Logement abordable | Surprise, le fédéral paie 72 % de la facture au Québec ! – .

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Le gouvernement fédéral paierait près des trois quarts de la facture du logement social et abordable au Québec ?


Publié à 00:31

Mise à jour à 6h00



Cela m’a tellement surpris que j’ai recalculé les chiffres trois fois pour être sûr.

Dans la sphère publique, le gouvernement Trudeau est accusé d’être responsable de la crise du logement. Une crise qui perdure, mais qui est encore plus forte ces jours-ci, alors que les familles ne parviennent pas à se loger après le 1est Juillet.

Alors qu’Ottawa subit les critiques, il finance en catimini environ 70 % de la facture du logement social et abordable au Québec, ai-je découvert en parcourant les documents publics.

En 2023-2024, le gouvernement du Québec a investi 374 millions de dollars de ses propres deniers pour financer la construction, la rénovation ou l’achat de nouveaux logements sociaux et abordables.

Le gouvernement fédéral a investi 958 millions à travers une dizaine de programmes au Québec.

Pour les 1,322 milliard investis par les deux paliers de gouvernement en 2023-2024, Ottawa a donc payé 72 % de la facture et Québec, 28 %. ⁠1.

On pourrait croire qu’en investissant autant d’argent, le gouvernement Trudeau voudrait le crier sur tous les toits. Ce n’est pas le cas.

Officiellement, Ottawa ne tient pas compte du montant total qu’il investit dans le logement social et abordable au Québec.

Avec l’aide de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), j’ai décortiqué tout cela. Cet exercice inédit m’a pris des semaines, juste pour l’année 2023-2024. La SCHL a ensuite confirmé les chiffres (même si nous ne sommes pas d’accord sur certains ajustements apportés pour coller à la définition québécoise du logement abordable, afin de comparer des pommes avec des pommes).

Ottawa finance le logement social et abordable de deux façons. D’abord, avec ses programmes fédéraux où les OBNL doivent soumettre leurs projets. Ensuite, il injecte de l’argent dans les programmes québécois, en concluant des ententes avec le gouvernement du Québec.

En 2023-2024, Ottawa a investi 443 millions de dollars par le biais de ses propres programmes et 515 millions de dollars par le biais d’ententes avec le Québec.

Mini-flat : en 2023-2024, Ottawa a mis un peu plus d’argent dans un programme pour aider à débloquer des projets financés en partie par le Québec. Ça a probablement augmenté un peu son pourcentage. Mais on peut supposer qu’année après année, Ottawa paie les deux tiers de la facture.

Par « projet de loi », j’entends les subventions pour la construction ou la rénovation de nouveaux logements sociaux et abordables. J’ai donc exclu de mes calculs les programmes de prêts fédéraux.

Selon la définition du Québec, le logement social est réservé aux personnes gagnant moins de 30 000 $ par année, le logement abordable à celles gagnant moins de 50 000 $. Certains programmes d’Ottawa visent les personnes plus aisées. Aux fins de cet exercice, ces programmes ont été exclus.

Qu’est-ce que le logement social ?

Les logements abordables sont la propriété des offices municipaux d’habitation, des coopératives d’habitation ou des organismes à but non lucratif. Ils doivent louer 100 % de ces logements abordables à des Québécois ayant un revenu annuel modeste (à Montréal, moins de 44 000 $ pour une personne). Chaque projet de logements abordables réserve en pratique un certain nombre de logements sociaux à des personnes ayant des revenus encore plus modestes (revenus annuels inférieurs à 30 000 $), dont le loyer est payé en partie par le Québec.

Que signifie savoir qu’Ottawa paie 72 % de la facture?

D’abord, puisque les Québécois envoient la moitié de leurs impôts à Ottawa, ils ont le droit de savoir si le logement est une priorité pour le gouvernement fédéral.

Ensuite, il faut souligner les bons coups des gouvernements. Sous Justin Trudeau, le gouvernement fédéral investit beaucoup plus dans le logement. Les conservateurs investiraient-ils autant? Il faudra demander à Pierre Poilievre.

Finalement, elle démontre que le gouvernement du Québec, plus à court d’argent en santé et en éducation, n’investit pas autant que le gouvernement fédéral dans le logement.

Pour le Québec, il est commode et politiquement facile de blâmer Ottawa lorsque les choses tournent mal dans un dossier. Mais dans le cas du logement social et abordable, les chiffres démontrent que si le gouvernement fédéral décidait de retirer son financement, nous serions dans une situation délicate.

