Par
Paul Halbédel
Publié le
11 décembre 2024 à 17h52
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Le sujet est passionnant. A l’initiative de l’association Gardiens des racinesle paléopathologiste Jean Zammit donnera une conférence le vendredi 13 décembre, à 21 heures, à la salle Caraman. A cette occasion il livrera le fruit de ses nombreux travaux constitués de étudier les ossements anciens pour mieux comprendre l’origine des maladies et leur évolution dans le -. Une pratique scientifique à laquelle il se consacre depuis près de 45 ans parallèlement à son métier de radiologue.
En octobre 2024, cet habitant de Caraman publie l’ouvrage Enquête sur les origines de nos maladies – Ce que nous révèle la paléopathologie publié par Michalon. Un livre dans lequel il dresse un portrait convaincant du suspect de toutes nos infections modernes : néolithisation. Et qu’il présentera pour la première fois publiquement lors de cette intervention qui sera accompagnée d’un mini-exposition de pièces archéologiques du Néolithiqueproposé par Jerome Salles.
Rencontre décisive avec Jean Guilaine
La passion de Jean Zammit pour Préhistoire est né un jour de grève générale. « C’était en mai 1968. J’étais étudiant à Toulouse. Il n’y avait plus de cours, l’université était envahie et je n’avais pas vraiment d’assemblée générale… J’ai alors décidé de visiter le Muséum d’Histoire Naturelle avec sa galerie de paléontologie et ses collections de fossiles préhistoriques. Ce fut une vraie révélation ! », se souvient-il.
Quelques années plus tard, alors qu’il devient radiologue à Carcassonne, il rencontre Jean Guilainel’un des spécialistes français de la Préhistoire et de la Protohistoire. C’est cette dernière qui le poussera à se tourner vers la paléopathologie. « Il avait découvert une tombe avec de vieux ossements. Il m’a demandé si je ne voulais pas les étudier », se souvient le radiologue. Le début d’un processus qu’il a poursuivi pendant plusieurs années pour devenir lel’un des spécialistes de l’étude des vieux os et des maladies anciennes
.
Il m’arrivait de recevoir des cartons entiers d’os et de squelettes anciens. À la fin de ma journée de consultation, je passais mes soirées à les étudier. J’ai retrouvé des traces de pointes de flèches et autres armes de l’époque, mais aussi d’arthrose, de tumeurs ou de déformations. Cela nous permet d’en apprendre davantage sur les maladies préhistoriques, mais aussi sur l’évolution de nos maladies actuelles.
« Nos maladies humaines naissent, vivent et meurent »
Pour Jean Zammit, la paléopathologie permet de « diagnostiquer et comparer les maladies pour mieux les situer ». Et si le radiologue ne devait tirer qu’une certitude de son travail c’est que « les maladies naissent, vivent et évoluent dans le - avant de mourir » .
Le chercheur soutient également qu’il est la naissance de l’agriculture au Néolithique qui a généré la grande majorité de nos maladies actuelles et notamment les épidémies. « À l’époque des chasseurs-cueilleurs, il n’y avait aucun contact entre l’homme et l’animal. C’est le promiscuité entre l’homme et les animaux qui a permis à développement de virus et de microbes, qui ont évolué pour devenir les nôtres », argumente Jean Zammit.
Les épidémies collectives sont nées au Néolithique avec la domestication des animaux sauvages. Comme pour ce qu’on a vécu avec le Covid, il n’y avait pas d’immunité au départ. Puis ils se sont transformés. Avant que l’utilisation de vaccins et d’antibiotiques ne perturbe leur évolution naturelle.
Cancers, maladies génétiques…
Au total, l’habitant de Caraman estime avoir pu analyser entre 200 et 250 maladies grâce à ses études. Il s’intéressait particulièrement à cancersgrâce aux métastases radiographiables et facilement identifiables sur les os. « Dans toute la préhistoire, on ne connaît que cinq ou six cas de tumeurs dont on peut se demander si elles n’étaient pas cancéreuses. C’est une maladie qui n’existe pratiquement pas, mais il faut dire que l’espérance de vie est alors de 25 à 30 ans. Les premiers exemples de tumeurs cancéreuses apparaissent dès Napoléon et la courbe devient exponentielle au début du 19ème sièclee siècle avec l’ère industrielle, avant un explosion de 1945 avec la vie moderne », précise-t-il en pointant du doigt des facteurs environnementaux.
Jean Zammit évoque également dans son livre le maladies génétiquesrappelant que près de 7.000 différents sont apparus ces dernières années et que certains n’affectent pas parfois seulement 40 à 50 individus. « Ces conditions entraînent anomalies de croissanceet particulièrement sur les os. Il s’agit donc d’un zone d’étude de rêve pour les paléopathologistes», constate-t-il.
Une conférence accessible au plus grand nombre
Lors de sa conférence, le radiologue partagera donc ses conclusions afin de permettre à l’auditoire d’en apprendre davantage sur l’origine et l’évolution au fil des siècles de toutes ces maladies et bien d’autres. Tout en s’assurant qu’il je vulgariserai son propos autant que possibleétant bien conscient de la complexité du sujet. « Je ferai bien sûr en sorte qu’il soit le plus accessible possible. J’ai également préparé un présentation avec 50 diapositivesqui sera projeté et permettra au public de suivre mes propos», rassure-t-il.
Et pour ceux qui ne pourront pas se rendre ce soir-là à la salle Caraman pour écouter le paléopathologiste, il sera possible de découvrir l’histoire de ces maladies en achetant l’ouvrage de Jean Zammit. “Ce livre est un enfant du Covid. Je l’ai commencé pendant le confinement et je l’ai terminé en 2022. Il faisait 500 pages au départ, mais mon éditeur m’a demandé de le couper en deux pour qu’il puisse être publié”, s’amuse le Caramanais.
Informations pratiques
Conférence de Jean Zammit – Vendredi 13 décembre à 21h – Salle Caraman
La conférence sera suivie d’une vente et d’une signature du livre.
Une exposition de pièces archéologiques du Néolithique sera également visible.
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