Par
Tifenn Lorcy
Publié le
30 novembre 2024 à 18h20
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Dans sa mairie, à Perrier (Vendée), elle dispose de deux tiroirs et demi de cahiers remplis de notes. « Je prends note de chaque rendez-vous que j’ai ! » sourit-elle. Des années de mandat, au service de la communauté, sont consignées dans ses carnets.
Rosiane Godefroy est élu chez Perrier depuis 1995, commune de 2000 habitants au coeur du Marais Breton. Elle recevra prochainement la plus haute distinction nationale française, la Légion d’honneur.
Originaire de la Sarthe
Elle a été promue au rang de chevalier pour « 49 ans de services », selon l’annonce parue au Journal officiel le 9 juillet. Lorsqu’elle l’a appris, elle a été « très émue ». Elle avait déjà reçu la Médaille Nationale de l’Ordre du Mérite en 2012. Mariée, elle est mère de deux enfants et grand-mère de quatre petits-enfants.
Rosiane Godefroy est née à Vaas, dans la Sarthe, dans une famille qui possédait un hôtel-restaurant au cœur de la ville. Son père était ambulancier, et impliqué dans sa commune en tant que conseiller municipal. Sa mère était notamment chargée de faire retentir la sirène d’incendie.
La reprise de l’entreprise familiale
Son parcours est étroitement lié à son histoire familiale, puisque très jeune, elle a dû reprendre les rênes de l’entreprise familiale. «Je voulais étudier la médecine. Je pensais que je ferais du travail humanitaire. Finalement, j’ai étudié l’analyse médicale, puis j’ai repris l’hôtel-restaurant », résume-t-elle.
En effet, son père étant tombé malade, il fallait assurer la continuité.
« Les gens revenaient année après année »
Elle n’avait que 20 ans lorsqu’elle a repris l’entreprise familiale avec son mari. Ses deux frères sont cuisiniers dans la Sarthe. Et ses parents possèdent également un établissement à Perrier.
Ils ont décidé d’investir en Vendée, car ce département attire les touristes. « Deux aventures pour trois couples, ce n’était pas possible. Nous avons décidé d’acquérir un établissement à Megève », souligne-t-elle. En effet, elle et son mari ont découvert ce lieu au milieu des années 1970. Ainsi, la famille Godefroy passe l’hiver à Megève et la saison d’été en Vendée, au Perrier, pour gérer l’hôtel-restaurant.
Dans nos établissements, il y a toujours eu un esprit de famille, les gens reviennent d’une année sur l’autre
Dans les années 1990, le couple et leurs deux enfants se concentrent en Vendée et s’installent à Perrier à l’année, afin de pour développer l’entreprise, l’auberge Le Relaisqui se situe sur la Route de Challans.
En tant que chef d’entreprise, elle a toujours cherché à « monter en gamme et avoir des certifications ». Tous en distinguant ses deux chapeaux : « Si quelqu’un venait me voir à mon hôtel pour une affaire municipale, je le retrouverais à la mairie », explique-t-elle.
« L’opportunité de m’impliquer dans ma communauté »
Michel Couton, maire de Perrier à l’époque, est son voisin. « Il m’a demandé si j’étais intéressé par le conseil municipal de Perrier. Je me suis dit que c’était l’occasion de m’impliquer dans la communauté. Elle est élu conseiller municipal en mars 1995. « Je voulais développer le tourisme à Perrier. C’est une jolie commune, qui possède un patrimoine naturel intéressant. »
Elle s’implique ensuite dans la commission du tourisme. « J’ai immédiatement proposé d’adhérer au syndicat du Pont d’Yeu. » Cette union, qui deviendra plus tard Vendée des Iles, n’existe plus aujourd’hui. Elle l’a présidé pendant 19 ans. « J’ai beaucoup travaillé sur le développement touristique et la préservation du patrimoine naturel. Je suis sensible à la qualité et à l’attractivité de l’environnement.
Majeur depuis 2008
D’ailleurs, cette distinction nationale « lui donne de l’énergie pour continuer », d’autant qu’elle est proposée par le ministère de la Transition écologique.
En 2001, elle devient première adjointe. En 2008, elle est élue maire de Perrier. “Viviane Raballand ne voulait pas se représenter, elle m’a proposé de diriger une équipe.” Elle devient également première vice-présidente de la communauté de communes Océan Marais de Monts, aux côtés d’André Ricolleau.
« Savoir faire preuve d’humilité »
Dans un monde d’élus majoritairement masculins, elle estime qu’« il faut parler plus fort pour être écoutée. » Mais précise queelle ne parle que des sujets qu’elle « maîtrise ». Pour concilier vie professionnelle et vie publique, et surtout investir sur son territoire, elle a « embauché quelqu’un à plein temps » dans l’hôtel-restaurant. Mais j’ai gardé un pied dedans.
J’ai toujours travaillé en même temps. C’est ce qui m’amène. Il faut savoir faire preuve d’humilité.
Tout au long de sa vie politique, elle suivi de nombreuses formations. « Je voulais que le marais breton soit mis en valeur, je ne le trouvais pas assez lisible. »
Sa principale fiertéla création de Déambulqui propose de nombreuses activités tout l’été, dont des balades en skiff. « Il a fallu convaincre et monter le projet. Puis convaincre les élus. Jusqu’à présent, les canaux étaient plutôt vécus comme quelque chose de subi et non comme quelque chose à développer. »
“Prendre conscience que c’est un environnement fragile”
Le marais breton compte 35 000 hectares de zone Natura 2000 et de zones humides. Rosiane Godefroy est convaincu que préservation de l’environnement et maintien de l’activité économique ne sont pas incompatibles.
En octobre 2022, à l’appel de la fédération des chasseurs vendéens, un millier de personnes ont manifesté contre un projet de parc naturel dans le marais. Projet qui n’est pas à l’ordre du jour, puisqu’il s’agissait d’une visite interministérielle. ” À mon avis, cet événement a fait prendre conscience à de nombreuses personnes qu’il s’agissait d’un environnement fragile ».
Rosiane Godefroy espère qu’une réserve naturelle pourra être créée « autour de Daviaud ». Elle travaille le Département sur ce sujet. Elle travaille également avec Jean-Yves Billon et Claude Caudal sur la qualité de l’eau de la baie de Bourgneuf.
Un club de majorette à 15 ans
Rosiane Godefroy ne sait pas encore si elle se représentera en 2026. Le poste de maire est un « super poste ». Être en proximité directe avec les locaux est un vrai bonheur. »Rosiane Godefroy a commencé son engagement communautaire très jeune, à l’âge de 15 ans. « J’ai créé un club de majorettes ! J’y suis resté jusqu’à mes 20 ans. »
Pour se protéger des agressions, que peut subir tout élu local, Rosiane Godefroy s’est toujours interdite d’être sur les réseaux sociaux. “Je ne veux pas!” » dit-elle.
Une équipe soudée à ses côtés
Elle sait aussi pouvoir compter sur une équipe, « des gens qui m’ont soutenue ». Et la prochaine génération ? « Le rôle d’élu local n’est pas un métier, mais il apporte beaucoup d’avantages. Il faut être curieux, aimer les gens. Les jeunes peuvent commencer par s’impliquer dans la vie locale. S’ils ont la possibilité d’intégrer un conseil municipal, qu’ils le fassent, c’est intéressant. J’ai aussi eu la chance d’avoir le soutien de ma famille. »
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