Au cours des vingt-six minutes de débat entre les deux candidats de la première circonscription sur TV Tours, Charles Fournier (NFP, 45, 32%) et Benoist Pierre (Ensemble pour la République, 24,33%) s’accordent sur au moins un point : leur inquiétude face aux scores du Rassemblement national. Ils ne s’étendent pas sur les raisons d’une telle percée, mais évoquent le sentiment d’isolement, la déception des différents partis. Pour le reste des sujets, ils diffèrent. Mais ils l’ont exprimé avec calme, sans punchline (petite phrase) placée au bon moment comme une banderille dans une corrida ou pour être reprise sur les réseaux sociaux.
Le député sortant Charles Fournier (Nouveau Front Populaire) a obtenu 45,32% au premier tour des élections législatives dans la première circonscription d’Indre-et-Loire.
© (Photo NR, Hugues Le Guellec)
Le candidat de gauche n’a pas attaqué Benoist Pierre pour son soutien à la politique présidentielle et ce dernier n’a pas agité le drapeau rouge de la suppléante LFI (Marie Quinton) du député sortant. Interrogés par les journalistes Mikaël Texier et Pierre Veillé, les deux candidats ont eu de forts avis divergents sur les questions économiques.
Deux visions de l’économie et de l’écologie
Charles Fournier a défendu l’augmentation du Smic à 1.600 euros, la conférence sur les salaires et le blocage des prix. « Dans les Outre-mer, ce blocage existe déjà et heureusement, sinon la vie des gens serait insupportable. La pauvreté a augmenté pendant les sept ans de présidence Macron. C’est une réalité concrète, il faut amorcer la relance. Avec cette augmentation du Smic, c’est la faillite annoncée : 500 000 chômeurs de plus. Il y a déjà un déficit de 150 milliards par an. Nous sommes pour une réalité concrète et vous êtes pour un fantasme de société qui va provoquer son effondrement. Avec une inflation à 4 %, la France a mieux résisté que des pays qui ont été confrontés à +7, +8 ou +9 %.
Benoist Pierre (Ensemble pour la République), candidat pour la première fois, obtient 24,33%.
© (Photo NR, Hugues Le Guellec)
Le candidat d’Ensemble pour la République réclame une baisse des cotisations patronales et une relance par le travail. « Mais moins de cotisations signifie moins pour la santé », rétorque Charles Fournier. « Avec Mélenchon comme Premier ministre, les marchés s’effondrent » affirme Benoist Pierre, qui approuve la rénovation du parc nucléaire.
L’écologie divise aussi les deux candidats. Benoist Pierre s’en prend aux « normes », préférant une approche plus pragmatique. « L’écologie de Charles Fournier, c’est la Zone à Faibles Emissions (LEZ), la loi Zéro Artificialisation Nette. Vous êtes partie prenante de tout cela, on ne prévient personne et on impose. Le fonds vert a permis la rénovation de 2,5 millions de logements. Le résultat en termes de décarbonation a été six fois meilleur que sous Hollande ! » « La ZFE, la ZAN, mais c’est sous Macron, a répondu le candidat écologiste. Vous dénoncez les normes, mais sans dire lesquelles. Ce n’est pas nous qui avons retiré 1 milliard d’euros du fonds vert. Nous sommes favorables aux 30 milliards d’investissements annuels du rapport Pisani-Ferry (du nom d’un économiste). Le débat se poursuivra dimanche, dans les urnes.
