Il réforma la Constitution une douzaine de fois, lui accordant un nombre indéfini de mandats. Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, voit son influence sur le pays encore accrue avec l’adoption par le Parlement, vendredi 22 novembre, d’une réforme constitutionnelle, qui fait de son épouse Rosario Murillo une « co-président ».
Contrôlé par le parti au pouvoir, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), le Parlement a approuvé vendredi “à l’unanimité” ce projet de réforme présenté mardi par Daniel Ortega. Il sera ratifié lors d’une prochaine session parlementaire en janvier, selon le président de l’assemblée monocamérale.
D’après ce texte, “la présidence de la République est composée d’un coprésident et d’un coprésident”qui sera nommé lors des élections organisées “tous les six ans”et non plus tous les cinq ans. Les deux dirigeants se coordonneront « les corps législatifs, judiciaires, électoraux » ou encore ceux qui gèrent les régions et les communes, alors que la constitution actuelle les considère comme indépendantes.
Daniel Ortega, ancien guérillero de 79 ans qui a dirigé le Nicaragua dans les années 1980 après le triomphe de la révolution sandiniste, est revenu au pouvoir en 2007. Il est accusé par les États-Unis, l’Union européenne et l’étranger. L’Amérique latine pour avoir instauré une autocratie avec son épouse, de six ans sa cadette, nommée vice-présidente en 2017.
Tous deux ont radicalisé leurs positions et renforcé leur contrôle sur la société nicaraguayenne après les manifestations antigouvernementales de 2018, dont la répression avait fait 320 morts selon l’ONU.
« Tout ce qu’il y a désormais dans la réforme, c’est ce qu’est en fait le Nicaragua : une dictature de facto. La nouveauté, c’est que cela sera désormais inscrit dans la Constitution.»a déclaré à l’AFP l’ancienne commandante de la guérilla Dora Maria Tellez, emprisonnée au Nicaragua et vivant désormais en exil aux États-Unis.