Compte tenu de l’état de la crise du logement, on peut également conclure que le gouvernement Legault n’investit pas suffisamment dans le logement social et abordable.

Depuis les années 1970, Ottawa a toujours investi plus que Québec pour construire des logements sociaux et abordables, sauf probablement pendant une dizaine d’années.

Dans les années 1970, 1980 et au début des années 1990, Ottawa finançait seul la construction de logements à loyer modique.

Lorsque les gouvernements Mulroney et Chrétien ont cessé de construire de nouveaux logements sociaux au nom du retour à l’équilibre budgétaire, le gouvernement du Québec a pris en charge le logement social en créant AccèsLogis.

Avec la crise du logement du début des années 2000, le gouvernement fédéral a recommencé à financer le logement social et abordable. Ottawa, qui dispose d’une plus grande capacité financière, s’est rapidement montré plus généreux que le Québec.

En 2013-2014, le gouvernement du Québec a investi 259 millions de dollars dans la construction de logements sociaux et abordables.⁠2et le gouvernement fédéral, 401 millions au Québec. Ottawa a alors assumé 61 % de la facture. Vous avez bien lu : le gouvernement Harper a alors investi plus d’argent que le gouvernement du Québec.

Depuis 10 ans, Justin Trudeau a augmenté considérablement les investissements fédéraux dans le logement social et abordable au Québec, en tenant même compte de l’inflation.

Durant cette période, le gouvernement du Québec a à peine augmenté ses investissements en dollars réels.

En dollars réels (en tenant compte de l’inflation), Ottawa a augmenté ses investissements de 86 % en 10 ans, le Québec de seulement 13 % en 10 ans. (Au Québec, cette période inclut à la fois les gouvernements Couillard et Legault.)

Cela dit, même si Ottawa investit beaucoup d’argent, cela ne signifie pas que les programmes fédéraux sont parfaits.

« Depuis 2017, Ottawa a investi des milliards, mais il y avait peu de garanties pour les ménages à faible revenu. [le logement social] « Il reste encore plusieurs milliards de dollars fédéraux à dépenser et trop peu est consacré au logement social à but non lucratif », affirme Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, un organisme pour le droit au logement. « Dans le dernier budget, on a vu des changements et on a l’impression que le message a été entendu, mais on a hâte de voir les détails des programmes. »

1. Comment arrive-t-on à 958 millions de dollars de fonds fédéraux ? Voici les montants pour 2023-2024 : programmes fédéraux (Fonds pour l’innovation abordable, Fonds pour le logement abordable, Initiative pour la création rapide de logements) : 443 millions de dollars ; ententes historiques Québec-Canada : 272 millions de dollars ; entente Québec-Canada de novembre 2023 pour cinq ans : 105 millions de dollars ; entente Québec-Canada sur le logement : 138 millions de dollars. Nous avons calculé uniquement les subventions directes au logement social et abordable pour les deux paliers de gouvernement, selon la définition du logement abordable du gouvernement du Québec. Sont exclus du calcul : les prêts offerts par le gouvernement fédéral pour construire des logements sociaux (dans le Fonds pour le logement abordable) et l’aide directe (principalement du Québec, mais aussi d’Ottawa) aux locataires pour payer leur loyer.

2. Selon le budget du gouvernement du Québec en 2012-2013

Quelques réactions

Nous avons besoin que tous les paliers de gouvernement travaillent ensemble pour résoudre la crise du logement, et nous sommes fiers de notre partenariat avec le gouvernement du Québec. […] Nous sommes impatients de conclure de nouvelles ententes avec le gouvernement du Québec pour construire davantage de logements abordables et sociaux pour les Québécois.

Cabinet du ministre fédéral du Logement, Sean Fraser

Tous les acteurs doivent mettre la main à la pâte pour construire plus de logements, et plus rapidement. Nous voulons […] travailler en collaboration [avec Ottawa] pour accélérer la livraison de logements. Cela donne des résultats, nous avons plus de 23 000 logements financés par nos gouvernements. Nous allons toujours travailler pour que le Québec reçoive sa juste part des investissements fédéraux en matière de logement, et ce, sans conditions.

Cabinet de la ministre responsable de l’Habitation du Québec, France-Élaine Duranceau

Le Québec a les moyens d’en faire plus. Au cours des dernières années, l’argent fédéral a servi à réaliser des projets qui avaient déjà été annoncés. Le Québec doit utiliser les fonds fédéraux pour augmenter ses propres objectifs en matière de logement social.

Véronique Laflamme, spokesperson for FRAPRU

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