« Nous sommes au carrefour de tous les défis de société »

« Nous sommes au carrefour de tous les défis de société »
« Nous sommes au carrefour de tous les défis de société »

Pour Édouard Gayet, directeur départemental des territoires et de la mer du Pas-de-Calais, il y a eu un avant et un après crue.

Édouard Gayet, DDTM of Pas-de-Calais, December 2024 © LT

Novembre 2023, le Pas-de-Calais connaît le premier épisode d’une série d’inondations. Des pluies millénaires provoquent une inondation centenaire. Puis, en janvier, des pluies de 50 ans suffisent à déclencher une nouvelle inondation centennale. Emmanuel Macron et ses ministres se succèdent sur le terrain (lire nos éditions de l’hiver dernier). A la tête de la DDTM, Édouard Gayet vit « une année qui compte double ».

Les équipes sont en première ligne avec des actions immédiates et d’autres sur le long terme, ce qui implique de changer certaines pratiques pour que « le territoire est plus résilient « . De quoi faire dire à Belfortain que la structure qu’il dirige est « à la croisée de tous les enjeux sociétaux. » Rembobinons.

Nous sommes en 2004, Édouard Gayet vient d’obtenir son diplôme. Il a choisi de se spécialiser en économie et politiques agricoles. Il ne connaît pas le monde agricole » pas plus que ça « . Il a certes quelques cousins ​​éloignés qui allient vigne et élevage dans la vallée de la Saône, mais cela s’arrête là pour ce fils d’ingénieur et de professeur. Il est cependant attiré par l’impact de la PAC sur les territoires, » comment les pratiques évoluent et en sont influencéesprécise-t-il. Comment une même PAC se traduit différemment selon les pays voire en « . C’est donc une découverte. dans sa version sociologique et économique » que pense celui qui est passé par Lyon, Paris, Dijon avant d’être affecté à son premier poste à Orléans dans les services vétérinaires.

En remontant plus au nord, il s’installe ensuite en Picardie. Drir, Diren, Dreal, les sigles se succèdent tout au long de ses missions. Dans le dernier, il « aime travailler avec la profession agricole dans sa diversité « . Les dialogues sont constructifs », c’est ainsi que je mène mes actions », annonce-t-il.

Par intérim

Il y a près de 10 ans, il a repris la route du nord, qui se termine juste avant la mer : le Pas-de-Calais l’a accueilli comme adjoint au directeur chargé du patrimoine du conseil départemental. ” Qualité d’écoute des interlocuteurs », « humainement riche », « une coopération significative », le territoire est fidèle à sa réputation. ” Les gens travaillent ensemble pour trouver des solutions. Cela est vrai dans tous les territoires du Pas-de-Calais. Cela rend le travail constructif : on avance », apprécie-t-il.

Quelques années plus tard, il rejoint la DDTM, d’abord comme adjoint, puis par intérim et, officiellement directeur en 2021. Logements sociaux, permis de conduire, eau potable, retrait du littoral : les dossiers sont aussi riches que variés. Ce qu’il veut, c’est ” sortir de la technocratie et les mettre en œuvre intelligemment sur un territoire donné « . Cela nécessite de comprendre les hommes, les territoires. Il est passionné par le jeu d’acteur qui se déroule dans une pièce lorsqu’une solution est construite. Chacun joue son rôle avec sa part à jouer sur le dialogue à mener, la manière de parler.

Artificialisation

Parmi les combats à mener figure la lutte contre l’artificialisation. ” Le département est le cinquième à avoir consommé le plus de terres agricoles, naturelles et forestières entre 2010 et 2020. », n’applaudis pas la DDTM. D’autant que la période était « écurie » en termes d’emploi et de population. ” C’est un mauvais endroit », juge-t-il. Les méthodes de développement éparses ont généré d’autres phénomènes comme la dévitalisation des centres de toutes tailles qui ont perdu des habitants au profit des périphéries. Cela génère de facto des difficultés de maintien des services. ” Les effets négatifs de cet étalement urbain se font sentir dans les politiques publiques qui visent plus d’habitants et d’emplois par hectare. », poursuit-il en citant le logement d’un côté, et les quartiers d’affaires de l’autre.

Autre sujet : le phénomène d’érosion active et de retrait du trait de côte. Le garder au même endroit coûtera de plus en plus cher, dit-il. ” Nous ne devons pas nous engager dans des politiques que nous ne pouvons pas mettre en œuvre. » Une dizaine de communes côtières sont touchées par une érosion importante, cite-t-il, faisant référence aux premiers achats de propriétés exposées au retrait de la falaise. Le rachat de biens concerne également les personnes touchées par les inondations et dont le propriétaire en a fait la demande. La DDTM a reçu 120 candidatures dont la moitié ont déjà été validées.

Cohérence et équité

Du côté agricole, « il y a indéniablement des choses à faire en matière de simplificationrecognizes Édouard Gayet, y compris pour l’administration elle-même ! » Alors quand il a la possibilité de créer des mesures simples (aide à la trésorerie post-inondation) ou des mesures de crise (calamités, soutien financier, etc.), il l’assure : il le fait. Les dernières manifestations ont pour lui « cohérence » en fond : qu’est-ce qu’on veut manger ? C’est une préoccupation récurrente dans le monde agricole : l’équité entre ce que l’on fait ici et ce que l’on importe. Elle garde toujours à l’esprit les agriculteurs les plus fragiles, tant sur le plan économique que psychologique, et dispose d’un bon nombre de ses agents formés pour prendre en compte les situations difficiles. Quant aux contrôles, s’ils « susciter des inquiétudes disproportionnées “, ils le sont en réalité ” généralement conforme » et ne concernent que 1% des exploitations chaque année (déclarations PAC et aides à la surface).

L’avant et l’après 2023 peuvent également être vus à l’échelle de « efforts financiers » et le « mise en œuvre » dédié à la lutte contre les inondations. ” Multiplié par trois ou quatre. » Nettoyages, réparations de berges, de routes, de zones d’expansion des inondations et même de pompes, cite-t-il. Le gros oeuvre est financé à 80% par l’Etat, les travaux d’urgence et de réparation entre 70 et 100%, juge-t-il opportun de souligner. C’est ce qui est dit.

Louise Tesse

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