Faut-il craindre de nouvelles émeutes si le RN remporte les législatives ? – .

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Faut-il craindre de nouvelles émeutes si le RN remporte les législatives ? – .

Quelques heures après la mort de Nahel, 17 ans, Nanterre était en feu. Cette nuit-là, le ciel de cette ville des Hauts-de-Seine était illuminé par des feux d’artifice de mortiers. Les émeutiers, masqués et vêtus de noir, les ont utilisés pour cibler les bataillons de policiers et de gendarmes envoyés dans les quartiers pour rétablir l’ordre. Les pompiers ont tenté, tant bien que mal, d’éteindre toutes les files de voitures en feu, les poubelles et les bâtiments municipaux incendiés.

Les images du policier tirant à bout portant sur le jeune homme après avoir refusé d’obtempérer, le 27 juin 2023, ont déjà fait le tour des réseaux sociaux. Les tensions se sont rapidement étendues à d’autres villes d’Ile-de-France et de province. L’incendie est finalement tombé le 5 juillet. Mais le bilan est lourd. Bus incendiés, magasins pillés, bibliothèques vandalisées… Le coût des dégâts liés aux violences urbaines est estimé à 1 milliard d’euros, selon un rapport de la commission des lois du Sénat. En onze jours, plus d’un millier de personnes ont été blessées, dont 782 forces de l’ordre.

Des manifestations « qui peuvent dégénérer »

Un an plus tard, retour à la normale dans les quartiers. Enfin presque. A la situation sociale toujours explosive s’ajoute désormais un contexte politique inédit. Le Rassemblement national, arrivé en tête aux élections européennes, pourrait en effet profiter des législatives anticipées pour arracher une majorité à l’Assemblée nationale et accéder au pouvoir. Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, redoute déjà de possibles troubles à l’ordre public à l’issue des premier et deuxième tours (ce dimanche et les suivants). « On peut avoir des manifestations publiques qui peuvent dégénérer », a-t-il expliqué sur France Inter.

Dans des émeutes ? “Pas aussi intense que l’année dernière”, estime Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police Un1té. « Le contexte est complètement différent, explique-t-elle. Mais forcément, en fonction des résultats, il y aura des mobilisations avec les Libertaires, les Antifas, pour qui c’est l’occasion de commettre des dégâts et d’affronter la police. »

Une « convergence des luttes » ?

Le policier n’exclut pas que des « personnalités ou militants » « d’extrême gauche » soient tentés de « provoquer une sorte de guérilla » en « réchauffant les esprits » dans les quartiers sensibles, afin de parvenir à une sorte de « guérilla ». convergence des luttes. La raison ? « S’ils ne font rien, si les choses se passent bien en termes de troubles à l’ordre public, s’il n’y a pas de « guerre civile », cela donnera le sentiment d’une forme d’acceptation démocratique d’un résultat qu’ils contestent. »

Il est possible que des « émeutes localisées ou plus globales » éclatent, confirme le sociologue Thomas Sauvadet*, enseignant-chercheur à l’université Paris-Est Créteil. Mais selon lui, cela n’aurait rien à voir avec une éventuelle manipulation des jeunes des quartiers par l’extrême gauche. Dans les QPV (quartier prioritaire de la ville), « qui ont été au cœur des émeutes de 2023 et de 2005, on a une minorité de jeunes hommes – environ 10 % – qui sont dans des bandes, des activités délinquantes, des réseaux de trafic, explique-t-il. Dans ces bandes, il y a un rapport assez fort au racisme : les institutions, la société, la police, la justice, l’école, tout est raciste… Et pour beaucoup c’est une justification de leurs activités délinquantes ou criminelles. »

Les gangs contre « la police et Le Pen »

Cette minorité de jeunes « s’est toujours positionnée par rapport à l’extrême droite, depuis les années 1980 », poursuit l’enseignant-chercheur. Selon lui, “la police et Le Pen sont les deux seules variables qui les stimulent au niveau politique, qui les font réagir et qui peuvent les conduire à la violence, à un acte de type émeute, à l’agression de policiers”. Il poursuit : « Les gangs ont toujours eu des problèmes avec la police. Aujourd’hui, il y a cette dimension de racisme qui s’ajoute. »

La situation pourrait donc dégénérer si, « dans un climat d’agitation, de tension et de provocation avec la police, les choses tournaient mal et l’un d’entre eux était tué ». D’autant plus, rappelle Thomas Sauvadet, que ce noyau dur « a un poids, une influence dans de nombreux quartiers », mais aussi « au-delà puisqu’ils peuvent rassembler des jeunes insoumis, en crise d’adolescence, qui peuvent venir de différentes classes sociales. Mais cela reste une minorité.

* Auteur de « Voyocratie et travail social. Enquêtes dans les quartiers politiques de la ville », aux éditions Croquant, 370 pages, 20 euros.

 
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