« Je suis à bout de souffle, c’est une catastrophe ! Depuis que la mairie a installé une série de panneaux stop dans la rue, j’ai perdu 25% de mon chiffre d’affaires ! Toute une partie de la clientèle de passage, dont j’ai besoin, préfère ne plus passer par la rue de Fétilly ! » Et Florence Martin Duloz, qui dirige le tabac-presse multiservice Le Petit Fétilly, depuis octobre 2020, d’être plus explicite : « mes commandes régulières de tabac sont passées de 17 000 euros à 10 000 euros. J’ai divisé par quatre celles concernant l’épicerie. Bref, je pourrais avoir un salaire de 1 600 euros par mois, pour 240 heures de travail, je suis à moins de 1 000… »
Les ennuis du buraliste de 58 ans ont commencé vendredi 13 septembre, ce qui « n’était pas un jour de chance pour moi ! » Ce jour-là, la mairie de La Rochelle mettait en service sept panneaux stop dans un sens et sept dans l’autre, avenue de Fétilly, l’étroite artère qui relie le rond-point de la piscine à Lagord. Conformément aux souhaits des habitants, exprimés lors d’une réunion publique en septembre, ainsi que du comité de quartier de Fétilly. Objectif : réduire la vitesse sur cette rue à 30 km/h où la priorité à droite, à de nombreuses intersections, n’était pas suffisamment respectée.
Dernier échange
« Objectif atteint », constate aujourd’hui Christophe Bertaud, l’adjoint au maire en charge du secteur central. « Les citoyens nous ont demandé de ralentir la circulation et de sécuriser les déplacements des piétons et des vélos. Le choix de mettre des arrêts a été largement approuvé. » La buraliste elle-même l’a voté lors de l’assemblée de mi-septembre. Sans imaginer des conséquences négatives sur ce qui constitue le dernier commerce local à la rue.
Christophe Bertaud, de son côté, pensait même possible que les véhicules s’arrêtent plus facilement chez le buraliste. Mais il semble que la succession rapide des panneaux stop, qui imposent un arrêt brutal et obligent à une conduite saccadée, ait plutôt conduit à des stratégies d’évitement.
Florence Martin Duloz dans son commerce qui vend non seulement des journaux et du tabac, mais aussi des piles, des photocopies, des produits d’épicerie, des jeux de grattage, etc.
Alain Babaud
« C’est une expérimentation que nous menons avec les habitants du quartier. Nous verrons donc ce qu’ils en disent.
Le nombre de véhicules a-t-il réellement diminué, générant une baisse de la clientèle de passage ? Christophe Bertaud dit « comprendre le désarroi du commerçant », mais demande de quantifier l’évolution du trafic. Il annonce ainsi des décomptes, à partir de janvier. Les résultats seront présentés et discutés lors d’une réunion avec les riverains, “fin février-début mars”.
Avec des modifications possibles ? « C’est une expérimentation co-construite avec les habitants que nous menons, donc on verra ce qu’ils en diront. De mon point de vue, il y a deux ou trois panneaux superflus. » On se voit donc dans deux mois ? « J’ai des prêts à rembourser, des charges à payer tous les mois, constate Florence Martin Duloz, comment faire ? Je ne pense pas pouvoir tenir d’ici là… » Autre motif d’inquiétude : il ne sera bientôt plus possible, en remontant la rue de Fétilly, de tourner à gauche pour emprunter la rue des Gonthières. Avec un risque, pour Le Petit Fétilly, que cela réduise encore davantage la clientèle de passage.