C’est depuis l’Uruguay, où se tenait le sommet du Mercosur, que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’a annoncé : l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Marché commun d’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) est signé. « Nous avons réussi. C’est un moment historique »pour Ursula von der Leyen. « C’est un message fort envoyé au monde. Ce n’est pas seulement une opportunité économique, mais aussi une nécessité politique.»
Pour Luis Alberto Lacalle Pou, président de l’Uruguay et du Mercosur, cet accord n’est pas « une solution miracle, mais une opportunité dans un monde bouleversé ».
Nous avons conclu les négociations sur l’accord UE-Mercosur. Cela marque le début d’une nouvelle histoire. J’ai maintenant hâte d’en discuter avec les pays de l’UE. Cet accord profitera aux particuliers et aux entreprises. Plus d’emplois. Plus de choix. Une prospérité partagée.
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– Ursula von der Leyen (@vonderleyen.ec.europa.eu) 6 décembre 2024 à 13h58
Après 25 ans de négociations, les discussions se sont accélérées ces dernières semaines. Adopter ce traité visait à supprimer la majorité des droits de douane entre les deux zones, en créant un espace de plus de 700 millions de consommateurs. L’accord devrait permettre aux pays sud-américains de vendre de la viande, du sucre, du riz, du miel à l’Europe, etc. L’Union européenne pourrait exporter ses voitures, ses machines, ses produits pharmaceutiques.
Autre intérêt pour l’UE : un accès plus facile aux matières premières (lithium, cuivre, fer, cobalt…), et donc une moindre dépendance vis-à-vis d’autres pays comme la Chine.
Et maintenant ?
La signature du traité ce vendredi 6 décembre ne marque pas la fin du processus. La Commission européenne doit maintenant obtenir la ratification du traité, en deux étapes : d’abord l’approbation d’au moins 15 États membres représentant 65 % de la population de l’UE, puis obtenir une majorité des députés européens au Parlement européen.
Si la Commission choisit de diviser le texte en deux parties, le volet commercial de l’accord pourrait s’appliquer sans l’approbation de chacun des parlements nationaux des Vingt-Sept. C’est déjà ce qui a été réalisé pour le traité de libre-échange avec le Ceta (Canada).
La France reste opposée à cet accord avec le Mercosur “tel quel”le président de la République, Emmanuel Macron, a rappelé jeudi à Ursula von der Leyen qu’il était “inacceptable”. Mais la France devra rallier plusieurs pays européens pour former un «minorité de blocage» (au moins quatre États membres représentant au moins 35 % de la population de l’UE).
A ce stade, la Pologne s’y oppose également, l’Italie, l’Autriche et les Pays-Bas ont exprimé leurs réticences. Mais des pays comme l’Allemagne et l’Espagne y sont largement favorables.
La colère des agriculteurs pourrait s’accentuer
Le monde agricole est opposé à ce traité de libre-échange avec le Mercosur. Il craint un « concurrence déloyale »et l’arrivée sur le continent européen, avec des droits de douane réduits, de produits ne respectant pas les mêmes exigences sociales, sanitaires et environnementales.
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Face à cette signature, le secrétaire général du Syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA) a prévenu : « les actions vont évoluer, se durcir ». Pour Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, c’est un « ligne écarlate »et « Lutte existentielle » pour l’agriculture française. Coordination rurale et Confédération paysanne, 2e et 3e les syndicats agricoles, sont également farouchement opposés à cet accord.