Le visage de l’économie de seconde main change d’année en année. Si les préjugés disparaissent progressivement à mesure que le coût de la vie augmente, un dernier tabou persistant évolue également, celui d’offrir des cadeaux d’occasion à Noël.
Chez Réno-Jouets, la haute saison bat son plein. Cette année encore, l’organisation prévoit battre son propre record de volume de ventes. Il reçoit chaque mois près de 50 000 jouets et des trouvailles, parfois uniques, font partie du lot.
François Gingras of Réno-Jouets shows different toys that the organization receives.
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Anciennes éditions du jeu de société Château Lafortune sont particulièrement appréciés tout comme certains objets à l’effigie d’Harry Potter, comme les jeux d’échecs. Nous avons également reçu cette maison Fisher Price de 1969
says François Gingras, director of development and communications at Réno-Jouets.
Les gens disent : « Hein ! J’avais cette maison quand j’étais jeune, je jouais avec les mêmes gars ! Ils décident parfois de payer un peu plus pour prendre la version ancien pour leurs enfants et petits-enfants
il donne comme exemple.
La seconde main en quelques chiffres
- 50 à 70 % : c’est ce qu’on peut économiser par rapport au prix de vente à l’état neuf, en achetant d’occasion, selon Réno-Jouets.
- 8 mois : c’est la durée moyenne d’utilisation d’un jouet, selon Réno-Jouets. Or un jouet bien entretenu a une durée de vie estimée entre 16 et 25 ans.
- 44 % : en 2022, c’est la proportion de Québécois qui ont réduit leur consommation et opté pour des produits usagés, selon le dernier Baromètre de la consommation responsablee.
François Gingras est témoin du changement de paradigme autour de l’achat d’occasion. Il constate que de nombreuses personnes, qui n’avaient jamais mis les pieds dans une ressourcerie ou une friperie auparavant, sont désormais des clients réguliers.
Beaucoup nous disent : « J’aime beaucoup votre magasin et j’y fais mes achats tout le -, mais je n’y achèterais jamais mes cadeaux de Noël car ils ne sont pas dans un nouvel emballage. »
Le directeur du développement et des communications déplore que les adultes aient formé l’idéologie selon laquelle un enfant veut recevoir un jouet dans une boîte. Selon lui, lorsque les enfants reçoivent un cadeau, la première chose qu’ils veulent faire est de le sortir le plus rapidement possible de son emballage pour jouer avec.
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Gabriel Blanchette tente d’offrir plusieurs vies aux jouets.
Photo : - / Anne-Sophie Roy
Repenser la consommation de jouets
Gabriel Blanchette est père de deux enfants. Chez lui, les jouets sont très rarement achetés neufs, voire jamais. Ils proviennent des magasins de ressources et des friperies tandis que d’autres sont loués à la Joujouthèque de la bibliothèque Gabrielle-Roy.
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Charlie s’amuse avec un jeu loué à la Joujouthèque.
Photo : - / Anne-Sophie Roy
Les gens peuvent nous demander combien nous économisons, mais nous ne savons pas quoi leur répondre, car nous n’achetons pas tellement de nouveaux jouets que nous ne pouvons pas comparer !
dit-il, à côté d’une petite kitchenette pour enfants. Celui-ci lui a coûté environ 40 dollars, alors qu’il se vend environ 120 dollars neuf.
Je pense que nous devons nous demander pourquoi nous avons des jouets. Devons-nous toujours ajouter des jouets à notre foyer ou préférons-nous alterner ? Pour les enfants, c’est bien plus intéressant quand de nouveaux jouets arrivent régulièrement
il explique.

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La cuisinette avec laquelle jouent les enfants de Gabriel Blanchette.
Photo : - / Anne-Sophie Roy
Acheter d’occasion… en ligne
Pour répondre à un engouement croissant, Réno-Jouets a lancé sa plateforme de vente en ligne en décembre 2023. La livraison est gratuite depuis début 2024.
L’objectif est de permettre aux clients qui ne peuvent pas forcément se déplacer dans l’unique agence de l’organisation d’acheter quand même d’occasion.

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En achetant d’occasion, vous pouvez économiser entre 50 à 70 % du prix de vente du neuf, selon Réno-Jouets.
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Plusieurs magasins de jouets, comme Benjo et le magasin Jouets “R” Nous de Laurier Québec, ont récemment annoncé leur fermeture. Selon François Gingras, l’avènement de l’achat en ligne y est certainement pour quelque chose.
Réno-Jouets n’est pas en concurrence directe avec ces détaillants, mais on s’est dit que cela nous permettrait de nous démarquer encore plus
il maintient.
Un mouvement en pleine expansion
Le marché de l’occasion s’est largement démocratisé au cours des dernières années et est même populaire auprès des jeunes générations, soutient Maryse Côté-Hamel, professeure en sciences de la consommation à l’Université Laval.
La hausse du coût de la vie et la protection de l’environnement sont les principaux arguments qui poussent les clients à privilégier l’achat de jouets d’occasion.

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Maryse Côté-Hamel, professeure en sciences de la consommation à l’Université Laval
Photo : - / Anne-Sophie Roy
Il n’est pas rare de voir des gens se tourner d’abord vers la seconde main puis compléter avec des jouets un peu plus haut de gamme pour Noël.
indique le professeur, qui précise que de cette manière, le consommateur ne pas nécessairement payer plus
.
Les jouets en bois ou en matériaux résistants sont particulièrement appréciés des clients, contrairement aux jouets en plastique vendus dans les supermarchés, ajoute également Maryse Côté-Hamel.