EMMANUEL DUNAND / AFP
Mathilde Panot et Manuel Bompard à l’Assemblée le 21 mars 2023.
POLITIQUE – Est-il plus rentable de décrocher le jackpot d’un seul coup ou d’accumuler de petits gains ? C’est le dilemme auquel est confrontée la France Insoumise ce jeudi 28 novembre dans le cadre de sa journée réservée à l’Assemblée nationale. Dans les tuyaux, plusieurs propositions législatives dont celle d’abroger la réforme des retraites et qui pourrait bien prendre toute la place.
Pour cette journée où l’ordre du jour de l’Assemblée leur est réservé, les députés insoumis ont prévu huit textes : instauration d’une rémunération maximale dans les entreprises, reconnaissance de la pénibilité des « métiers féminisés », blocage des prix des emplois. énergie ou encore une autre pour changer la définition du viol dans la loi.
Ce dernier projet de loi n’était pas initialement prévu. Le groupe a annoncé son arrivée fin octobre, en marge du procès pour viol de Mazan qui a mis en lumière cette possible faille législative. L’accélération sur ce dossier a permis à la France insoumise de faire pression sur le gouvernement, tandis que le garde des Sceaux puis Michel Barnier se disaient ouverts à une éventuelle évolution.
Une stratégie similaire avait déjà été appliquée sous la législature précédente pour constitutionnaliser l’avortement. Mais le succès n’est pas garanti cette fois. A commencer par parce que le texte, bien que placé en seconde position dans le créneau, a peu de chance d’être étudié.
Abroger la réforme, « un signal politique très, très puissant »
La première proposition à l’ordre du jour concerne l’abrogation de la réforme des retraites. Le texte a été approuvé en commission, ce qui rend les rebelles optimistes quant à l’issue dans l’hémicycle. Problème : le camp présidentiel est bien décidé à bloquer l’examen, à l’aide de quelque 900 amendements – farfelus pour beaucoup – déposés par le groupe de Gabriel Attal et alliés. Ainsi, ils pourront faire traîner les débats jusqu’à l’heure fatidique de minuit et ainsi empêcher le vote… et l’examen de toutes les autres propositions législatives, éventuellement plus consensuelles, prévues par la suite.
“En faisant cette obstruction, ils nous empêchent de discuter, par exemple, des tarifs réglementés de l’électricité que nous avions gagnés en commission”a dénoncé le leader lors de la conférence de presse du groupe le 26 novembre. Il en va de même pour la définition du viol, même si elle a été rejetée en commission au profit d’une initiative transpartisane.
Pour avancer sur ses autres initiatives, la France Insoumise pourrait-elle se retirer de sa proposition phare ? Politiquement, la démarche est compliquée. Réclamer le scalp de la réforme qui a mis des milliers de Français à la rue serait un coup de maître pour LFI. Il s’agit de “montrer qu’il est possible de défaire la politique d’Emmanuel Macron” et “qu’on ne peut pas gouverner contre le peuple”décrypte Mathilde Panot sur BFMTV dimanche 24 novembre. La députée du Val-de-Marne ne cache pas que réussir à faire adopter ce texte serait « un signal politique très, très puissant ». Avec en prime un pied de nez au RN qui n’a pas réussi à en faire autant lors de son créneau.
Stratégie mystère
Mais, si les débats s’éternisent, que le projet de loi n’a pas le temps d’être voté et que les autres textes tombent à l’eau, LFI prend aussi le risque de tout perdre. Bien sûr, ils pourront toujours crier dessus « l’obstruction » du camp présidentiel, mais par rapport à un projet de loi adopté, qui pourrait ensuite poursuivre son chemin parlementaire grâce à la gauche sénatoriale, le gain est maigre.
En coulisses, l’heure est à la stratégie. «Je préfère ne pas vous dire ici ce que nous allons faire» prévient immédiatement Mathilde Panot devant la presse à 48 heures de la niche. Elle se glisse à peine dedans« il existe une possibilité de supprimer de nombreux amendements en cas de réécriture générale d’un article ». A la veille du jour J, les rebelles contactés pour discuter du créneau avaient en tout cas choisi la stratégie du silence radio.
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