Après avoir fondé l’association Enfance France-Syrie en 2012 pour venir en aide aux victimes du conflit, le cardiologue basé à Villefranche-de-Rouergue porte un regard inquiet sur son pays après la chute dimanche du régime de Bachar al-Assad.
Depuis plusieurs jours, Victor Fallouh suit autant qu’il le peut, de jour comme de nuit, l’évolution de son pays natal, la Syrie. « J’ai été le premier surpris, tout s’est passé très vite. Je n’ai pas beaucoup dormi ces derniers jours »confie le cardiologue basé à Villefranche-de-Rouergue qui a fondé, en 2012, l’association Enfance France-Syrie pour venir en aide aux victimes de ce conflit qui a duré treize longues années.
“Tout s’est passé en quelques jours”
L’entrée du groupe rebelle islamiste syrien à Damas et l’annonce du départ de Bachar al-Assad ce dimanche ont bouleversé un « un équilibre qui était fragile. Mais beaucoup attendaient que la situation change. De nombreuses rumeurs ont circulé ces derniers jours, mais le régime de Bachar se veut rassurant. On a parlé de négociations de paix avec Israël, etc. Mais finalement, tout s’est passé en quelques jours, sans que la grande majorité de la population ne comprenne ce qui se passait.»poursuit Victor Fallouh qui devait rentrer au pays la semaine prochaine avant d’annuler son voyage.
« Il y a eu la chute des villes d’Alep, Hama, puis Homs. Comme si tout avait été pensé auparavant. » croit le cardiologue. “Le point positif, c’est qu’il n’y a pas eu de bain de sang comme on aurait pu le craindre.» En attendant, alors que le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui revendiquait la prise de la capitale ayant entraîné la chute du régime semble vouloir apaiser la situation, Victor Fallouh préfère « restez prudent ». “J’attends de voir ce qui se passera ensuite. Mais les retours sont plutôt positifs. Les Syriens avec qui je suis en contact sont fatigués de cette guerre, la vie est devenue un enfer.»insiste-t-il.
Un pays brisé
“Il n’y a pas eu de victimes lors de la prise de Damas, c’est un point positif”, il croit. “Nous espérons également que la Syrie ne se retrouvera pas divisée entre toutes les factions qui composent le pays. Ce serait une nouvelle fois un épisode difficile à vivre pour tous les Syriens.»
-Un peuple soumis au jeu diplomatique des États voisins, aux influences des différents groupes qui unissent le pays du Cèdre. Et au milieu, « La population vit très difficilement. Avant le début du conflit, je pense que le pays était sur la bonne voie. Mais depuis lors, c’est la misère pour de nombreuses personnes qui dépendent de l’aide internationale pour survivre. Le pays doit connaître la paix”dit Victor Fallouh.
Il espère que « le sang ne coule plus »
Pour l’instant, « Il est difficile de dire quel sera l’avenir du pays. La situation est un peu confuse, difficile à comprendre ». Ainsi, même lui, qui a visité à de nombreuses reprises le pays en guerre, préfère aujourd’hui «voir si une forme de stabilité va s’installer » avant de penser à reprendre les activités de son association humanitaire.
Le cardiologue continue de suivre attentivement l’évolution de la situation dans son pays et de prendre des nouvelles de sa famille restée sur place. En espérant que « Le sang ne coule pas à nouveau, comme il a trop coulé ces dernières années, pour que le conflit ne reprenne, ruinant un pays, réduisant les villes en cendres, provoquant un nombre incalculable de morts ».