La bataille s’organise pour la récupération de la Croix de Marine – .

La bataille s’organise pour la récupération de la Croix de Marine – .
La bataille s’organise pour la récupération de la Croix de Marine – .

Faire vite. C’est à peu près le seul sujet sur lequel les repreneurs potentiels de la Croix Marine et les salariés s’accordent. Depuis le 27 mai et la suspension, par arrêté préfectoral, de l’autorisation de l’association en charge de 1 461 majeurs protégés, l’avenir de la cinquantaine de salariés est flou. Le préfet a même dû publier un deuxième arrêté le 14 juin pour préciser le fonctionnement de la structure dans les six prochains mois. Une intersyndicale est également montée au créneau pour tenter de sauver des emplois, alors même que la structure sera liquidée à l’issue du délai.

Un PSE pour encadrer les départs

Les trois opérateurs locaux, déjà en charge des majeurs protégés, se sont positionnés pour une reprise des activités de la Croix Marine. Mais il s’agit d’une reprise partielle de l’activité, sans que le personnel soit automatiquement embauché. Parmi eux, l’Udaf, la Croix-Rouge et l’Apap, dirigée par Ruth Dijoux, une ancienne membre de la Croix Marine, qui avait dénoncé des malversations en 2014. Elle justifie son refus de se faire embaucher par un autre opérateur local. « liberté de recrutement » : « Le problème est qu’il y a une enquête et un procès en cours pour harcèlement moral, justifie ce dernier. Personne ne veut reprendre le personnel dans un contexte social aussi délétère et sous la menace d’une enquête pénale. Je suis le premier à avoir dit qu’il fallait sauver les représentants qui n’en sont pas responsables, c’est pourquoi j’avais fait des propositions individuelles car j’étais certain que ces personnes n’avaient rien à voir avec le contexte.

Ajoutées aux précédentes sorties médiatiques de Ruth Dijoux, ces propositions ont été particulièrement mal accueillies par l’intersyndicale. « Elle veut profiter de la situation, tacle Yannick Galais, de la CFDT. Parmi les 57 salariés, majoritairement des femmes, certains ont 10, 20 ou 30 ans d’ancienneté. Nous souhaitons mettre en place un Plan de Sauvegarde de l’Emploi pour garantir une indemnité minimale aux personnes qui veulent partir. Il y aura forcément des départs, car certains salariés sont dégoûtés du système.

Le représentant syndical souhaite que ce PSE soit signé d’ici la fin août. Il milite également pour une reprise totale. C’est-à-dire de l’activité de la Croix Marine et de son personnel. “C’est possible, assure ce dernier, « Parce que les financements sont là. L’association est en bonne santé économique. » Et de rappeler que le mouvement de grève des travailleurs avait été suspendu en juin suite à une réunion avec le préfet et la direction du travail. « Le préfet s’est engagé à tout faire pour sauver tous les emplois »insiste Yannick Galais.

Mais, au fil du temps, l’association voit le nombre de ses protégés diminuer. A chaque fois qu’un dossier arrive à échéance, son renouvellement est confié à une autre association. Les services judiciaires respectent ainsi l’arrêté préfectoral selon lequel la Croix Marine ne peut plus « voir le renouvellement des mesures qui lui avaient déjà été confiées. »

« UN GESTE DE SOLIDARITÉ »

Au-delà des trois associations déjà présentes dans ce secteur, de nouveaux opérateurs pourraient émerger. Le groupe SOS, entité d’envergure internationale, présente à La Réunion via l’Association Aide et Protection de l’Enfance et de la Jeunesse (AAPEJ)a donc postulé. Mais, selon nos sources, elle s’est désistée ou n’a pas été retenue par les services préfectoraux. « Nous savons que les associations font des propositions. Mais, pour des raisons inexpliquées, ces propositions n’arrivent pas au CSE »râle Yannick Galais. Un autre groupe, déjà présent dans le secteur médico-social, serait également prêt à postuler. Son nom n’a pas fuité jusqu’à présent.

Au milieu de ces discussions, le sort des majeurs protégés, des personnes placées sous tutelle ou curatelle en raison de leur état physique ou mental, devrait également guider le choix du repreneur. C’est pour assurer leur bonne prise en charge que le préfet a mis un terme à l’autorisation de la Croix Marine, gangrenée par de multiples problèmes de fonctionnement. Les potentiels repreneurs démentent même tout opportunisme. « Vous savez, la reprise partielle de l’activité n’est pas une opportunité, confie Ruth Dijoux. “Cela ne change rien à nos salaires. C’est plutôt un geste de solidarité envers les adultes qui souffrent et les salariés qui méritent d’être sauvés.”

Un rapport contre

« La Croix Marine n’est pas en mesure de répondre aux facteurs de risques, aux carences et aux dysfonctionnements constatés. » En une phrase, la mission d’inspection résume, dans son rapport, les raisons qui ont conduit le préfet à suspendre l’agrément de l’association. L’inspection a été menée en février et mars suite au rapport de l’ancien président rendu début février. Ce dernier faisait état de vols sur des majeurs protégés au cours de l’année dernière. Ces derniers ont fait l’objet de plaintes et les représentants soupçonnés d’en être à l’origine ont été licenciés. L’inspection écrit également dans ses conclusions finales que « La déficience de l’organisation générale a permis la survenue d’événements et d’actes frauduleux graves. La structure, dans sa réponse, ne garantit pas que d’autres pratiques de ce type seront détectées ou ne se reproduiront pas. » Elle ajoute que « La santé, la sécurité et le bien-être des personnes prises en charge sont donc compromis. »

Jean-Philippe Lutton


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