Sur le campus central de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC, Val-de-Marne), le « tapis rouge » qui accueille étudiants et professeurs est devenu une plaisanterie. Les morceaux de moquette qui permettent de se frayer un chemin dans les travaux de réhabilitation de la dalle extérieure sont très rouges, mais on est assez loin de l’ambiance cannoise. L’université est en construction, ce qui n’arrange pas l’impression générale qui se dégage des bâtiments vieillissants et sans charme.
« Nous sommes l’une des universités les plus déficitaires [8 millions d’euros en 2023, et peut-être 10 millions en 2024]. Évidemment, cela se ressent dans le quotidien des étudiants. »souligne Luce Camus-Mizzi, étudiante à l’IEP de Fontainebleau (Seine-et-Marne), qui dépend de l’UPEC, et élue membre du syndicat étudiant du Crous de Créteil.
Elle énumère quelques exemples de dysfonctionnements récents : effondrement du toit d’un amphi, températures comprises entre 5 et 10°C dans certaines salles de classe en hiver, postes d’enseignants gelés, remplacés tant bien que mal par des intérimaires. « Cela ne met pas les étudiants dans de bonnes conditions pour étudierdénonce le représentant syndical, qui n’explique pas forcément toutes les raisons pour lesquelles l’université se trouve dans cette situation. J’imagine qu’aux yeux de certains, cela ne contribue pas au rayonnement intellectuel de Paris, comme la Sorbonne. »
Des dotations inégales
Car si de nombreuses universités françaises rencontrent des difficultés – 60 sur 75 pourraient terminer l’année en déficit, prévient l’association France Universités –, certaines souffrent plus que d’autres. « C’est un système d’inégalités imbriquées au sein de l’enseignement supérieurrecalls Leïla Frouillou, lecturer in sociology at Paris-Nanterre University. Les universités sont moins bien loties en termes d’encadrement que les filières intégrées aux lycées, comme les classes préparatoires et les BTS, qui sont aussi moins bien loties que les écoles. Et, au sein du système universitaire, certains établissements sont moins bien dotés que d’autres. »
« L’État sous-investit dans les universités en général, notamment celles de l’Est parisien, dont l’UPEC »a de son côté dénoncé SUD Education 93, dans un document publié en mars. Le syndicat a souligné les écarts de financement public entre les universités. En 2022, la subvention pour charges de service public était de 4 882 euros par étudiant à l’UPEC, contre 9 913 euros à Sorbonne Université. Autre indicateur : en 2021, le nombre d’équivalents temps plein travaillés pour 100 étudiants était de 6,2 à l’Université Paris-Est Créteil, contre 13,2 à Sorbonne Université. Des chiffres qui “donne le vertige”, a commenté l’organisation syndicale.
Il vous reste 72,13% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.