“C’est le procès de ce qui ne tourne pas rond chez les hommes.”
Gabrielle, Blandine, Brigitte, Raph et Jean-Pierre ont assisté à une ou plusieurs audiences du procès des viols de Mazan à Avignon. Dans la file d’attente réservée au public pour entrer dans la salle de retransmission, ils racontent neuf semaines d’audiences sur grand écran.
Certain.es viennent tous les jours, d’autres plus ponctuellement. Brigitte, par exemple, est venue pour la journée jusqu’à Avignon. “Je me suis dit qu’elle passait quatre mois à subir tous ces interrogatoires, ces vidéos… Donc, je pouvais bien lui consacrer une journée.” Brigitte. Blandine, activiste fondatrice du groupe féministe “Les Amazones d’Avignon”, vient régulièrement depuis le début du procès, le 2 septembre dernier. Elle a été bouleversée par la description faite par Gisèle Pelicot du couple qu’elle formait avec le principal accusé.
“Elle disait qu’ils formaient un couple fusionnel et heureux, et ce sont les mots exacts que j’emploierai pour parler de mon couple.”
Brigitte, elle, se reconnaît dans Gisèle Pelicot. Son mari était un pervers, qui n’a pas utilisé de méthodes de soumission chimique : “Il était peut-être moins intelligent que Dominique, mais j’aurais pu être Gisèle. Quand j’entends Dominique parler, comme il se défend, les arguments qu’il présente, j’entends mon mari.” Brigitte.
Gabrielle aussi fait le parallèle avec sa propre histoire. Victime d’attouchement sexuel par un thérapeute, celui-ci a été condamné. Mais assister au procès des viols de Mazan lui permet de se reconstruire, et d’entendre les versions des accusés. Gabrielle vient tous les mercredis depuis plus d’un mois et demi. “Ça m’inquiète de voir que des pères de famille, des personnes insérées dans la société professionnellement, qui s’expriment très bien, sont capables de choses pareilles.” Gabrielle.
“En aucun cas la parole du mari ne fait foi du consentement de la femme.”
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Raph est venu “pour essayer de comprendre où ça a dérapé “. Ce développeur de sites web et d’applications regrette que trop peu d’hommes soient présents au procès. Lui s’est identifié à certains des accusés, ce qui lui a permis de prendre conscience que “le viol n’est pas une affaire de monstres et de psychopathes uniquement “. Jean-Pierre souhaiterait “que les mentalités changent et que les femmes ne soient plus considérées comme des objets qu’on peut utiliser comme bon nous semble.“
Certain.es sont choqués par l’attitude des accusés, parfois agressifs avec les personnes venues assister au procès. Ils espèrent que les peines seront sévères, “à la hauteur“. “Le verdict sera un choix de société “, pour Gabrielle.
Merci à Audrey, Bernadette, Blandine, Brigitte, Dominique, Frédéric, Gabrielle, Jacques, Jacob, Jean-Pierre, Laura, Raph et Victoria.
- Reportage : Anna Benjamin
- Réalisation : Emmanuel Geoffroy
Musique de fin : “Fast Car”, Tracy Chapman – Album : Tracy Chapman, 1988
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