Déjà trente et une personnes sont mortes sur les routes de la métropole lyonnaise ces douze derniers mois. Incivilités, conduite dangereuse, sensibilisation, aménagement, amendes, les enjeux de sécurité routière sont nombreux pour les acteurs publics. Dans ce contexte, la majorité écologiste vise le zéro accident mortel d’ici 2050. Une première pour une collectivité française.
Contrairement aux radars automatiques qui flashent les automobilistes incriminés, les radars pédagogiques n’indiquent que la vitesse des voitures. Souriants ou au contraire en colère et sans menace d’amende, ni de retrait de points sur le permis, ils ne font peur à personne. Une qualité pour qui veut comprendre comment les véhicules circulent à Lyon. Il y en a vingt-deux dans la ville, tous situés en centre-ville, installés »dans les endroits qui nous paraissent les plus accidentogènes», précise Fabien Bagnon (EELV), vice-président à la Métropole de Lyon en charge de la mobilité, responsable de ces radars. Parce qu’ils ont peu ou pas d’influence sur le comportement des automobilistes, ils offrent une image réaliste du comportement du conducteur. Pourtant, les informations recueillies sur les vingt-deux radars pédagogiques sont devenues publiques. Les résultats sont cruels : sur la majorité des routes les plus dangereuses de la ville, les limitations de vitesse – souvent fixées à 30 km/h – ne sont pas respectées. Plus grave encore, des pointes dépassant trois, voire quatre fois la vitesse maximale autorisée ont également été enregistrées.
Lire aussi : Lyon : une enquête ouverte par TCL après un accident entre un automobiliste et un vélo
Ces questions revêtent pourtant une importance vitale. Trente-cinq personnes sont mortes et plus de deux mille ont été blessées sur les routes de la métropole lyonnaise l’an dernier. Des chiffres en ligne avec la moyenne de la décennie malgré des progrès depuis 2019 [voir tableau p. 38]. Au total, il y aurait environ -30% d’accidents selon les données de la préfecture du Rhône. En effet, en 5 ans, les services métropolitains ont relevé -44% d’accidents impliquant des piétons, -11% pour des vélos, -36% pour des véhicules légers et -50% pour des deux-roues. Dans le détail, Lyon représente la moitié des accidents de la métropole. Pour y faire face, les autorités, collectivités territoriales et l’Etat, travaillent principalement avec trois leviers dont la répression via les amendes, les radars et les contrôles ; des aménagements en séparant au maximum les usages ; et la communication à travers des campagnes de sensibilisation. Rien de nouveau sous le soleil. Pour toutes les parties prenantes concernées, un consensus s’impose : les marges d’amélioration restent importantes.
Vision Zéro : un idéal ou un objectif ?
Dans ce contexte, la nouvelle majorité écologiste à la tête de la Ville et de la Métropole s’est fixé de nouveaux objectifs en intégrant «Vision Zéro». L’idée, importée de Suède, est simple en apparence : tendre vers une année sans accident mortel sur son territoire. De quoi semer le doute sur les intentions réelles tant cette voie semble hors de portée. Réponse de Fabien Bagnon : «Il ne s’agit pas du tout d’un idéal inaccessible, mais d’un véritable objectif politique. Certains pays y parviennent. En France, nous sommes encore dans le ventre mou de l’Europe. Allez voir ce qui se passe à Oslo. Il n’y a eu qu’un seul décès en 2019, sur les routes, alors même que leur réseau est comparable à celui de Lyon. Mais cela prend du temps. Ils ont mis 25 ans.» Une manière de montrer que les accidents posent aussi une question morale aux cadres. Selon l’élu, face aux accidents mortels, «c’est la seule réponse politique valable, éthiquement acceptable. Il n’y a pas de pertes raisonnables dans notre stratégie comme certains pourraient le croire». En effet, depuis février 2020, la France a signé la Déclaration de Stockholm, s’engageant à réduire de moitié le nombre de morts et de blessés graves sur les routes d’ici 2030, et à atteindre l’objectif ultime de zéro mort sur les routes. ici 2050. En ce sens, la Métropole a signé une charte avec dix-sept mesures concernant toutes les parties prenantes (Etat, communes, Métropole, Sytral, etc.). Une proposition plutôt consensuelle mais qui faisait encore sourciller l’opposition de droite – par la voix de l’édile Gaël Petit (LR) – au moment du vote. Le groupe (LR) de Philippe Cochet y voit un transfert de responsabilité de la voirie vers les communes ainsi qu’une attaque déguisée contre les automobilistes. Difficile en effet de cacher que la voiture est impliquée dans 85 % des accidents de la métropole lyonnaise. Près d’un automobiliste sur cinq circulant à Lyon a un comportement dangereux au volant selon une étude de l’assureur MMA.