La nuit qui tombe sur nous alors que le jour est loin d’être fini. Le froid qui s’insinue, même sous les vêtements. Une ambiance qui invite au mieux au ralentissement, au pire à la dépression. C’est un fait : le mois de novembre, étrange interstice entre la beauté de l’automne et la frénésie des vacances, n’est facile pour personne.
Mais parfois, il suffit d’un film pour réenchanter le quotidien morne des courtes journées de novembre. Un classique. Une de ces œuvres dont on peut dire qu’elle a fait ses preuves. La grande séductionréalisé par Jean-François Pouliot sur un scénario de Ken Scott en 2003, est en effet le remède idéal. Non pas parce qu’il a remporté plusieurs prix Jutra, qu’il a mis en valeur des talents d’ici au Festival de Sundance ou qu’il a fait l’objet de multiples reprises, ni même parce qu’il a réussi à être un véritable succès au box-office sans sacrifier aucun de son authenticité et de sa vision.
Non : La grande séduction est, hier comme aujourd’hui, un pansement pour tous les maux, une compresse très réconfortante qui absorbe merveilleusement ce qu’il y a de dur et de rude dans le monde.
Nous sommes dans le petit village (fictif) de Sainte-Marie-la-Mauderne où la population vit maigrement de la pêche et chèques sociaux
. Pour les aider, l’implantation d’une nouvelle usine serait un véritable cadeau des dieux. Mais à une condition : faire venir un médecin sur place. Commence alors la grande opération de séduction d’un médecin montréalais qui, sur place, va visiblement guérir bien plus que de simples maux. Isolement, déserts médicaux, régions déclassées et oubliées : non, au fond, ce qui se dit La grande séduction n’a (malheureusement) pas vieilli.
Cependant, loin d’une approche misérabiliste ou d’un regard condescendant, La Grande Séduction convoque plutôt les trois bonnes fées de l’optimisme, de l’humanisme et de la solidarité à réaliser un tour de force : celui de construire à partir de cette base tristement réelle un récit généreux et attachant qui a, en fait, aucune difficulté à séduire.
Réunissant plusieurs de nos interprètes les plus populaires (David Boutin, Raymond Bouchard, Clémence Desrochers, Rita Lafontaine, Benoît Brière), tourné dans les décors sauvages de l’île de Harrington Harbour, le film, dont certains accents rappellent autant la bienveillance d’un Capra qui a l’ancrage social d’un Pagnol, a aussi cette petite touche de magie qui l’a, sans doute, inscrit dans l’imaginaire collectif. A quoi tient-elle ? Probablement dû au fait que peu d’œuvres populaires peuvent faire preuve d’une telle sincérité. Plus de vingt ans après, c’est toujours elle qui touche le cœur et fait tant de bien.
La grande séductionà voir sur ICI Tou.tv Extra
La bande-annonce (Source : YouTube)