l’essentiel
Ce n’est pas son premier accès de colère, mais Serge Rigal enfonce le clou en décidant de ne pas organiser les vœux de fin d’année au Département. Le président lotois n’entend pas annoncer lui-même la mauvaise nouvelle, compte tenu des 8 millions d’euros d’économies demandés par l’Etat aux Lotois. Explications.
“Je ne veux pas être de ceux qui annoncent une mauvaise nouvelle aux Lotois, pour 2025 vœux de catastrophe, il n’y a plus qu’à que le gouvernement s’en occupe !” A la surprise générale, ce mardi matin, le président du Département du Lot a annoncé qu’il n’organiserait pas la cérémonie des vœux du Nouvel An. Une position qu’il assume compte tenu du contexte financier et des ponctions que l’Etat envisage sur le budget de la communauté lotoise.
S’écartant pour la première fois de la tradition qui veut que personnalités et élus locaux soient invités à l’Hôtel du Département à Regourd, pour dévoiler les projets, les investissements et les ambitions du territoire pour les 12 mois à venir, Serge Rigal prend les commandes. « Alors que la Cour des comptes vient de rendre son rapport, considérant la bonne gestion financière du conseil départemental, je souhaite que chacun ait notre rigueur budgétaire. Mais lorsque vous offrez des cadeaux fiscaux à vos amis, vous devez en assumer les conséquences. Une fouille chez Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Économie.
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Le Lot devra se passer de 8 millions d’euros
Car le Lot sera privé de pas moins de 8 millions d’euros. Un coup dur au vu des efforts déjà consentis. « On nous a pris 12 millions d’euros en 2024, sans concertation, et surtout sans compensation financière. Il s’agissait alors de payer les augmentations de salaire des agents publics, des aides à domicile, du RSA, etc. Cette décision de l’État était légitime, nécessaire et même absolue. Mais le problème est qu’être généreux sans apporter de compensation ou de revenus aux collectivités locales relève de l’amateurisme.
La pilule est difficile à avaler pour Serge Rigal qui tient à souligner que le Lot a divisé par deux sa dette depuis 2015, que dans le même -, le Département a doublé ses investissements, passant de 25 à 30 M€/an à 50 à 50 €. 60 millions/an, depuis 2022.
La question est donc de savoir où trouver 8 millions d’euros d’économies à réaliser en 2025 ? « Un budget d’investissement ne se prévoit pas la veille pour le lendemain ; mais souvent plusieurs années à l’avance. Pour 2025, des engagements sont pris à hauteur de 45 millions d’euros et nous avons l’obligation de les tenir. Ainsi, j’ai signé la lettre de commande aux entreprises pour la construction du pont de Castelfranc il y a deux mois, donc nous allons le faire si c’était aujourd’hui, je ne la signerais pas.
Ces projets maintenus en 2025
Ne seront pas concernés : la dérivation de Vayrac (en cours), la côte de Cluzel (début des travaux en 2025), la caserne d’incendie et de secours de Cahors dont les terrains seront déboisés la semaine prochaine pour permettre le démarrage prochain du chantier. La caserne Catus avec la pose de la première pierre prévue le 14 décembre, la caserne Salviac en continuité et celle de Montcuq si l’Etat tient ses engagements. Quant à la voie verte, elle est gérée par un syndicat paritaire, dans lequel intervient le département. «Nous avons fourni beaucoup de financement pour le lancement du syndicat, ce qui nous permet de réaliser les travaux sur les deux prochaines années, sans que le Ministère ait à céder une part», explique Serge Rigal.
« Dans deux ans, cela aura des conséquences dramatiques pour nos entreprises »
Pour 2025, comme pour 2026, le conseil départemental ne peut plus revenir en arrière et devra assumer un niveau d’investissement encore élevé, même s’il sera légèrement inférieur. Après, ce ne sera plus la même histoire, comme l’avoue Serge Rigal. “Dans deux ans, cela aura des conséquences dramatiques pour nos entreprises.” Dans l’immédiat, l’un des leviers que voit l’élu départemental est l’entretien des routes. « Ce n’est pas le bon levier, j’en suis conscient et il y aura des conséquences, mais il faut trouver des options. Nous pouvons reporter les travaux d’entretien des routes ou des bâtiments. Je remets tout ça à plus tard. Une diminution des investissements dans les hautes écoles, qui étaient jusqu’alors assez élevés, pourrait également être envisagée.»
Quant aux compétences sociales, qui représentent 60 % du budget du Département, c’est une autre histoire. « Les aides, RSA, APA… sont fixés par la loi, vous y avez droit ou pas. Alors, devrions-nous limiter nos actions sociales ? Ces 8 millions d’euros d’économies doivent-ils concerner les plus pauvres « d’entre nous » ?, souligne le président qui sera contraint de reporter au 20 janvier le débat d’orientation budgétaire qui se tient habituellement en décembre, faute de validation des Finances du Gouvernement. Loi qui doit être votée le 12 décembre et qui prévoit de réduire le déficit budgétaire en dessous de 5% du PIB en 2025, face à une dette du pays de 3 228 milliards d’euros.
Tout est dit, les Lotois ont pris leurs responsabilités, laissons le gouvernement faire de même, mais ne comptez pas sur Serge Rigal pour être l’oiseau de mauvais augure en 2025 dans les foyers du département. « Il suffit à Michel Barnier de le faire », conclut-il.