Le propriétaire du Casse-croute de Neuville n’en peut plus

Cette dernière et Nathalie Fortin ont acquis le Casse-croute de Neuville laissé pour mort au bord de la route 138 en 2017. Le couple souhaitait inculquer des valeurs entrepreneuriales à leurs filles. C’était l’objectif de cette nouvelle aventure.

« Cela fait trois ans que nous mangeons nos bas. Je reçois des tickets, je perds des clients et je ne m’entends pas avec mes voisins. Nous sommes au bout du rouleau», affirme M. Bergeron.

Le copropriétaire avait été fortement incité par le maire de Neuville, Bernard Gaudreau, à en faire l’acquisition afin de revitaliser ce secteur de la municipalité.

« Si je n’avais pas eu l’approbation personnelle du maire, je n’aurais jamais acheté cela. Il m’a dit que Neuville avait besoin d’un tel projet et je me suis lancé. J’ai des regrets», dit-il aujourd’hui.

Son restaurant saisonnier dispose de douze places de parking en plus de quelques places pour motos. Mais l’achalandage à son snack-bar dépasse la capacité de ses installations. Les clients ont donc pris l’habitude de stationner le long de la route 138, tout près de l’établissement, où la limite de vitesse est de 70 km/h.

Les douze places de parking ne suffisent pas à accueillir tous les clients du restaurant. Le snack est « victime de son succès », selon la Ville de Neuville. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

« C’est vrai qu’il y avait des gens qui se garaient sur la route d’empiétement. Le snack existe depuis 70 ans, les gens s’y sont habitués. Je reconnais que cela comportait certains risques pour la sécurité routière car cela réduisait la visibilité et les automobilistes conduisaient vite », mentionne Denis Bergeron, rencontré sur place par Le soleil.

Lors du conseil municipal tenu le 5 juillet 2021, la Ville a adopté à l’unanimité la motion demandant au ministère des Transports du Québec (MTQ) d’interdire le stationnement du côté nord de la 138 à proximité de la Casse-croute de Neuville afin de « sécuriser en priorité » ce secteur. Cela a été proposé « considérant que les plaintes des citoyens visent plus particulièrement les [cet endroit]».

La guerre entre voisins

Suite à cette demande de la municipalité, le MTQ a mis en place une interdiction de stationnement du côté nord de la route 138 au début de l’été 2022 puis du côté sud de la rue au début du mois. Août 2022.

« Cette deuxième intervention semble avoir aggravé la situation. En effet, face au manque de stationnement réglementaire disponible à proximité du restaurant, les automobilistes ont rapidement recommencé à se garer dans les zones de stationnement désormais interdites. Ce phénomène est devenu difficile à contrôler pour les forces policières », écrit-on dans un rapport de l’équipe de planification des transports de la firme WSP déposé à la Ville de Neuville en novembre 2022, dont Denis Bergeron n’a obtenu copie qu’à l’été 2023 après une demande d’accès à l’information.

Des interdictions de stationnement ont été installées des deux côtés de la route 138 par le MTQ. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

Le quartier a donc décidé de reprendre le contrôle de la situation puisque les clients se garaient devant leur maison. Certains ont appelé la police à plusieurs reprises pour signaler la situation, raconte-t-il.

« Les clients ont reçu des contraventions de stationnement. Cela ne donne pas envie de revenir. Même les Neuvillois ne veulent plus s’aventurer ici», déplore le propriétaire du snack. La Sûreté du Québec (SQ) n’est pas encore intervenue au restaurant cette année.

La société d’ingénierie rapporte également « des pots de fleurs et des clôtures [installées sur l’emprise du MTQ par le voisinage] pour tenter de décourager le stationnement des deux côtés de la route 138. »

Cela ne résout pas le problème de visibilité causé par les voitures garées sur le bord de la rue. Cela ne fait qu’empirer les choses. C’est pourquoi WSP a demandé au MTQ « d’intervenir pour retirer ces feux d’artifice ».

Pour assurer une circulation fluide et réduire les risques d’accidents, Denis Bergeron s’est alors improvisé signaleur pour diriger les véhicules vers son stationnement et surtout pour les aider à en sortir.

« Lorsque j’agissais comme agent de circulation, c’était pour remplir mon stationnement, mais plus précisément pour assurer la sécurité des gens et faciliter la circulation. Ma présence n’est pas nécessaire pour attirer les clients. Mon parking est toujours plein, c’est ça le problème.

