« La communauté souhaite que les enfants puissent participer et partager leurs envies ou leurs projets car il n’y a rien de mieux que d’entendre les premiers concernés » explique Stéphane Troussel, le Président du Département de Seine-Saint-Denis, présent au lancement de chaque Conseil Jeunesse de l’Assistance Sociale à l’Enfance (ASE). « Depuis 2022, les jeunes ont formulé 200 propositions qui ont été largement reprises et intégrées dans le Plan de Prévention et de Protection de l’Enfance 2024 – 2028. Nous mettons donc en place des politiques transversales avec nos partenaires afin de répondre à leurs demandes et les aider à bien grandir tout en étant épanouis ».
Pour ce faire, les agents départementaux ont mis en place une multitude de mesures pour répondre au mieux aux attentes exprimées par les jeunes, en étant attentifs à leur bien-être au quotidien et à leur projection. à l’avenir.
Une charte sur la qualité de prise en charge de ces enfants
Une centaine de professionnels de l’ASE et diverses structures affiliées : maisons sociales d’enfance (MECS), associations de protection de la jeunesse, etc. se sont progressivement rassemblées tout au long de 2022 et 2023 pour partager les bonnes pratiques et construire une charte à partir des demandes exprimées lors du Conseil de la Jeunesse, au sein d’un établissement de protection de l’enfance.
Un cadre sur la qualité de l’accueil des enfants pris en charge a été élaboré qui sera complété et validé par les directeurs des structures de placement, avant sa signature officielle début 2025. « Ce document, qui sera affiché dans les lieux de vie des jeunes, présentera les principes fondamentaux applicables dans tous les établissements, en termes d’accompagnement des éducateurs, de participation à la vie collective (choix des repas, respect de l’intimité, etc.), gérer les activités extrascolaires, l’argent de poche, les relations avec les amis, etc.» précise Alice Best, responsable des établissements de protection de l’enfance.
Réduire les stéréotypes sur les « enfants placés »
Les jeunes ayant participé aux deux derniers Conseils de l’ASE ont exprimé leur inquiétude face à des propos ou des actions qu’ils auraient pu considérer comme stigmatisants, souvent en milieu scolaire, liés à des préjugés sur la protection de l’enfance. Une étude sur la prise en compte de l’identité des enfants et la prévention des stéréotypes ou des discriminations est actuellement en cours pour prévenir ces phénomènes au sein des structures. En lien avec des partenaires tels que l’Éducation nationale, les associations, etc., des bonnes pratiques seront établies pour renforcer leur développement.
De même, des demandes d’adaptation aux particularités de certains enfants (culturelles, religieuses, de genre, etc.) ont été prises en compte : repas halal, produits adaptés aux différents types de peau ou de cheveux, etc.
Chaque année, les jeunes de l’ASE se réunissent en plénière puis en petits groupes pour présenter leurs idées, hors présence de leurs éducateurs, lors d’ateliers conviviaux.
Moyens d’aide scolaire et accès aux loisirs
“Quand on est à l’ASE, comme on a des relations compliquées avec notre famille, on porte beaucoup plus le poids de nos actes sur nos épaules et on a tendance à stresser sur ce que sera notre avenir” confie Julie*, 17 ans. « Depuis quelques temps, nous pouvons sortir davantage avec nos amis de chez nous, cela nous permet de souffler et de nous ressourcer.
De nombreux partenariats ont été noués entre foyers et acteurs culturels, qui ont permis de mettre en place des parcours pédagogiques, avec le concours de la Direction départementale de la culture, du patrimoine, des sports et des loisirs… Des centaines de visites ponctuelles ont ainsi été organisées dans des musées, des sites patrimoniaux comme l’archéosite de la Haute-Île, des séjours de 2 à 5 séances ont permis aux adolescents de pratiquer des activités physiques, des projets sur mesure leur ont permis de s’initier au slam, au cinéma, à la radio, à la musique…
Faciliter la poursuite des études après le baccalauréat
Le dispositif Boost’Études mis en place en septembre permet aux jeunes porteurs d’un projet éducatif ou professionnel de bénéficier sous certaines conditions d’un coup de pouce financier jusqu’à 25 ans (montant plafonné à 1 061 euros par mois prélevé sur leurs ressources). En plus de cette allocation, les bénéficiaires seront accompagnés pour trouver le meilleur chemin d’intégration possible. Par ailleurs, dans certains cas, la communauté propose aux adultes âgés de 18 à 21 ans un Contrat Jeune Adulte qui peut prendre différentes formes : aide éducative à domicile, aide financière, accueil temporaire, etc.
Gardez le contact avec les camarades de l’ASE
L’association d’entraide Essor 93, située à Gagny, organise des rencontres entre « Anciens élèves de l’ASE » dans le but de maintenir les liens d’amitié précédemment noués par les jeunes à leur sortie des systèmes de protection de l’enfance. Cet établissement subventionné par la collectivité agit pour l’insertion sociale ou professionnelle des Seine-Saint-Denis ayant bénéficié de l’ASE et propose, entre autres, un hébergement aux bénéficiaires d’un contrat temporaire d’accueil de jeunes adultes.
Mobilisé pour le bien-être des enfants et adolescents pris en charge, le Département a innové en mettant en place le podcast « Les voix du Conseil jeunesse 93 », une soirée talents dédiée aux « les enfants de l’ASE »… D’autres engagements ont également été pris en matière de prévention des conflits, de création de nouveaux lieux dédiés à la fratrie ou de salles améliorées pour les rencontres avec les parents. Et dans les années à venir, un bus bien-être s’arrêtera au MECS pour proposer aux jeunes des soins esthétiques, coiffures, massages… De quoi favoriser leur réconfort et les aider à se faire de beaux souvenirs pour le futur…
*Prénom modifié à la demande de l’intéressé
Crédit photo : Bruno Lévy et Nicolas Mouldard