Meriem Menant, alias Emma la clown, nous offre une trilogie de trois solos. C’est une artiste d’une singularité captivante, à la fois inventive et audacieuse, laissant libre cours à sa fantaisie débridée, pour son plaisir comme pour le nôtre. Elle ose en effet aborder des sujets graves et difficiles : le mal-être, notre finitude et le néant. Ne débute-t-elle pas son spectacle par cette confession : « Je veux mourir » ? Mais sa candeur enfantine, son humour irrésistible et sa gaieté contagieuse créent un univers presque magique, où le tragique et le comique se confondent, où l’on est à la fois ému et amusé. En exagérant une réalité douloureuse, tragique voire impénétrable, elle la rend parodique, absurde et hilarante. Grâce à ses mimiques, ses gestes et ses attitudes burlesques, sa réticence à l’égard de la psychanalyse est aussi réjouissante que sa préparation minutieuse à la mort ou sa recherche problématique du vide. Généreuse et sensible, elle souhaite partager avec nous ses angoisses et ses questionnements pour les dédramatiser, car ils sont inhérents à la condition humaine. Les sourires et les rires qu’elle provoque sont libérateurs, tout comme ses fulgurances poétiques. La mort n’est plus effrayante mais belle et douce lorsqu’elle devient neige. Artiste complète, Emma sait aussi chanter, jouer de la flûte traversière et convoquer de grands textes. Elle prend son public à partie et on sent qu’elle est constamment prête à improviser. Elle réussit à transformer un art du cirque en art théâtral.
Angela Luccioni
A LA SCALA, 3, rue Pourquery Boisserin, à partir de 14h05, du 1er au 15 juillet. Tarifs de 12 à 25 euros (orchestre), 12 à 23 euros (balcon). Réservations sur lascalaprovence.fr/ www.emmala clown.com
