La reconstruction n’est pas un long fleuve tranquille, loin de là. Les amateurs de hockey, de Montréal à Buffalo, peuvent en témoigner. En ce moment, les joueurs du Canadien l’apprennent à leurs dépens. Bien plus que ce qu’ils avaient imaginé.
Il n’y a rien de linéaire dans ce processus qui prend par définition plusieurs années. Cela risque d’être plus difficile à accepter pour les acteurs qui, comme le laisse entendre l’émission télévisée qui leur est consacrée, sont au cœur de cette reconstruction.
Prenez Juraj Slavkovsky par exemple. Lors du dégel contre les Golden Knights de Vegas, samedi soir, le Slovaque de 20 ans était sur la glace pour quatre des cinq buts adverses en deuxième période. En l’espace de 12 min 23 s, il s’est forgé un retentissant différentiel de -4.
L’un de ces buts, le troisième de Vegas, est survenu directement à la suite d’un revirement qu’il a provoqué à la ligne bleue adverse en tentant une passe transversale plutôt que de renvoyer la rondelle dans l’enceinte. Exactement le même genre de gaffes qu’il a commises il y a à peine une semaine contre les Blue Jackets de Columbus. Cela lui a valu une légère tape sur les doigts de son entraîneur qui lui a fait sauter deux ou trois apparitions.
Sa punition cette fois ? Le quatrième trio avec Lucas Condotta et Kirby Dach.
C’était bien mérité
a assuré l’ailier qui ne menait pas après la rencontre.
Je dois juste travailler comme un fou maintenant. Il n’y a rien d’autre à faire, je ne sais même pas quoi dire, je suis désolé.
Dach, également coupable d’un énorme revirement dans sa zone suivi d’un mauvais positionnement qui a donné une avance de 2-0 aux Knights, a accepté une partie du blâme en admettant que c’était le cas. d’un retournement de situation merdique
mais n’a pas perçu de message dans sa rétrogradation. En public du moins.
Je joue quelle que soit la situation. Cela ne change rien
il a lâché.
Voici deux joueurs essentiels au projet du CH. Leur réussite dépend en partie de celle de l’équipe et de son ascension souhaitée à moyen terme. Et les baisses cette saison, de ces joueurs, d’autres aussi, de l’équipe en général, se répètent avec une étonnante constance.
Juraj Slavkovsky
Photo : usa Today sports via Reuters con / David Kirouac
Dans leur cas, il ne s’agit pas d’un manque d’effort, a assuré St-Louis. Ils essaient de provoquer quelque chose, mais la frontière est mince entre aider votre équipe ou lui faire du mal
.
Puis il a mis les choses au clair. Le coach s’attendait à ce tumulte, à ces montagnes russes, mais peut-être pas à ce point.
Je suis bien conscient que ce n’est pas une ligne droite. Je sais qu’il y aura des creux ici et là, ça vient avec, a argumenté le sélectionneur avec des gestes cohérents. Mais il ne devrait pas y en avoir trop.
Sous-texte ? Là, ça commence à faire beaucoup.
Saint-Louis fut amèrement déçu. Après une semaine complète d’entraînement, face à un adversaire de qualité, certes, mais qui disputait un troisième match en quatre jours, il s’attendait à mieux. Il s’attendait surtout à ce que les erreurs stupides qui coulaient son équipe en début de saison et qui avaient quasiment disparu depuis deux semaines ne réapparaissent pas d’un coup.
Sauf qu’ils ont refait surface. Par photos de groupe en plus. Comme si rien n’était jamais acquis.
Alors, ces erreurs sont-elles uniquement le résultat de la jeunesse et de l’inexpérience ? Sont-ils imputables à la courbe d’apprentissage abrupte et inévitable d’une jeune équipe ?
J’espère que c’est ça. j’espère que c’est ça
répéta St-Louis comme pour lui-même.
Nous sommes une équipe jeune, ça vient avec ça. Mais à ce stade, les gars savent que c’est inacceptable.
Dans le vestiaire, David Savard a tenu quasiment le même discours.
On a entassé les erreurs comme si on les collectionnait
dit-il.
En seconde période, nous sommes allés à l’encontre de tout ce que nous nous disions depuis des semaines. Nous avons atteint un autre point, nous ne devrions plus avoir à en parler. On ne réussit que lorsqu’on limite les turnovers, c’est ce que font les bonnes équipes. On le voit, ils sont patients, ils attendent qu’on fasse des erreurs et ils capitalisent. Vous devez en tirer des leçons à ce stade
a ajouté le Québécois.
Tout est une question de timing dans la vie, comme chacun le sait, et on peut sûrement débattre du fait que la trêve de cinq jours est arrivée à un très mauvais moment pour le CH, car celui-ci venait tout juste de retrouver un peu de rythme avec sa meilleure victoire de la saison contre les Oilers, lundi. Le genre de pause qui interrompt votre élan.
Ceci dit, cela n’explique pas pourquoi, lors d’un match où tout est encore possible, une mauvaise séquence en entraîne une autre et un mauvais but en entraîne un deuxième, puis un troisième. St-Louis l’a dit, c’est inacceptable. Il n’accepte plus les demi-mesures, ce qui n’empêche pas forcément les bousculades.
Sur les 20 matchs qu’il a disputés, le Canadien en a perdu 9 par un écart de 3 buts ou plus, incluant des revers de 6-2, 7-2 et 8-2. Il est rarement dans le coup en match, encore moins au classement, et il s’éloigne quasiment quotidiennement de son objectif de compétitivité cette saison.
On sentait que le coach était un peu inquiet. Rien d’alarmant, mais préoccupé par cet éternel commencement, par son enseignement qui tarde à infuser, à percoler, par cette stagnation collective et individuelle.
Cela ne faisait pas partie du plan. St. Louis ne pensait pas qu’il serait obligé d’affronter les Snakes and Ladders cette saison. Depuis son arrivée, son équipe progresse chaque année, à petits pas certes, mais progresse quand même. Là, elle stagne, pire, elle régresse par moments, c’est sa réalité. Un véritable premier test pour cette organisation.