres sous terre. Une gigantesque friche certes, mais avec ses propres spécificités. Et pas des moindres.