l’essentiel
En quête d’études supérieures, les jeunes Gersois ont tendance à déserter la région. Après leur diplôme, ils optent pour une carrière loin des frontières du département, et n’y reviennent qu’à 30 ans. Un véritable défi pour la Gascogne. Rapport.
“Le Gers je suis né là-bas, le Gers m’a vu grandir.” Romain fait partie des nombreux jeunes adultes qui ont dû quitter le département pour poursuivre leurs études. De fil en aiguille, après l’obtention de ses diplômes, il s’éloigne du département.
Peu intéressé par le circuit général, Romain opte, alors âgé de 16 ans, pour le CAP technicien de maintenance sur engins de travaux publics. Il a validé son diplôme, qu’il a pu compléter dans la commune gersoise de Pavie, en juillet 2010. Il a ensuite réalisé son baccalauréat professionnel dans la même filière, au même endroit.
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Mais lorsqu’il l’obtient en juillet 2012, il est contraint de s’installer dans la région toulousaine, afin de se rapprocher de son lieu de travail. “Ce qui se passe, c’est que les jeunes voudraient rester dans le département, mais comme il y a peu d’enseignement supérieur, il n’y a pas d’université par exemple, ils partent étudier, puis font leur carrière et reviennent au département quand ils sont plus âgés”, souligne Hélène Poliart, directrice de France Travail dans le Gers.
« Dans le département, il y a beaucoup moins d’offres de formation »
Beaucoup d’entre eux, dans le cas de Romain, ont dû traverser les frontières du département pour poursuivre leurs études. Selon Hélène Poliart, l’enjeu ne se pose pas au niveau de l’emploi – « nous avons des emplois plus facilement disponibles qu’ailleurs, même pour des emplois qualifiés » – mais au niveau de l’offre de formation. dans l’enseignement supérieur. “Dans le département, il y a beaucoup moins d’offres de formation, en effet des jeunes souhaitant partir en congé d’études et revenir beaucoup plus tard, à 30 ou 40 ans”, ajoute Georges Martin, directeur de la mission locale du Gers.
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C’est en effet le cas de Romain, qui, après 30 ans, aimerait revenir dans la région. «Je reviens presque tous les week-ends rendre visite à ma famille et c’est toujours avec une certaine tristesse au cœur que je dois retourner dans mon service d’adoption.»
Pour France Travail, l’attractivité du département manque également en termes de rémunération. « Nous avons des salaires plus attractifs proposés en dehors du Gers. Il y a 14,8% de nos jeunes inscrits de moins de 25 ans qui, chaque mois, trouvent un emploi, ce n’est donc pas faute du fait qu’il n’y a pas d’emploi.
La mobilité en question
La mission locale du département a ouvert ses portes en 2024, avec des chiffres pas encore stabilisés, à « 3 000 jeunes en contact, dont 2 100 accompagnés ». Parmi ces derniers, « 17 % sont mineurs, 51 % ont entre 18 et 21 ans et 32 % ont 22 ans et plus. Et en termes de niveaux, 43% des jeunes accompagnés ont un niveau Bac ou supérieur, et 57% qui ont un niveau inférieur au Bac.»
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Plus généralement sur le territoire, 73% des jeunes ont un niveau de diplôme équivalent ou inférieur au baccalauréat ou aucun diplôme. Ainsi, ceux qui restent sur le territoire sont bien ceux qui n’ont pas dû le quitter pour poursuivre leurs études. Selon le directeur de la mission locale du Gers, ce départ des jeunes est aussi provoqué par la mobilité.
« Sur les 2 100 jeunes que nous accompagnons, seuls 34 % ont le permis de conduire. Et avoir le permis n’implique pas avoir un véhicule, chez ceux qui en ont un on tombe à 28%. La mobilité et le fait de ne pas disposer d’un moyen de transport ont donc un fort impact sur l’emploi.» Et par extension, le nombre de jeunes qui restent dans la région.