Par
Arielle Bossuyt
Publié le
1 décembre 2024 à 8h24
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1957. Algérie est engagé depuis trois ans dans une guerre pour son indépendance. Alors que le Front de libération nationale algérien multiplie actes terroristesl’armée française utilise tous les moyens pour rétablir l’ordre et cela passe notamment exécutions sommaires.
Pour ce faire, elle ritualise ces tueries en utilisant la guillotine. Une manière de les rendre visibles au grand public afin d’éteindre toute envie de rébellion. C’est aussi une manière d’établir un cadre autour de ces exécutions car « il est dangereux de donner des habitudes meurtrières à des jeunes qui, revenus à la vie civile, risquent d’avoir perdu le sens des réalités et le respect de la vie humaine », écrit Roger Delaporte dans son livre Les grandes affaires pénales de l’Eure.
Fin de la guillotine en 1977
Pour rappel, la guillotine est née avec le Révolution française. Au fil du temps, il fut de moins en moins utilisé. En France, le dernière décapitation a eu lieu le 10 septembre 1977. Cependant, pendant la guerre d’Algérie, son utilisation s’est accrue « pour punir les indépendantistes algériens ».
200 condamnés exécutés
Afin de mener à bien cette tâche désastreuse, Fernand Meyssonnier, bourreau officiel, est envoyé en Algérie. Lui-même fils d’un bourreau, il devient l’assistant de son père à Alger à l’âge de 16 ans. En quatre ans, Fernand Meyssonnier exécute 200 condamnés à Alger. Les tueries se succèdent.
Pour tenir le rythme, il faut fabriquer une nouvelle guillotine qui sera surnommée, de mauvais augure, La Dernière Veuve.
L’Etablissement de Réserve d’Équipement Général, basé à Vernon (Eure), est chargé de construire cet outil. Nous nous basons sur les plans de la guillotine du prison de santé, à Paris, construite par Alphonse Berger en 1872. Ainsi, ce qui sera la dernière guillotine française fut construite à Vernon dans la caserne Fieschi.
Cependant, les tests ne se sont pas révélés concluants et aujourd’hui, on ne sait pas ce qu’est devenue la guillotine fabriquée à Vernon.
« Dans les sous-sols du Musée national pénitentiaire de Fontainebleau (Seine-et-Marne), il reste encore deux guillotines revenues de La Réunion et de Guadeloupe mais nous avons perdu la trace de la dernière veuve, pour cause de secret militaire. »
L’un des derniers bourreaux français
Quant à Fernand Meyssonnier, il fut l’un des derniers bourreaux français. En 2007, il témoigne devant les caméras de France 2, évoquant son passé de « bourreau », terme qu’il déteste.
« Si l’État nous a acceptés, c’est parce que nous étions justes et sans haine envers les condamnés. C’est au procureur, au juge, aux jurés, au président de la République, de culpabiliser éventuellement. J’étais le dernier échelon. Et j’en suis fier, encore aujourd’hui ! »
Une mission qui laisse cependant des traces puisqu’il se souvient encore de sa première exécution : « J’ai vu le condamné sortir, les quelques marches. La lame est tombée. Je me sentais tellement opprimé. »
Dans 1961Fernand Meyssonnier quitte l’Algérie pour vivre sous les tropiques, en Polynésie française, loin de ces souvenirs. Signe que ce rôle a eu un impact sur lui : jusqu’à sa mort en 2008, il a conservé tous ces objets qui l’accompagnaient dans son quotidien de bourreau : diapositives, registres, notes de frais, etc.
Sources Les grandes affaires pénales de l’Eure par Roger Delaporte et l’article de l’INA, Les souvenirs d’un des derniers bourreaux français.
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