Le Calvados augmente sa capacité d’accueil des enfants retirés à leur famille sur décision de justice. Deux foyers sociaux pour enfants ont été inaugurés ce jeudi 5 décembre, à Falaise et Vire, villes qui n’en disposaient pas. Les mineurs y vivent dans un internat encadré par des éducateurs.
Les besoins augmentent et le département du Calvados augmente ses capacités d’accueil pour les enfants victimes de violences familiales et éloignés de leurs parents. 40 nouvelles places sont disponibles dans les nouveaux foyers sociaux pour enfants inaugurés à Falaise et Vire, portant à 12 le nombre de places d’hébergement dans le département pour les mineurs retirés à leur famille.
Celui de Vire est installé dans un habitat mobile temporaire, sorte d’algéco haut de gamme. “Nous avons répondu à l’appel d’offres du ministère pour mettre en œuvre ces mesures assez rapidement» précise Philippe Val, le directeur général de l’association Œuvre Notre-Dame à qui a été confiée la gestion des lieux. 20 places sont disponibles »pour les enfants qui se trouvent dans des situations de violence familiale grave. Pour eux, le placement est un traumatisme donc notre accueil doit être le plus chaleureux possible.” continues Philippe Val.
Un accueil aux marques d’une maison familiale
A l’intérieur, c’est le principe d’une maison avec pièces communes, salle à manger, salon et cuisine mais aussi, dans un long couloir, des chambres simples ou doubles pour la fratrie. Ils sont nécessaires pour que chaque enfant puisse créer son cocon personnel. “Ils sont autorisés à décorer un peu les murs, ils mettent souvent des photos de leurs proches, car la famille peut aussi leur manquer». Pour l’instant, dix enfants sont hébergés ici, âgés de 7 à 17 ans, encadrés par six éducateurs chargés de faire respecter les règles de vie, mais aussi de combler un vide affectif. “Il faut toujours maintenir le cadre éducatif, nous ne sommes pas leurs parents, mais un enfant qui ne reçoit pas d’affect c’est très compliqué» explique Samantha Brasseur, qui fait partie de l’équipe de direction. La jeune femme adapte l’âge de chaque résident aux besoins spécifiques des enfants ou adolescents. “Un petit enfant d’âge préscolaire-primaire sera très câlin. Il aura besoin de la petite histoire du soir, ce moment sous forme de rituel alors qu’avec un adolescent, ce sera bien plus un secret.».
Ce besoin d’attention sera encore plus prononcé dans quelques jours lorsque ces enfants, tous arrivés depuis octobre, vivront leur premier Noël dans ce foyer. “Tout le monde sera là, ils ne pourront pas être en famille, ils seront là. Nous allons donc organiser un repas de réveillon le plus agréable possible et adapté aux enfants. Des cadeaux sont prévus, on mettra de la bonne humeur» anticipe Philippe Val, qui ne sait pas encore combien d’enfants seront à table, ni même de quel âge. Un nouveau résident arrivera lundi, d’autres suivront pour remplir progressivement le site. “Nous sommes autorisés à accueillir des enfants de deux ans à dix-huit ans. La réalité est que les enfants de deux ans sont mieux lotis dans d’autres options d’hébergement, comme les familles d’accueil. Mais quand on a une fratrie avec un petit dernier, on ne va pas leur dire « reste à l’écart », on a la possibilité de les accueillir».
Des besoins d’investissement croissants depuis 2020
Ces foyers sociaux pour enfants, aujourd’hui au nombre de douze dans le Calvados, proposent un accueil en internat permanent. Comme des maisons d’enseignement plutôt spécialisées dans l’accueil d’adolescents. Il s’agit de mineurs retirés à leur famille car la justice estime qu’ils sont en danger. Plus largement, le Département doit venir en aide à 6 000 enfants. “Environ 3 000 mesures à domicile où les parents sont soutenus mais où les enfants restent à la maison. Mais aussi 3 000 qui nous sont effectivement confiés en internat ou en famille d’accueil.» explique Marie-Christine Quertier, la vice-présidente du conseil départemental chargé de l’enfance, de l’insertion et de la lutte contre la pauvreté. Il y a de plus en plus de placements. “C’est vrai que depuis le Covid, on constate une augmentation significative. Les familles restées confinées les unes aux autres ont encore des difficultés. Mais il y a d’autres raisons : les gens dénoncent davantage parce que la société est moins tolérante à l’égard de la violence contre les enfants. Et la loi a changé. Or, on considère qu’un enfant témoin de violences conjugales est un enfant victime et ces cas se produisent également en protection de l’enfance.» explique le conseiller départemental.
La protection de l’enfance est l’une des compétences fortes des départements. Le Calvados consacre un budget total de 142,8 millions d’euros, dont 46 millions pour l’accueil des enfants dans les établissements, comme ces nouvelles structures inaugurées cette semaine.