A Compiègne, dans le parc du centre-ville, le parc Songeons, un banc a été repeint en rouge. « La couleur du sang versé par les femmes victimes de violences », souligne Anne Faburel, présidente du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF 60). Loin de l’agitation de l’école maternelle, en contrebas dans le jardin des senteurs, le banc rouge a été inauguré ce lundi. Le CIDFF 60, le Samu Social 60 et le centre municipal d’action sociale (CCAS) ont décidé de consacrer un lieu en hommage aux féminicides et aux femmes maltraitées ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
« Ce banc a plusieurs fonctions. C’est un endroit où l’on peut se détendre, sereinement, réfléchir, réfléchir mais aussi s’informer », explique Sandrine De Figueiredo, adjointe au maire en charge du CCAS. Au dossier, une plaque a été apposée avec le numéro d’appel d’urgence pour les femmes victimes de violences basées sur le genre, le 3919, ainsi que les noms des associations partenaires qui proposent des conseils juridiques et psychologiques, un accompagnement et un hébergement d’urgence. « Ce n’est pas un banc comme les autres, c’est tout un symbole », estime Alexis Derache, président du Samu Social 60. « Une femme peut s’y asseoir sereinement avec ses enfants, mais cela peut aussi être un déclencheur. »
En moyenne, avant qu’une femme victime de violence ne décide de quitter son domicile, elle a déjà déposé sept plaintes. « Notre association compte onze professionnels, avocats, conseillers en insertion, psychologues… Nous savons que le chemin de ces femmes est long vers le retour à la liberté », poursuit Anne Faburel. Ils ont perdu leur intégrité, leur estime d’eux-mêmes a été massacrée. Leurs enfants ont été traumatisés. Je pense à Geneviève Pélicott, à son combat. La honte a changé de camp, il faut l’en remercier. Ce banc est là pour encourager les femmes à prendre la parole. »
L’Oise compte encore peu de bancs rouges. « Un banc rouge a été inauguré à Montataire l’année dernière, ces actions doivent tendre à se développer », insiste Alexis Derache. Il devrait y en avoir un dans chaque ville. Compiègne a toujours été un territoire innovant. C’est ici, en 2013, que nous avons ouvert notre centre de jour pour ces femmes avant d’en ouvrir d’autres dans le Beauvaisis et le Creillois. » La municipalité a également délégué une assistante sociale au commissariat qui accompagne les femmes souhaitant porter plainte. Le premier banc rouge de France a été inauguré le 25 novembre 2017 en Corse, à l’initiative du comité Femmes solidaires, suite au féminicide de Savannah Torrenti en 2016.