Les mèmes, détournements humoristiques sur Internet, deviennent parfois la première Source d’information pour certains Canadiens, notamment les jeunes.
J’ai l’impression que beaucoup de gens ne regardent plus les informations, même sur leur téléphone
témoigne Maanya Kohli, étudiante à l’Université Occidental à London, en Ontario. Au moins, s’ils voient un mème sur un sujet, ils sont plus susceptibles de le rechercher plutôt que d’être mal informés.
Les médias traditionnels ne peuvent plus nous atteindre par les moyens qui nous conviennent, nous sommes donc obligés de trouver nos propres moyens de nous informer.
acquiesce Noah Zabian, un autre étudiant.
Ils estiment que la disparition des médias Facebook et Instagram, propriété de Meta, en réaction à la loi sur l’information en ligne, constitue un obstacle supplémentaire. Les mèmes ne sont que le résultat de cette situation, car nous ne pouvons pas avoir de sources fiables sur Internet
résume Noah Zabian.
Les spécialistes du domaine estiment qu’il y a un côté engageant qui permet de s’intéresser facilement à l’actualité, voire de s’exprimer là-dessus. Mais le format perd en nuance, en contexte et peut également être utilisé pour manipuler les gens.
Une manière engageante d’obtenir des informations
Que ce soit avec un tweet, une photo Instagram ou une vidéo TikTok, les mèmes dire beaucoup de choses, et rapidement, sur ce que les gens pensent d’un sujet particulier et sur la façon dont ils perçoivent une actualité ou un problème politique particulier
décrit Andie Shabbar, professeur adjoint à la Faculté des études de l’information et des médias de l’Université Western.
Cette forme offset permet d’intégrer des informations et même de s’exprimer.
C’est une façon de partager des opinions politiques, sans qu’il y ait de problèmes.
C’est mieux que rien
soutient Laurence Grondin-Robillard, professeure agrégée et doctorante en communication à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et elle-même consommatrice de tels contenus.
Cependant, malgré l’abondance de ces formats, elle constate qu’au final, peu de choses sont retenues de ces publications.
On tombe dans un modèle où capter mon attention est nécessaire non seulement pour me garder sur la plateforme, mais pour se passer de plus en plus de contenus et éventuellement de publicités.
Laurence Grondin-Robillard, associate professor at the UQAM Media School.
Photo: UQAM/Emilie Tournevache
Un risque de manipulation
Même parmi les étudiants londoniens épris de mèmes, nous voyons leurs limites. Je m’inquiète un peu pour les gens qui n’ont pas le jugement nécessaire pour savoir ce qui est vrai, faux ou factuel. Cela peut être dangereux
Fait remarquer Maanya Kohli.
Visions déformées peut être reproduit à travers la culture des mèmes et conduire à une perte de perspective
affirme Andie Shabbar, qui note également que ces contenus peut être utilisé pour des manipulations.
Ouvrir en mode plein écran
Andie Shabbar, professeur adjoint à la Faculté des études sur l’information et les médias de l’Université Western, apprécie la simplicité d’expression que permettent les mèmes, mais met en garde contre la perte de contexte et de nuances.
Photo : fourni par Andie Shabbar
Une étude publiée l’été dernier par l’Université Ouverte de Catalogne met en évidence l’utilisation des mèmes par les partis politiques pour toucher un public plus large, en profitant de l’anonymat de ces créations.
L’anonymat est crucial pour produire des communications qui semblent provenir du public, d’utilisateurs qui n’ont aucun lien avec un parti politique.
écrit Ezequiel Soriano, l’auteur de l’étude.
Dans le cas idéal des partis, leur humour politique est alors diffusé, voire repris par les usagers, notamment les adolescents qui ne participent pas à la vie politique institutionnelle.
En 2022, le groupe de pression Québec fier, proche du Parti conservateur du Québec, avait fait des mèmes une arme de communication largement utilisée pour cibler le premier ministre François Legault pendant la pandémie.
Plus récemment, les propos de Donald Trump lors du débat télévisé de l’élection présidentielle au cours duquel il affirmait que les immigrés de l’Ohio mangeaient des chats et des chiens ont fait l’objet de détournements musicaux largement partagés.
Pour Mme Grondin-Robillard, c’est un exemple où nous décontextualisons la situation et la banalisons.
C’est clairement de la désinformation. Il savait ce qu’il disait, à savoir que les immigrants ne mangent ni chats ni chiens à Springfield, mais c’est le message qui a circulé.
Avec les informations de Kendra Seguin de CBC