La France doit-elle être gouvernée par la jeunesse ? – .

La France doit-elle être gouvernée par la jeunesse ? – .
La France doit-elle être gouvernée par la jeunesse ? – .

LLa testostérone a recouvert la politique d’une vague d’adrénaline. C’est l’une des leçons à tirer de la confrontation entre Gabriel Attal (34 ans), Jordan Bardella (28 ans) et, jusqu’à nouvel ordre, Manuel Bompard (38 ans). Leur âge n’est plus un enjeu, et pourtant, il n’est pour rien dans la physionomie de la campagne législative ni dans l’incroyable vitesse à laquelle la France change.

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Avec son élection en 2017, Emmanuel Macron avait accéléré l’écriture de l’Histoire, accru la tension, l’énergie, le tempo d’un pays qui s’était habitué à la langueur et à la nonchalance des derniers présidents du système bipartisan partagé entre l’UMP et le PS. Il n’avait sans doute pas prévu d’être rejoint dans sa course par des individus encore plus jeunes.

Au début du XVIe siècleet siècle, le règne de la jeunesse

Les conflits entre générations sont l’une des guerres secrètes les plus violentes de l’humanité. Tout simplement parce que l’une aspire toujours à remplacer l’autre, de préférence le plus vite possible. Et la vieillesse se défend avec des arguments qui se résument en des termes volontairement imprécis : l’expérience, la sagesse, l’habitude. Ouais. Autant de prétextes pour gagner du temps et ne pas se laisser remplacer par une force invincible, la jeunesse.

L’histoire est le reflet de l’époque de ceux qui la font. Au début du XVIe siècleet siècle, trois garçons d’une vingtaine d’années, le roi d’Angleterre, Henri VIII, de France, François IerestL’empereur Charles Quint, tous nés entre 1490 et 1500, fit entrer l’Europe dans l’ère de la jeunesse en redonnant une vigueur nouvelle à l’idéal de chevalerie, faisant la guerre, se déchirant, se réconciliant, toujours à cheval, traversant le continent et les mers, de Madrid à Vienne en passant par Paris et Calais, où eut lieu la fameuse réunion du Camp du Drap d’Or, si bien décrite dans ce merveilleux livre de Guillaume Frantzwa paru il y a quelques années, 1520 (Éditions Perrin, 2020).

Bref, ces garçons ont rajeuni leur civilisation dans un brouhaha de post-adolescents impatients de reprendre le cours de la vie. L’importance de l’âge se vérifie aussi lors du passage d’un règne à l’autre.

Louis XIV, qui avait éclaboussé le XVIIeet siècle de son génie, de sa grandeur, de son audace, de son raffinement, de ses victoires, aura fini par lasser tout le monde, à commencer par la France, pendant les quinze dernières années de son interminable règne. La jeunesse et la vigueur de Louis XV, après l’intermède de la régence, formeront un contraste favorable avec la monarchie.

Pourquoi la « jeunesse » ne veut pas dire grand-chose

Le cycle du pouvoir suit celui de la vie, le « Bien-aimé » vieillira, et décevra aussi. Il faut avoir de la chance, comme Henri IV, de mourir assassiné pour éviter l’impopularité induite par la vieillesse. Quelle tristesse de survivre à soi-même. Napoléon Bonaparte aura, presque à lui seul, accéléré le rythme du XIXe siècleet. Et ce n’est pas un hasard si Paul Morand a intitulé un essai Napoléon, un homme presséoù il écrit : « Bonaparte est un éditeur qui écrit une page de génie pendant que les presses tournent. »

Durant cette campagne législative, les chefs de parti sont toujours leaders, mais en marge. Ce qui, en politique, n’a rien d’anecdotique. Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron (même s’il n’a que 46 ans) vivent une injustice, celle d’avoir réalisé, seuls ou presque, des performances électorales incomparables, d’être les créanciers de ministres, de députés, de collaborateurs, et d’en être finalement mal récompensés. C’est ne rien comprendre au sens de la vie que de s’en plaindre. La mort est-elle une juste récompense pour avoir vécu ? Tout ce qui vit doit périr.

La jeunesse n’est pas un décret, c’est pourquoi « jeunesse » ne veut pas dire grand-chose. Appartenir à une génération ne garantit rien, si ce n’est la connaître. Comprendre ses problèmes, son vocabulaire, partager son état d’esprit, sa façon de penser, bref, autant de détails qui forment un tout que l’on appelle un individu et sa vision du monde. La prise en compte de la réalité se fait au prix de cette compréhension.

Cela étant dit, confier le gouvernement de la France à un homme de 28 ans sans expérience (en la matière) n’est pas acquis. C’est d’autant plus vrai que Jordan Bardella ne s’est distingué ni par son implication ni par son travail au Parlement européen. Quant au Rassemblement national en général, ses performances à la tête des mairies remportées aux dernières élections municipales ne sont pas flamboyantes, comme en témoigne l’état de la ville de Perpignan.

On nous rétorquera qu’Emmanuel Macron était lui-même jeune quand il est devenu président, ce qui est vrai, mais on oublie aussi qu’il était entouré de Gérard Colomb, de François Bayrou, de Jean-Yves Le Drian, de Richard Ferrand, dont on peut penser ce qu’on veut, mais qui avaient l’expérience de l’État. Ce n’était une garantie de rien, mais c’était rassurant. Diriger la cinquième puissance mondiale n’est ni une question d’opportunité ni d’opportunisme.

La France est-elle condamnée à élire des gens extraordinairement jeunes dont les compétences laissent à désirer ? Cette équation, potentiellement défavorable à la bonne gouvernance, implique l’obsolescence des plus anciens, et probablement, hélas, leur échec. Même si faire mal n’oblige pas à faire pire.

 
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