Sergent respecté au SPVQ avant d’agresser sexuellement un subordonné lors d’une fête d’équipe en août 2021, Christian Lachance pourrait désormais passer trois ans au pénitencier si le juge venait à infliger la peine suggérée par la Couronne mercredi.
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Me Jérémy Lamonde a réclamé une peine de 36 mois de prison pour l’accusation d’agression sexuelle pour laquelle Christian Lachance a été reconnu coupable. À cela s’ajouteraient deux mois supplémentaires pour l’accusation de voyeurisme, le sergent Lachance ayant pris des photos de sa victime dans un contexte sexuel.
La policière gisait au sous-sol de la résidence où s’était tenue la « team party » en 2021. Dans un état d’ébriété avancée et de grande vulnérabilité, elle n’a jamais pu consentir à une relation sexuelle, a décidé le juge Jacques Trudel dans sa décision à l’issue du procès tenu en mars.
“Une agression sexuelle commise dans un tel contexte constitue l’objectivation ultime de la victime, un délit fondamentalement égoïste et répugnant au plus haut degré”, a plaidé M.e Lamonde, citant plusieurs décisions jurisprudentielles.
Lachance veut éviter la prison
En défense, Me Charles Levasseur estime qu’une peine de moins de deux ans d’emprisonnement, mais à purger dans la communauté, serait justifiée pour son client.
« La communauté est une peine de prison. Cela peut paraître indulgent, mais quand on est vraiment informé de ce dont il s’agit réellement, on déchante », a insisté l’avocat de la défense, rappelant qu’en cas d’échec, le condamné se dirigerait vers la cellule.
Me Levasseur a plaidé plusieurs décisions, mais a expliqué au juge Jacques Trudel « fonder » son argument sur les similitudes entre le dossier Lachance et celui d’un autre de ses clients, Maxime Lehoux. Lors du deuxième procès de celui qui est aussi policier au SPVQ, l’avocat a plaidé pour une peine de 18 mois dans la communauté.
Me Charles Levasseur, avec son client, le policier du SPVQ Christian Lachance
Photo Pierre-Paul Biron – archives
« Nous avons des faits très similaires. Un policier du SPVQ lors d’une soirée entre collègues avec une victime ivre. Vous me direz que c’est récurrent, mais bon, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse à ce sujet», a déclaré l’avocat, qui a représenté plusieurs policiers ces dernières années.
Le « voyage ardu » de la victime
Dans une lettre lue dans la salle d’audience, la victime de Christian Lachance a rappelé le « parcours du combattant » auquel elle a fait face en tant que policière victime de viol par un collègue.
Potins, étiquettes stigmatisantes, éclairs d’agressivité : les impacts de l’agression et de sa dénonciation ont été nombreux. Puis, le procès et son témoignage, qui ont réactivé son traumatisme.
D’autant qu’elle contribue financièrement à la défense de son agresseur puisqu’il est défendu par le Syndicat des policiers de Québec.
“Indéniablement, il y aura toujours un avant et un après mon agression”, confie-t-elle.
Le juge Jacques Trudel a pris le dossier en délibéré et rendra sa décision au cours de l’hiver.
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