Joyau de la Renaissance, l’une des plus anciennes fontaines de Paris, dite des Innocents, au profil d’un imposant temple grec soutenu par des bassins en cascade, a été remise en eau jeudi après un an de travaux et un mois d’ajournement.
La ville de Paris a remis en eau la Fontaine des Innocents ce jeudi après un an de travaux.
A quelques pas de Beaubourg et à deux pas de la Canopée des Halles, touristes et badauds pourront à nouveau observer les sculptures des façades de la fontaine érigée en 1549, et surtout les cinq reliefs de nymphes qui ont fait sa renommée.
Reproduites en résine pour préserver les originales de la détérioration du temps et de la pollution, elles sont « le chef-d’œuvre » de Jean Goujon, « l’un des plus grands artistes de la Renaissance française », explique à l’AFP Emmanuelle Philippe, de la Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles (COARC) de la ville de Paris.
Elle était en mauvais état
“Il était grand temps de lui redonner sa splendeur car elle était en très mauvais état”, salue, depuis la place Joachim du Bellay où se dresse la fontaine de 17 mètres de haut, l’adjointe au patrimoine de la Ville Karen Taïeb, qui pilote le projet depuis les premières études en 2018.
Frontons, entablements et colonnes ornementales furent rénovés et pour certaines parties reconstruits, tout comme les pierres des bassins et le système hydraulique de la fontaine, dont le calcaire blanc avait notamment souffert de la corrosion.
L’ensemble de la restauration a coûté 4,5 millions d’euros.
L’équivalent de la Tour Eiffel aujourd’hui
D’abord fontaine d’angle attenante à l’église disparue et au cimetière des Innocents dont il tire son nom, le monument a traversé l’histoire parisienne.
Inaugurée quelques décennies avant le massacre de Saint-Barthélémy, elle fut déplacée à plusieurs reprises dans le quartier des Halles et se vit ajouter une façade, ainsi que trois nymphes, à la veille de la Révolution.
« Aux XVIIIe et XIXe siècles, c’était un signe de Paris avec le même impact que la tour Eiffel aujourd’hui », reproduit sur des assiettes ou des broderies d’époque, rappelle Mme Philippe. Depuis avril, une exposition consacrée à cette fontaine se tient au musée Carnavalet jusqu’au 25 août 2024. Les nymphes originales de Jean Goujon y sont exposées.