Or, une lettre ministérielle envoyée à Denis Bergeron en 2022 lui dit noir sur blanc que le gouvernement « ne [lui] ne permet pas de diriger la circulation sur la route entretenue par le ministre, telle [qu’il] LE [faisait]». Les policiers de la SQ lui ont par la suite remis une contravention de 500 $.

En revanche, le rapport WSP, dont Le soleil en avait copie, a indiqué que « la présence de cet agent de la circulation est plutôt positive au vu de la situation. Cependant, l’impact de cette intervention est négligeable, puisqu’elle ne résout pas le problème du manque de places de stationnement. Cela présentait également des risques de sécurité pour le propriétaire du restaurant.

« Mettre de l’eau dans son vin » et inaction

Denis Bergeron est convaincu que seule la Ville de Neuville peut convaincre le MTQ de supprimer les interdictions de stationnement puisqu’il s’agit d’une demande de l’administration municipale. Il aimerait au moins réfléchir ensemble à une autre solution pour enterrer la hache de guerre.

C’est pourquoi, en 2022, l’avocat de Denis Bergeron a demandé à la directrice générale de Neuville, Lisa Kennedy, de lever l’interdiction de stationner du côté de la route 138 et de trouver une solution pour rétablir la paix entre les voisins « dans le respect des ententes de M. Bergeron ». droit de commercer.

Une lettre envoyée par les avocats de la Ville de Neuville à l’avocat de Denis Bergeron soutient que « les querelles de voisinage ne peuvent être résolues par aucun règlement qui pourrait adopter [la municipalité]» et qu’il n’est pas responsable de ces querelles qui deviennent « de plus en plus acrimonieuses ».

La Ville estime plutôt que le Casse-croute de Neuville est « victime de son succès, compte tenu de sa situation et de la manière dont il traite sa clientèle ». L’administration municipale ne veut pas construire de stationnement pour éliminer le stationnement sur la route 138 parce que certains « voudraient dire que la Ville dépense des fonds publics au profit d’une entreprise privée ».

La recommandation prioritaire de WSP est la construction d’un stationnement supplémentaire sur un terrain près du casse-croûte. Les voisins ne veulent toutefois pas vendre ou louer leur terrain à Denis Bergeron, mentionne-t-il. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

De plus, comme l’indique le rapport de WSP, les interventions doivent nécessairement provenir de Denis Bergeron ou du MTQ.

La solution proposée par la Ville est donc que chacun — le restaurateur et le quartier — « mette de l’eau dans son vin » et résolve ce problème ensemble.

La firme d’ingénierie a également fourni cette solution possible en plus de recommander en priorité la construction d’un stationnement supplémentaire sur un terrain à proximité du casse-croûte. Ce serait l’option la plus sûre tant pour les automobilistes que pour les clients des restaurants. De plus, cette intervention ne nécessiterait aucun investissement public.

« Mes voisins n’ont aucune envie de me vendre ou de louer une partie de leur terrain. J’ai essayé, mais sans succès.

— Denis Bergeron, propriétaire du Casse-croute de Neuville

Cette option n’étant pas viable, WSP recommande dans un deuxième temps d’envisager l’aménagement de stationnements d’un ou des deux côtés de la rue 138. Cela permettrait d’avoir un nombre de places de stationnement plus attrayant. Selon une estimation, la Casse-croute de Neuville aurait besoin de 26 caisses pour répondre à la demande.

En revanche, « cette deuxième recommandation offrirait, par rapport à la première recommandation, un bénéfice de sécurité moindre et une échelle de coûts plus importante aux dépens de la communauté ».

Denis Bergeron a donc récemment proposé à la Ville et au MTQ de permettre le stationnement aux abords de la route 138 à certaines heures et jours où il y a plus de circulation durant la saison estivale. Il n’a reçu aucun retour des deux parties prenantes.

« Mes demandes et mes lettres tombent dans le vide. Tout le monde se renvoie la balle. Pendant ce temps, je meurs. Je dois faire un chiffre d’affaires avec seulement douze parkings. Je perds de l’argent tous les jours. Les voisins ont gagné la chicane…», souffle le patron du snack qui se bat depuis trois ans.

Ce dernier a récemment décidé de changer d’avis. Il ne veut plus faire la guerre à son quartier ni à la Ville. Il veut juste en finir une fois pour toutes. Il espère qu’une solution commune sera bientôt trouvée, sinon l’inaction pourrait signer son arrêt de mort.

La Ville de Neuville et le MTQ n’ont pas répondu à la demande d’entrevue de Soleil au moment d’écrire ces lignes.

 
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