Le gouvernement du Québec a donc décidé. Au lendemain du dépôt du rapport Infra de la CPDQ sur la mobilité dans la grande région de Québec, en juin dernier, le premier ministre du Québec, François Legault, s’est engagé à construire un pont vers l’est.
Par Steven Blaney
En fait, François Legault réitérait un engagement pris il y a six ans, en 2018. Il voulait chasser les libéraux du pouvoir pour former le gouvernement et leur prendre la circonscription de Bellechasse. Il y parviendrait et formerait deux gouvernements majoritaires. À l’époque, la CAQ avait promis « le début des travaux d’un troisième lien entre Québec et Lévis dès le premier mandat ».
Depuis, ce projet est devenu une saga incroyable qui monopolise le débat public et attise les passions, sans que rien ne se passe.
Or, il faut un véritable plan de mobilité urbaine et régionale intelligente qui tienne compte des besoins de Lévis et de Québec, mais aussi de la périphérie et des régions. Or, ce qui est étonnant lorsqu’on lit le rapport de la CPDQ Infra, dont le mandat portait sur la mobilité, c’est que ses recommandations ne portent que sur le transport collectif urbain, un pilier crucial de la mobilité dynamique, mais pas le seul!
Déjà en 2018, François Legault affirmait que « le troisième lien sera un outil de développement et d’avenir qui viendra compléter le nouveau projet de transport en commun de Québec ». Il mentionnait que les goulots d’étranglement créés par la présence des deux ponts actuels l’un à côté de l’autre ralentissaient la circulation et le développement économique. Il ajoutait même que le gouvernement pourrait en faire davantage pour aider Lévis, une ville en plein essor, à poursuivre sur sa lancée, qu’elle mériterait d’avoir les outils « pour accroître son développement économique et démographique ». En fait, la portée d’un lien autoroutier vers l’est va bien au-delà de Québec et de Lévis.
Et le ministre Drainville affirme maintenant la nécessité de livrer une alternative au pont Pierre-Laporte « sans perdre de temps » pour permettre aux camions de marchandises de traverser le fleuve.
Mais il y a plus que la sécurité routière :
– Un lien autoroutier vers l’est complète la ceinture périphérique de la grande région de Québec et de Lévis, comme toutes les grandes agglomérations urbaines;
– Une liaison autoroutière vers l’est constitue un outil de structuration du développement et d’encadrement du développement urbain, et de rééquilibrage de la pression sur les têtes de pont actuelles à l’ouest ;
– Un lien autoroutier vers l’est est une infrastructure stratégique qui a des répercussions qui vont bien au-delà de Lévis et de Québec, mais qui s’étendent sur l’est du Québec et ses deux rives.
C’est pour toutes ces raisons que la Coalition de l’Est milite pour un projet d’autoroute dans l’Est. Elle regroupe plus de 24 MRC et 8 organismes à vocation économique. Comme le déclarait Marc-Alexandre Brousseau, maire de Thetford Mines, en juin dernier, « ce lien dont on parle s’adresse autant aux gens de Québec, de Lévis, du Bas-Saint-Laurent, de Chaudière-Appalaches que de Charlevoix qui l’emprunteront ».
Rappelons également que l’Alliance des chambres de commerce de Chaudière Appalaches, qui regroupe 16 chambres de commerce et représente plus de 5 600 entreprises, demande elle aussi un lien pour desservir le transport en commun, l’automobile et le transport de marchandises.
Bref, comme le disait si souvent Yvon Deschamps dans ses monologues humoristiques, « Au Québec, on ne veut pas juste de la sawouère, on veut de la wouère! » Alors que le maire Lehouillier demande un échéancier serré pour sa réalisation, il faudrait enfin voir ce que le gouvernement du Québec a dans le ventre! Bref, c’est enfin le moment de vérité!
Premier post scriptum : Un immense merci à notre « PKP Lévisienne » Sandra Fontaine et bonheur dans ses nouveaux projets, car elle a fait du Journal coopératif de Lévis une référence et un incontournable dans notre communauté. Bonne chance à Érick Deschênes et à toute l’équipe pour la suite !
Deuxième post scriptum : Bravo au ministre Duclos et au négociateur Yvon Charest pour avoir enfin réglé la saga du pont de Québec. Quel beau clin d’œil à la mémoire de notre historien Michel L’Hébreux, dont l’épouse Nicole Goulet a participé à l’annonce ! Maintenant, place aux pinceaux !
Bon été!
