Après le week-end de pause pour la réouverture de Notre-Dame, la réalité politique reprend le dessus ce lundi. Emmanuel Macron doit trouver un Premier ministre.
Après une courte trêve dédiée à Notre-Dame, Emmanuel Macron reprend lundi matin consultations politiques à l’Elyséecinq jours après la censure de Michel Barnier, afin de nommer au plus vite un nouveau Premier ministre, mais de nombreux écueils demeurent.
Avant l’annonce, plus de négociations. Le chef de l’Etat s’apprête en effet à recevoir les députés indépendants du Groupe Liotpuis les dirigeants des écologistes menés par Marine Tondeliersuivi par les communistes autour Fabien Roussel.
Trois réunions devraient durer une heure chacune, à partir de 9 heures, ce qui laisse présager la possibilité d’une fumée blanche au palais présidentiel avant la fin de la journée. Mais les précédents incitent à la prudence : il a fallu 51 jours cet été au locataire de l’Elysée pour choisir Michel Barnier, et plusieurs semaines également dans le cas de ses prédécesseurs Gabriel Attal et Elisabeth Borne.
Cette fois, Emmanuel Macron est pressé de trancher de son côté. Le Président de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivetplaide donc pour partir “rapidement” et nommer un nouveau chef du gouvernement “dans les prochaines heures.”
Son calcul est simple : «ajouter“les députés de « socle commun » (Renaissance, LR, MoDem, Horizons), Liot et le Parti socialiste pour obtenir la majorité absolue au Palais Bourbon. “Il n’y a donc plus de censure possible”.
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Après de nouvelles consultations avec les communistes et les écologistes ce lundi, Emmanuel Macron pourrait annoncer mardi le nom de son futur Premier ministre.
Le patron du MoDem, François Bayrouse dit pour sa part préoccupé par « une situation qu’aucun citoyen français ne peut accepter de voir perdurer ou se complexifier. »
Attendu, entre autres, à Matignon, l’allié historique de M. Macron ne revendique pas le poste mais presque : « Si je peux nous aider à nous sortir de tout ça, je le ferai. »a-t-il déclaré dimanche depuis sa ville de Pau.
Offre de service saluée par un tollé à gauche. “M. La ligne politique de Bayrou n’a pas gagné les élections législatives.»a souligné Mme Tondelier sur RTL, tandis que le social-démocrate Raphaël Glucksmann jugé sur France 2 que le centriste « enverrait le message de continuité politique ».
Pourtant, la gauche réclame sa part du pouvoir. « Si ce n’est pas un Premier ministre de gauche, nous ne participerons pas à ce gouvernement »a prévenu le chef des députés socialistes Boris Vallaud sur France Inter.
Attirer la gauche ?
Cependant, ce scénario se heurte à plusieurs « lignes rouges ». A commencer par celles de l’homme fort de la droite Laurent Wauquiezqui balaie dans Le Figaro « une hypothèse incroyable » au vu de son propre «conditions” : “Ni LFI au gouvernement, ni le programme du Nouveau Front Populaire.»
Le numéro un du PS, Olivier Faurénéanmoins proposé vendredi « concessions réciproques » au président de la République, qui a commencé par inviter écologistes et communistes.
Mais ce début d’ouverture a suscité l’ire des rebelles, qui ont refusé l’invitation au Palais et ont enquêté tout le week-end sur le procès pour déloyauté de leurs alliés. “Faure ne décide pas seul”tonné Jean-Luc Mélenchon dans la presse italienne et espagnole, soulignant son refus « trahir (ses) électeurs pour des positions ».
Et si les socialistes font encore alliance avec les macronistes ou même avec la droite, alors « Le Nouveau Front Populaire continuera sans eux »menace le patriarche de La France insoumise.
Message relayé par ses lieutenants Mathilde Panot et Éric Coquerel. “Il n’y a pas de compromis possible avec la politique économique d’Emmanuel Macron”résume le chef des députés LFI, soulignant « une volonté manifeste du pouvoir de fracturer le NFP ».
“C’est clair” que l’union de la gauche se trouve « dans une situation fragile »regrette le président de la commission des Finances de l’Assemblée, convaincu que Matignon est un leurre parce que le chef de l’Etat «ne donnera jamais à la gauche, même de loin, la possibilité de détruire son édifice.»
A l’autre bout de l’échiquier politique, le Rassemblement National reste aux aguets. Non invité à l’Elysée, son président Jordan Bardella demande déjà “à recevoir avec Marine Le Pen” par le futur Premier ministre « afin de pouvoir exprimer très clairement (leurs) lignes rouges »qui n’ont pas “pas varié”: pouvoir d’achat, sécurité, immigration et vote proportionnel.
Arbitre de la censure du gouvernement Barnier, le parti à la flamme prévient par avance : “Vous ne pouvez pas prétendre que nous ne sommes pas là.”