Silicose et autres maladies immunitaires
Les cristaux de silice sont très très petits. “Donc si on les inhale, cela va aller très loin dans les voies respiratoires, jusque dans les alvéoles des poumons. Et là, cela conduit à une toxicité : cela détruit les alvéoles des poumons, qui sont des structures très fragiles, qui n’ont pas un grand potentiel de régénération. Une fois les alvéoles détruites, elles ne seront pas remplacées par de nouvelles alvéoles, mais par des cicatrices.. Cela conduit progressivement à une insuffisance respiratoire.“
“Exposition à la silice, même à des niveaux combinés relativement faibles, avec un risque accru de cancer, y compris le cancer du poumon» souligne le pneumologue. Mais cela augmente également le risque de déclencher des maladies auto-immunes.
Comme les particules de silice sont très petites, elles sont prises en charge par les cellules de notre système immunitaire situées dans les poumons, appelées macrophages. “Cela va stimuler très fortement l’immunité, provoquant des maladies immunitaires comme la sclérodermie ou la polyarthrite rhumatoïde..»
Plus l’exposition est grande, plus le risque est grand
Il y a moins de silicose en Belgique aujourd’hui qu’à l’époque de l’exploitation minière et de l’industrialisation massive. “Le Royaume-Uni est actuellement au milieu d’un débat visant à rediscuter des normes d’exposition pour les travailleurs, car c’est un pays où des mines sont actives. Jusqu’à présent, la norme était de 0,1 mg par mètre cube de silice par mètre cube d’air. Là, vu le nombre de cas de silicose, on se rend compte qu’il faudrait réduire la norme par deux.“
Le problème est le respect des normes. “Ils ont été élaborés sur la base de 8 heures de travail par jour, cinq jours par semaine… Alors un freelance qui pousse jusqu’à 10 heures, en travaillant le week-end, augmente le risque. Et puis parfois, on oublie de porter son masque ou on a trop chaud… Le problème c’est le manque de protection : j’ai des patients atteints de silicose qui sont un peu comme des indépendants sur les chantiers et ne respectent pas les normes de protection.»
Maladies professionnelles en Belgique
Fedris, l’agence fédérale des risques professionnels, qui s’occupe des travailleurs du secteur privé et des administrations provinciales et locales, recense 116 personnes frappées d’incapacité pour cause de silicose et 127 pour sclérose systémique, une maladie caractérisée par des phénomènes vasculaires (doigts blancs, phénomène de Raynaud, etc. ) et par fibrose de la peau et d’autres organes internes, notamment les poumons et le tube digestif, favorisée par l’exposition à la silice.
La majorité des travailleurs touchés par la silicose sont issus de l’industrie extractive (mines, carrières), avec 69 cas sur un total de 116, mais on constate une augmentation inquiétante du nombre d’artisans touchés : 10, donc six cas reconnus en 2023.
“L’importance de ce phénomène n’est pas encore cartographiée en Belgique», a déclaré le SPF Emploi dans son rapport de septembre dernier, qui s’inquiétait de l’augmentation alarmante de l’incidence de la silicose parmi les travailleurs travaillant dans le composite de quartz. Le SPF s’est également alarmé de le fait que les jeunes peuvent être touchés : « Les problèmes de santé apparaissent parfois dès le plus jeune âge, après une courte période de latence. En Belgique aussi, de tels cas sont signalés.»
Ce constat a incité la direction régionale de Flandre occidentale à mener une campagne d’inspection, qui a ensuite été étendue à la Flandre orientale, ainsi qu’une campagne de mesures réalisée par le laboratoire d’hygiène du travail.
La direction régionale et le SPF Emploi ont constaté que dans de nombreuses entreprises, le quartz composite n’est que peu exploité. “Nous menons une campagne quartz dans tout le pays, précise le SPF Emploi. Lors des contrôles, nous essayons d’inciter les entreprises à utiliser d’autres équipements non ou moins dangereux. De manière générale, on peut affirmer qu’il est nécessaire de sensibiliser et d’informer davantage les employeurs sur les dangers de la poussière de quartz respirable et sur l’importance de réduire l’exposition au niveau le plus bas possible..»