toxicomane, le médecin obtenait des opiacés grâce à ses patients

toxicomane, le médecin obtenait des opiacés grâce à ses patients
toxicomane, le médecin obtenait des opiacés grâce à ses patients

Lorsque le toxicomane est son propre dealer, la spirale ne peut être qu’infernale. C’est ce qu’a vécu et mis en œuvre François Szabo, médecin généraliste à Eugénie-les-Bains. Accro aux opiacés, l’homme de 60 ans a eu un mode opératoire parfaitement rodé, entre 2019 et décembre 2023.

Il se prescrivait des ordonnances fictives ou les rédigeait pour ses patients en surestimant le nombre de boîtes et en récupérait une partie pour sa propre consommation, allant jusqu’à 696 boîtes sur le seul mois de septembre 2021. La dose maximale était d’environ cent milligrammes par jour. Il en a consommé entre 250 et 300.

Surpris par la quantité anormalement élevée de prescriptions d’opiacés délivrées par le docteur Szabo, un pharmacien du quartier a tiré la sonnette d’alarme. D’autant que depuis plusieurs mois, ses prescriptions ne sont plus sécurisées. L’enquête est confiée à la brigade de recherche de Mont-de-Marsan. « La perquisition est glaçante », relate le procureur adjoint. Des dizaines de boîtes de médicaments vides tombent de la boîte à gants de sa voiture. »

Provisoirement suspendu

Flanqué d’un grand manteau noir aux épaules tombantes, François Szabo ne se dérobe pas et se justifie par des maux de dos. Il reconnaît avoir eu recours aux services de ses patients pour récupérer les substances. M.e Henri Moura, avocat de l’Ordre des médecins, qui s’est constitué partie civile, indique que ce professionnel « est suspendu provisoirement depuis de nombreux mois. En tant que médecin, il a une mission d’assistance et d’aide. Là, il a exposé ses patients à ses propres problèmes de dépendance. Il est coupable de malversations vis-à-vis de la CPAM. Il s’agit d’une grave atteinte à l’image du rôle du médecin. » Seule lueur d’espoir lors de l’audience : « Aujourd’hui, il est abstinent et semble aller mieux. »

Le parquet de Mons se souvient surtout : « En 2013, M. Szabo avait été condamné pour les mêmes faits. Cette fois, il a eu recours à la complicité de nombreux patients. Beaucoup disent qu’il était un médecin formidable et dévoué, mais d’autres constatent la saleté de son cabinet et s’étonnent qu’il s’endorme pendant les examens. Sa capacité à administrer des médicaments peut légitimement être remise en question. » Une interdiction définitive d’exercer s’impose.

La honte

Me Catherine Mattioli-Dumont tient à rétablir : « Il exprime la honte d’avoir rechuté mais le Dr Szabo fait partie de ces médecins passionnés qui honorent malgré tout la profession. Une quarantaine de patients en témoignent. C’était un médecin de campagne qui donnait son numéro personnel, venait à la maison jour et nuit et passait tout son - à travailler. On n’en trouve plus comme ça. Aujourd’hui, il a fait sa propre introspection et s’accorde le droit de se faire soigner pour les souffrances qu’il endure. Je demande donc indulgence à son égard, que l’on lui donne la possibilité de pouvoir un jour exercer son métier. »

Outre la peine de dix-huit mois de prison avec sursis de deux ans, le Dr François Szabo est frappé d’une interdiction d’exercice pendant un an.

 
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