L’homme de 51 ans, gérant de bar à Bastia, est accusé du meurtre de Jamal Fadil et de tentative de meurtre sur son frère Jaoide Fadil. L’accusé risque 30 ans de prison pénale. Il apparaît libre avec un bracelet électronique après un jugement de la chambre de l’instruction. Les faits se sont déroulés le 19 décembre 2020, en début d’après-midi, rue Santa Maddalena, dans les quartiers sud de Bastia, au bar L’Arcole, tenu par l’accusé.
“Il a pensé, préparé et agi”
Si la salle a pu assister aux plaidoiries des parties civiles, reste encore à écouter le réquisitoire de Jean-Philippe Navarre, le procureur général mais aussi les plaidoiries de la défense, avant que les jurés ne se retirent pour délibérer.
Ce vendredi matin a déjà été chargé. Dans une plaidoirie d’environ une heure, Me Mourad Batthik, un avocat très médiatisé, a livré un argumentaire aux accents de mise en accusation des intérêts de Jaoide Fadil, de sa mère et d’un de ses frères : « Il y a des problèmes d’indépendance dans cette affaire. Le frère de M. Vadella est policier. C’est un complot, ironise le jeune avocat pénaliste, avant de révéler sa vérité sur l’affaire. M. Vadella est un gars sympa, qui n’est pas un monstre. Il n’est pas raciste. Jaoide n’est pas non plus un monstre.
Comme ses confrères, il appelle à la préméditation : “Il y aune arme prête à servir, à tuer. Il a pensé, préparé et agi.
Même réplique pour sa collaboratrice, Me Elena Campario, qui insiste sur l’absence du couteau, dans le dossier, bien que décrit par l’accusé, comme une arme brandie par Jamal Fadil, le jour des faits.
“Vous avez mal pris d’avoir été frappé par deux personnes au sol”
Pour sa première plaidoirie aux assises, Me Salima Darsi, avocate d’un autre membre de la fratrie Fadil, a confié son ressenti sur l’audience : « J’ai eu le sentiment désagréable et amer qu’on traduise en justice les victimes. Ce meurtre a été soutenu par l’opinion publique, acclamée. Il n’y a pas eu un mot pour les parties civiles lors de ce procès. Vous avez assouvi votre désir de vengeance M. Vadella. Vous avez mal pris d’avoir été frappé par deux personnes au sol, et qui plus est par deux Arabes, comme l’a dit un témoin.
Me Jean-Baptiste Ortal-Cipriani, avocat du père des victimes, plaide pour la première fois devant un jury populaire. Et il veut recontextualiser : « J’ai la ferme conviction que M. Vadella avait le choix bien avant les faits. Tous ces mauvais choix ont provoqué l’erreur fatale du 19 décembre. Il est venu vaincre la société entière.»
“Les expertises balistiques et médicales attestent de l’intention de tuer”
Il s’appuie également sur la préméditation : “M. Vadella n’avait aucune raison d’être devant ce bar. L’expertise balistique et médicale atteste de l’intention de tuer. Quand vous tirez à 50 centimètres de quelqu’un, vous ne pouvez avoir que l’intention de tuer.
Me Benoît Bronzini De Caraffa, également conseil du père, s’attarde sur le sort de son client : « Je vois cette salle d’audience avec un public venu nombreux et hostile aux parties civiles. Le père des frères Fadil n’a pas eu la force d’assister au procès de celui qui a ôté la vie à son fils. Il n’y avait aucune excuse ni aucune erreur reconnue. Monsieur Vadella, vous avez pris son fils et sa dignité comme partie civile.