L’ancien directeur de Sciences-po Paris, Mathias Vicherat, et son ex-compagne, Anissa Bonnefont, directrice, ont tous deux été reconnus coupables de violences conjugales et condamnés vendredi à des peines de prison avec sursis, selon une information du Figaro confirmée par Le Parisien. .
Dans le détail, le tribunal l’a déclaré coupable de violences sans incapacité totale de travail (ITT) de la part de sa conjointe, pour avoir étranglé sa compagne en juillet 2023, mais il a été relaxé des poursuites pour violences avec ITT ayant duré plus de 8 jours, ce qui correspondait à un poignet cassé en essayant de saisir le téléphone qu’elle tenait le 30 septembre 2023.
“Il est prouvé que (ces) blessures ont été causées lors d’une très vive dispute de couple” au cours de laquelle Anissa Bonnefont “a reconnu avoir été violente”, a déclaré le président en rendant la décision. Dans cette affaire, le tribunal a jugé que les éléments étaient « insuffisants pour caractériser » l’infraction et « le lien de causalité, les blessures pouvant résulter de plusieurs comportements distincts ». Il a également autorisé la non-inscription au casier judiciaire de Mathias Vicherat.
La prévenue a été reconnue coupable de violences avec ITT pendant plus de 8 jours, au cours de l’année 2023, pour lui avoir donné des « gifles », ainsi que de violences avec ITT pendant moins de 8 jours pour lui avoir donné des « gifles ». et des coups de poing »le 3 décembre.
Dans les deux cas, le tribunal a mentionné avoir pris en considération “le contexte d’une relation particulièrement dysfonctionnelle depuis de nombreux mois”, ajoutant, pour Mathias Vicherat, qu’il avait “régulièrement subi des violences de la part de (sa) compagne”. Une interdiction de contact mutuel pendant trois ans a été imposée avec exécution provisoire.
« Ni un peu coupable, ni à moitié innocent »
« Anissa Bonnefont a été condamnée à une peine plus lourde que celle demandée, tandis que Mathias Vicherat a été condamné à une peine plus légère. Nous étions donc d’accord sur le fait qu’il ne fallait pas renvoyer les deux parties dos à dos”, a salué Me Patrick Klugman, avocat de l’ancien directeur de Sciences-po, auprès du Parisien. Et d’ajouter : “C’est une satisfaction puisque Mathias Vicherat a été reconnu victime.”
Le conseil a néanmoins annoncé son intention de faire appel de la décision. « Mathias Vicherat n’est ni un peu coupable, ni à moitié innocent. Il est totalement innocent», poursuit-il. Et de poursuivre : « Il a été poursuivi pour deux faits. Sur le premier, un poignet fracturé, il a été libéré. C’est sur le deuxième fait, à savoir un étranglement n’ayant donné lieu à aucun jour d’ITT, qu’il a été condamné. Cela nous semble inacceptable. »
De son côté, la défense d’Anissa Bonnefont a dénoncé une « décision inacceptable ». « Mathias Vicherat est reconnu coupable de violences conjugales malgré ses dénégations. Par une défense brutale qui rappelle la pire sémantique patriarcale, il a obtenu en 2024 en France qu’on puisse juger que casser le poignet d’une femme n’a pas d’importance”, a fustigé Me Guillaume Barbe, l’un de ses avocats.
Le couple a été placé en garde à vue dimanche 3 décembre au commissariat du 7e arrondissement suite à une violente dispute qui a éclaté à l’hôtel Lutetia. Cette dernière fut levée le lendemain. Mathias Vicherat et Anissa Bonnefont n’avaient pas porté plainte, mais une enquête avait été ouverte par le parquet.
A l’époque, des étudiants avaient occupé Sciences-po pour réclamer la démission de Mathias Vicherat et celui-ci s’était temporairement mis en retrait. Il a démissionné en mars, au moment où il a appris sa convocation au procès.