Il s’agit de l’adaptation très réussie, par Violaine Brébion, du dernier ouvrage de l’ancien médecin Martin Winckler (auteur de La Maladie de Sachs), sur la maltraitance de certains de ses confrères : « Les brutes en blanc ». Le spectacle raconte l’histoire d’une jeune interne surdouée, Jean Atwood. Elle a un plan de carrière précis. Elle souhaite travailler comme chirurgienne gynécologique. Pourtant, elle est envoyée, pour valider sa cinquième année d’internat, dans une unité hospitalière de médecine de la femme. Elle doit donc composer, à contrecœur, avec des choses qui ne l’intéressent pas beaucoup, notamment les accouchements problématiques, la contraception, les avortements… Elle découvre la manière de travailler du chef de service, le docteur Karma, qu’elle désapprouve d’emblée. À ses yeux, il perd son temps à écouter ses patientes dans des consultations interminables, à leur donner des explications et des mots de réconfort. Pour elle, la médecine ne doit pas s’encombrer de mots face aux maux, mais doit privilégier une approche strictement scientifique consistant à réaliser tous les examens nécessaires pour établir un diagnostic et mettre en place la thérapie nécessaire.
Un fossé se creuse rapidement entre la jeune femme sûre d’elle et hautaine qu’est Jean et le chef de service novateur, convaincu du bien-fondé de l’écoute de ses patients. Il lui propose une période d’essai d’une semaine, pendant laquelle elle le suivra comme une ombre. Au fil des jours, Jean comprendra qu’écouter le chœur des femmes parler avec leur cœur est essentiel, car un patient n’est pas seulement une pathologie, mais une personne avec une histoire singulière, qui attend des réponses à ses questions, qui a besoin d’être rassurée ou accompagnée. Jean détient aussi un secret pour lequel elle sera heureuse de recourir à l’attention bienveillante et à l’aide de Karma. La mise en scène collective et le jeu des acteurs, absolument remarquables, servent ce spectacle qui plaide efficacement pour une médecine fondamentalement humaniste et humaine.
Angela Luccioni
A l’Artéphile, 7, rue du Bourg Neuf, à 14h, du 3 au 21 juillet (fermé les 9 et 16 juillet). Tarifs 20/14 et 12 € – Réservations : 04 90 03 01 90 / www.artephile.com
