L’UFC Que Choisir a publié ce mardi 26 novembre une enquête approfondie sur accès aux transports en commun en France. Elle révèle qu’en Dordogne, 62% des habitants n’ont pas d’arrêt de transport en commun à moins de dix minutes de chez eux. Ce qui représente 243 888 personnes. Des statistiques qui placent le Périgord en quatrième position du classement national des départements les moins bien desservis, derrière le Gers, le Lot et la Lozère. « Pour arriver à ce résultat, nous avons regroupé tous les arrêts de transports qui existent, toutes les localisations, et nous les avons comparés avec la localisation de la population dans le département » explique Lucile Buisson, chef de projet environnement, énergie et transports à l’UFC Que Choisir.
Un constat qui ne surprend pas Thierry, qui s’est installé en mai à Tourtoirac, une commune de 600 habitants située à 35 km à l’est de Périgueux. “Il n’y a pas grand-chose” explique ce cuisinier professionnel arrivé du Var. “C’est vrai que c’est compliqué”il admet. « J’ai une voiture, mais je plains les gens qui n’ont pas de moyen de transport. Ils en ont besoin pour travailler, faire du shopping, pour tout. Si quelqu’un n’a pas de voiture, il n’y a pas de navettes, il n’y a pas de bus, il n’y a pas d’aide aux personnes âgées, qui n’ont pas de moyen de transport ou qui ne peuvent pas conduire pour des raisons de santé, il n’y a rien qui soit fait.» Pour Joëlle, c’est même une des raisons pour lesquelles les jeunes ne veulent plus s’installer à la campagne. « Les jeunes recherchent la facilité »elle témoigne. « L’essence coûte très cher, donc beaucoup ne le peuvent pas. S’ils gagnent un salaire minimum et qu’ils doivent dépenser plus de 400 ou 500 euros en essence par mois, que leur reste-t-il ? Mais tout compte fait, ils préfèrent trouver une petite location en ville et les maisons à la campagne se ferment les unes après les autres. Pourquoi? À cause du manque de commodités, tout simplement ! Une obligation d’utiliser une voiture qui peut créer de l’insécurité, explique Lucile Buisson qui a réalisé l’enquête. « Le Secours catholique a travaillé sur ces conséquences »explique-t-elle. « La voiture coûte cher, environ 3 000 € par an pour un ménage et n’ayant pas accès à une alternative à la voiture – les transports en commun sont la principale alternative – cela signifie, dans votre budget, des dépenses importantes liées à la mobilité quotidienne.
Nous devons investir massivement dans les transports publics
En conclusion, l’association de défense des consommateurs préconise « un choc d’offre » « Il faut investir massivement dans les transports publics et changer la manière dont les transports publics sont financés, puisqu’aujourd’hui ce financement dépend d’une taxe appelée prime de mobilité que les entreprises doivent aux collectivités. explique Lucile Buisson, qui a réalisé cette enquête. Sauf que selon le lieu d’implantation des entreprises, les collectivités rurales ou périurbaines ont peu accès à cette taxe, ce qui signifie qu’elles ont du mal à proposer des services de transports en commun.
Pour le chef de projet, il existe différentes possibilités renforcer ce financement. “Il est possible que l’État contribue davantage au financement puisqu’aujourd’hui, au final, ce sont les collectivités et l’indemnité de mobilité qui financent majoritairement les transports en commun et très peu l’État. Il est également possible que la Région organise une péréquation entre les différentes communes d’un même territoire pour permettre aux communes qui disposent de davantage d’aides à la mobilité de transférer le fruit de cette taxe vers des communes plus petites et plus en difficulté.