Au Sénégal, une promesse de campagne fait débat – DW – 19/12/2024

Au Sénégal, une promesse de campagne fait débat – DW – 19/12/2024
Au Sénégal, une promesse de campagne fait débat – DW – 19/12/2024

C’est une promesse électorale qui a attisé les débats ces derniers jours au Sénégal : l’abrogation de la loi d’amnistie. Cela a été décidé à la veille de l’élection présidentielle de mars 2024.

Près d’un millier de détenus politiques en avaient bénéficié, dont l’actuel président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko. Tous deux avaient en effet été placés en détention pour appel à l’insurrection, atteinte à la sécurité de l’État et trouble à l’ordre public. Aujourd’hui, la quasi-totalité des victimes des violences politiques, enregistrées entre 2021 et 2024 au Sénégal, seraient favorables à cette abrogation.

« Que les responsabilités soient localisées »

Thierno Amadou Sow est un ancien détenu et militant du Pastef, le parti au pouvoir dans le département de Pikine Nord. Il a été placé en garde à vue pendant cinq jours et placé sous contrôle judiciaire pendant douze mois. La justice l’a alors accusé d’avoir participé à une manifestation non autorisée et d’actes de vandalisme.

C’est à la suite de son placement sous contrôle judiciaire qu’il a perdu son emploi, assure-t-il, précisant que depuis 2023 il n’est plus qu’un simple chômeur. “Cette loi d’amnistie, nous savons tous qu’elle a été prise pour protéger les principaux responsables des exactions enregistrées au Sénégal, de 2021 à 2024. Ce que nous demandons actuellement, c’est que les responsabilités soient localisées.» précise Thierno Amadou Sow.

Il espère donc qu’une abrogation de cette loi pourra désigner notamment des responsables au sein de la police et de la gendarmerie, du fait de la répression de certaines manifestations.

“C’est une promesse de campagne qu’ils ont faite”

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Mis en examen en 2023 pour participation à une manifestation non autorisée, Barra Ernest Dieng a passé huit mois en détention. Contrairement à Thierno Amadou Sow, il a été libéré avant l’entrée en vigueur de la loi d’amnistie. Il demande cependant réparation.

J’ai passé huit mois en détention lors de mon procès. Il n’y avait aucune preuve. Est-ce un crime de se trouver dans un endroit où il y a des manifestations ?» demande Barra Ernest Dieng qui estime que «Ce n’est pas un crime. avant de continuer en s’assurant que « 95 % des gens étaient innocents » et ça dehors “des détenus politiques, il y avait des gens torturés par des voyous”.

« Une promesse de campagne »

Pour un militant de l’opposition qui a requis l’anonymat, le gouvernement actuel doit tenir sa promesse et abroger la loi d’amnistie. Elle rappelle que « C’est une promesse de campagne qu’ils ont faite à la population. Ils ont fait croire à leurs militants que cette loi, c’est Macky Sall (l’ancien président de la République, ndlr), ce n’est pas eux (qui l’ont décidée) et que quand ils arriveront au pouvoir, ils la supprimeront.».

On pardonne et on se réconcilie après avoir identifié les responsabilités pour que justice soit rendue, a expliqué la présidente du Collectif des familles d’anciens détenus politiques, Lucie Sané.

Cette loi d’amnistie, adoptée à l’initiative de l’ancien président du Sénégal Macky Sall, à la veille de son départ de la présidence, visait à pacifier l’espace politique et à renforcer la cohésion nationale, suite aux violences meurtrières enregistrées entre 2021 et 2024 dans le pays.

 
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