Le Maroc a alloué près de 5 milliards de dollars au service de sa dette extérieure en 2023, enregistrant une diminution par rapport à l’année précédente. Toutefois, les coûts d’intérêt continuent d’augmenter, reflétant la pression exercée par les taux d’intérêt élevés.
Dans son dernier rapport sur la dette internationale, la Banque mondiale souligne les défis croissants auxquels sont confrontées les économies en développement, dont le Maroc, en termes de gestion de la dette extérieure. Même si le Royaume a allégé son fardeau en 2023, la hausse des intérêts et l’augmentation du stock de dette extérieure restent préoccupantes.
Une réduction du coût, mais un intérêt croissant
Le Maroc a décaissé 4,99 milliards de dollars en 2023 pour honorer sa dette extérieure à long terme, contre 5,49 milliards de dollars en 2022. Cette baisse de près de 9% reflète une gestion prudente de la dette, dans un contexte marqué par une forte volatilité des marchés financiers.
Dans le détail, le remboursement du principal a atteint 3,57 milliards de dollars en 2023, contre 4,39 milliards en 2022. Cette baisse marque une rupture après plusieurs années de hausses continues, notamment en 2020, lorsque la pandémie de Covid-19 avait entraîné une hausse des besoins de financement.
Toutefois, cette accalmie dans le remboursement du principal est compensée par une hausse significative des paiements d’intérêts, qui ont atteint un niveau record de 1,42 milliard de dollars en 2023, contre 1,10 milliard de dollars l’année précédente. Ces charges sont les plus élevées enregistrées depuis plus d’une décennie, reflétant l’impact des taux d’intérêt mondiaux élevés sur la dette du Maroc.
Un stock de dette croissant
Dans le même -, le stock de la dette extérieure marocaine a franchi un nouveau cap en 2023, atteignant 69,26 milliards de dollars, dont 55,33 milliards d’engagements à long terme. Cette hausse s’explique par une hausse des décaissements, qui se sont élevés à 6,43 milliards de dollars, comparativement à 4,55 milliards de dollars en 2022.
Ces niveaux d’endettement soulignent l’importance pour le Maroc de maintenir une discipline budgétaire afin de limiter l’impact sur ses ressources. En effet, le service de la dette représente désormais 9% des recettes d’exportation marocaines et 4% du revenu national brut. Bien que ces ratios soient inférieurs à ceux observés en Égypte (30 %) ou en Tunisie (23 %), ils limitent la capacité du pays à financer des secteurs critiques tels que l’éducation et la santé.
Les principaux créanciers du Maroc
La répartition de la dette marocaine révèle une prédominance des créanciers multilatéraux, qui détiennent 49% des engagements. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement représentent respectivement 20 % et 10 % de la dette totale.
Les créanciers bilatéraux représentent 15 %, avec une forte présence de partenaires comme la France et l’Allemagne, qui détiennent chacun 5 % des engagements. Enfin, les créanciers privés occupent une part importante, avec 36% de la dette, principalement sous forme d’obligations (27%) et de prêts accordés par les banques commerciales (9%).
Pressions globales et marges budgétaires
La situation du Maroc s’inscrit dans un contexte mondial où la dette extérieure des pays en développement devient de plus en plus coûteuse. Les taux appliqués par les créanciers privés et publics ont atteint des niveaux records, limitant les marges budgétaires disponibles pour répondre aux besoins sociaux et économiques.
Pour maintenir sa stabilité, le Maroc devra poursuivre ses efforts de réduction des coûts d’emprunt, tout en optimisant ses ressources pour soutenir les secteurs prioritaires.